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Insomnia. Vérités insomniaques

Par Balndorn
Insomnia. Vérités insomniaques
Quand les doigts du rude Al Pacino effleurent le corps de la victime, des images surgissent spontanément à l’écran. Des rires, des cheveux ondulés, du vernis passé sur les ongles ; une infinité de détails revient à la vie. Fantasmes ou souvenirs ?  
Insomnia est peut-être le seul film de Nolan à la narration linéaire (jusqu’à présent), mais pour autant, la science du montage de Lee Smith explore la psyché de personnages vus et revus dans les films policiers avec le souci de rester fidèle aux sentiments contradictoires.


Sorti un an avant le Mystic River de Clint Eastwood, Insomnia lui ressemble par bien des points. Les deux films reprennent des stéréotypes du genre : dans Mystic River, le bagarreur Sean Penn incarne un ancien braqueur de Boston, tandis que dans Insomnia, Al Pacino, vieil habitué du genre, prête ses traits à un héros de l’enquête criminelle mis sur la sellette par la PJ. Et les deux réalisateurs ont un même objectif : découvrir, sous le masque inflexible du mec, une vérité sensible.  
En revanche, la manière diffère. Mystic River entreprend de dévoiler l’attachement de Sean Penn à sa fille aînée, à travers un récit qui met l’amour paternel à l’épreuve du meurtre. Le visage de Sean Penn grimace, se tord de douleur au souvenir de cette affection si forte que les vingt premières minutes avaient mise en avant. Inversement, le personnage d’Al Pacino n’a pas de passé visible. Ellie Burn (Hillary Swank) a beau lui ressasser ses hauts faits légendaires, aucun flash-back antérieur au récit ne trouble la surface de l’écran. Au contraire des petits détails accumulés lors de son enquête en Alaska, qui le hantent et révèlent sa fragilité, sinon ses peurs.  
Deux esth-éthiques : le récit dramatique contre le montage des fêlures.
Dans ce lointain État où le jour dure indéfiniment en plein été, les choses se confondent, les repères se perdent, et Al Pacino n’échappe pas à cette inversion générale. Victime d’insomnies, le héros de Los Angeles ne distingue plus ses cauchemars, ses souvenirs, et sa réalité. Le bon flic déraille lors d’un malencontreux accident, et lui-même ne sait plus s’il s’agit bien réellement d’un accident.  
Si le genre policier regorge de flics corrompus ou impassibles, il reste rare cependant de trouver des enquêteurs qui ne savent plus ce qu’ils font, et qui échangent leur place avec le coupable. Avec Insomnia, on se rend compte à quel point le protecteur et le tueur peuvent jouer le même rôle, animés des mêmes pulsions et des mêmes faiblesses l’un que l’autre. Robin Williams, autre star du film, sait aisément renverser le masque viril d’Al Pacino.  
Insomnia. Vérités insomniaques  
Insomnia, de Christopher Nolan, 2002  
Maxime

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