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Mécanisme et positivisme en philosophie

Par Roger Garaudy A Contre-Nuit
La science et la technique occidentales (suite)
Mécanisme et positivisme en philosophie. Ces deux premières étapes du développement de la physique ont donné naissance à l'idéologie mécaniste et au positivisme. La mécanique, c'est la croyance en la possibilité de tout expliquer par le déterminisme des lois de la mécanique rationnelle. Cette idéologie mécaniste de la physique de Galilée, de Descartes, de Newton et de Laplace, repose sur cinq postulats : 1. Le monde existe objectivement, indépendamment de tout observateur. 2. Le mouvement des choses peut être décrit dans une « arène » immuable constituée par l'espace et le temps. 3. Tout objet peut se définir par un ensemble de « points matériels » reliés par des lois (exprimables en équations) extérieures aux objets qu'elles régissent. 4. Si l'on donne toutes les positions et toutes les vitesses initiales d'un système de « points matériels », l'on peut en déduire tous les états passés et en prédire tous les états futurs. 5. Les lois de la nature, en nombre fini et bien déterminé, constituent un système clos.
De cet état de la science est né le positivisme d'Auguste Comte, qui revendique l'héritage de Galilée, de Descartes, de Hume et de Condorcet. Le caractère fondamental du positivisme est de confondre science et scientisme. Le scientisme, c'est fa croyance selon laquelle la science ne peut être rien d'autre que la définition des faits apparaissant dans l'expérience des sens, et la liaison de ces faits par des lois et des rapports constants. On en conclut alors que tout problème ne relevant pas de la science ainsi définie est un faux problème, qualifié de « théologique » ou de « métaphysique » comme par exemple les problèmes d'origine et les problèmes de finalité. Le propre de la pensée positiviste est de ne se poser toujours que la question du « comment » et jamais celle du « pourquoi ».
Cette conception dogmatique et étroite de la science, Auguste Comté l'applique à tous les domaines, notamment à la « sociologie », qu'il considère comme une « physique sociale » où l'homme est soumis au même déterminisme que les choses. De là découle une politique foncièrement conservatrice, car l'avenir de toute société, selon cette conception, est le prolongement de son passé. De ce dogmatisme scientiste, Auguste Comte a fait aisément une nouvelle « religion », sous-jacente d'ailleurs, même si elle ne se proclame pas religion, à toutes les extensions, au domaine politique, de ce scientisme étroit, de Staline à Jacques Monod. Imbus de ce scientisme positiviste, nombre de savants, à la fin du XIXesiècle, crurent que la physique avait atteint la vérité absolue et que l'édifice en était achevé. Ainsi le premier maître de Max Planck, Kirchhoff, disait-il par exemple qu'il suffirait désormais
d'ajouter quelques chiffres après les décimales des
résultats déjà connus. Le grand physicien Lord Kelvin affirmait qu'il n'y axait plus que deux petits nuages obscurs à l'horizon : l'expérience de Michelson et Morlay, et l'impossibilité d'expliquer, pai la physique classique, la radiation du corps noir. Au début du XXe siècle, ces deux petits nuages ont envahi tout le ciel et englouti la mécanique classique avec son cortège d'idéologie scientiste prétendant sacraliser la science.
Roger Garaudy
Comment l’homme devint humain,
pages 320-322 Envoyer par e-mailBlogThis!Partager sur TwitterPartager sur FacebookPartager sur Pinterest Libellés : Histoire, Roger Garaudy

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