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La Bicyclette de Cheah Sinann, la chronique qui roule !

Publié le 13 août 2017 par 7bd @7BD
couverture de la Bicyclette de Cheah Sinann chez la boîte à bulles Titre: La Bicyclette Auteurs : Cheah Sinann (scénario et dessin) Editeur : La Boîte à bulles Collection : Contre-Jour Année : 2017 Pages : 112 Résumé : A Singapour, un vélo est remonté du fonds d'un puits par l'équipe de M. De Souza, le directeur du musée de la guerre. Après vérification, ce dernier contacte aussitôt M. Lim Ah Cheng, un vieil homme qui rejoint le soir même le directeur au musée. L'émotion l'envahit en voyant la vieille bicyclette cabossée, qui comporte un trou à l'arrière. Ah Cheng va alors raconter à M. De Souza une vieille histoire qui remonte à la seconde guerre mondiale, une histoire d'amitié entre un soldat Japonais, envahisseur de la ville de Singapour, et un jeune garçon, Ah Cheng, singapourien et donc victime de l'invasion... Mon avis : Une histoire simple et incroyable à la fois, comme il a dû s'en produire effectivement pendant la guerre. Cette petite anecdote historique prend de grandes proportions au fur et à mesure de la lecture. Ce qui lui donne toute cette force, c'est aussi l'aura de mystère entourant les personnages. Le soldat Toshiro Iwakura, d'origine noble, s'est engagé néanmoins dans l'infanterie, pour des raisons qui ne regardent que lui. Sa rencontre avec le jeune Ah Cheng ne va pas le changer, car il agit toujours comme il pense qu'il doit agir mais elle va néanmoins bouleverser sa vie. Cette histoire touchante rappelle que dans une armée, exactement comme dans tout regroupement de personnes, il y a des gens biens et des gens beaucoup moins biens, il y a des personnes qui gardent leur humanité là où d'autres la perdent. Toshiro fait partie de ceux qui vont tenter, malgré l'horreur de la guerre, de conserver leur humanité. Ah Cheng, que la guerre va rendre orphelin, tente simplement de survivre. Ce qui va rapprocher ces deux personnages, c'est une bicyclette !
Pour ceux qui l'ignoraient (et j'en faisais partie), il faut savoir que l'infanterie Japonaise a traversé la Malaisie pour envahir Singapour en se déplaçant à... Bicyclette ! Le deux-roues est donc l'engin de déplacement réglementaire de Toshiro. Et pour un jeune comme Ah Cheng, qui s'entraînait à faire du vélo avant qu'un bombardement le frappe, voir cette bicyclette militaire lui donne tout de suite des envies de reprendre l'apprentissage du deux roues, surtout quand il voit Toshiro s'en servir de manière spectaculaire lors d'une attaque de taureau. Mais sur les rebondissements de l'histoire, je vous en ai déjà trop dit. Si la guerre rattrape très rapidement ces deux personnages, le récit se centre énormément sur leur relation. En quelques instants, en quelques moments passés ensemble, quelque chose se noue. Certains pourraient trouver cela rapide mais en temps de guerre, il ne faut pas oublier que les choses vont vite, on s'attache, on se détache, on tue, on aime, on hait à une vitesse alarmante. Et ces deux personnages vont beaucoup s'apporter l'un à l'autre, alors même qu'ils ne s'y attendent pas. Une amitié qui ne va pas faire basculer le cours de la guerre mais bien changer deux vies pour le meilleur et pour le pire... page de la Bicyclette de Cheah Sinann chez la boîte à bulles Vous noterez les traits de contour très appuyés des personnages ! Au dessin, Cheah Sinann opte pour un trait naïf. Les personnages gauches, figés, évoluent dans un monde qui part en ruines. Un dessin qui illustre bien la relation qui s'installe, elle aussi inhabituelle, gauche, où chacun donne et apprend ce qu'il peut, sans trop savoir où il va. Les traits de contour très marqués renforcent le côté figé des personnages. Et quand l'action prend le dessus, c'est grâce au cadrage et à la composition que le temps se dilate, se ralentit, s'accélère le temps d'un coup de feu. Mais ce style naïf touchant convient au final tout à fait à cette histoire simple et touchante aussi. Les décors sont en même temps réalistes et stylisés, dans un style qui s'accorde parfaitement aux traits des personnages. Figés (c'est mieux pour des décors urbains, me direz-vous) et un peu lourds, patauds. Ce récit au style particulier, en noir et blanc jouant également sur les nuances de gris, peut surprendre au premier abord les amateurs de ligne claire mais pour ma part, je m'y suis fondu assez vite. Et j'ai trouvé cette approche graphique originale plutôt agréable. Elle m'a même rapproché des souvenirs de Lim Ah Cheng. Comme si cette histoire ne pouvait remonter à la surface qu'avec un graphisme qui l'immobilise, qui la sédimente dans la mémoire. Ce beau récit, ces quelques moments passés en compagnie de Toshiro et Ah Cheng - même si le déroulement des événements se construit de manière classique -, reste pourtant émouvant, par sa simplicité narrative et graphique. C'est une belle découverte que nous propose la Boîte à bulles en publiant ce récit Singapourien. Zéda à bicyclette ! La Bicyclette de Cheah Sinann, la chronique qui roule ! David
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