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[Critique] BUSHWICK

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] BUSHWICK

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Titre original : Bushwick

Note:

★
★
★
½
☆

Origine : États-Unis
Réalisateurs : Cary Murnion, Jonathan Milott
Distribution : Brittany Snow, Dave Bautista, Angelic Zambrana, Jeremie Harris, Christian Navarro, Jeff Lima…
Genre : Action/Thriller
Date de sortie : 25 août 2017 (Netflix)

Le Pitch :
Lucy sort tranquillement du métro avec son petit-ami pour présenter ce dernier à sa grand-mère qui habite dans le quartier de Bushwick, à Brooklyn. C’est alors qu’un homme en feu fait irruption près des quais. Dehors, c’est le chaos. Des explosions retentissent et des soldats tirent sur les passants, qui se défendent comme ils peuvent. Rapidement, Lucy se retrouve isolée en pleine guerre civile. Effrayée, elle parvient néanmoins à se glisser dans une cave et fait alors la connaissance de Stupe, un colosse avec lequel elle va tenter de rejoindre la maison de sa grand-mère…

La Critique de Bushwick :

Alors que Cooties, leur premier film, est complètement passé inaperçu (en France en tout cas), Cary Murnion et Jonathan Milott reviennent avec Bushwick, un long-métrage original Netflix dans la lignée de L’Aube Rouge, de John Milius ou du plus récent Demain, quand la guerre a commencé, de Stuart Beattie. Le récit d’une invasion racontée du point de vue de deux personnages, en plein quartier de Bushwick, à Brooklyn, imaginée par ses créateurs comme une véritable expérience immersive au possible…

Bushwick-Bautista

Plan-séquence

Bushwick annonce la couleur dès le début. Brittany Snow et son petit-ami sortent du métro et s’aperçoivent que la guerre fait rage dans la rue. La caméra leur colle aux basques, le boyfriend se fait dessouder, et la jeune femme tente de se frayer un chemin entre diverses explosions et autres échanges de tirs entre de mystérieux soldats vêtus de noir et des habitants du quartier dans lequel elle a grandi. Bienvenue à Bushwick, un quartier de Brooklyn devenu, ces dernières années, l’un des plus prisés des artistes, connu pour ses nombreuses expositions mais aussi pour son caractère cosmopolite. Un coin qui devient le théâtre d’une guérilla urbaine particulièrement violente, que les réalisateurs entendent raconter avec un maximum de réalisme. Depuis le début, aucune coupe. Tout est entièrement filmé en plan-séquence. Une première partie qui entend réduire la distance entretenue par le montage pour adopter une démarche quasi-documentaire et donc accentuer l’immersion et l’empathie envers l’héroïne. Pour autant, difficile d’être dupe quant à l’authenticité du plan-séquence en question, qui bien sûr, a été « truqué » numériquement. Ce qui ne l’empêche pas d’être bougrement impressionnant. Pas autant que ceux des Fils de L’Homme, auquel on pense souvent devant Bushwick, mais suffisamment pour nous plonger d’emblée dans l’horreur d’un conflit dont nous apprendrons plus tard les tenants et les aboutissants.
Le long-métrage qui ne sera d’ailleurs constitué que de plans-séquences. Le plus long étant le premier, qui s’étale tout de même sur 28 minutes. Tous les autres ne descendant quant à eux jamais en dessous des 12 minutes. On a beau pinailler sur les raccords parfois un grossiers, qui sont censés faire illusion, mais on peut aussi parler de tour de force technique. Avec bravoure et un évident désir de proposer une expérience de cinéma viscérale (qui aurait pu/du se vivre en salle), les deux réalisateurs parviennent à orchestrer un spectacle brutal, la plupart du temps remarquablement rythmé et au fond, beaucoup moins vain et putassier que ne pouvait par exemple l’être le récent Hardcore Henry.

Welcome to Brooklyn

Techniquement plutôt balèze, quoi qu’il en soit original dans l’approche de son sujet et pétri de bonnes intentions, Bushwick bénéficie aussi d’un casting parfaitement calibré, qui table principalement sur l’opposition entre Brittany Snow, qui incarne sans surprise l’innocence brisée par la guerre, et Dave Bautista, le colosse qui cristallise quant à lui l’espoir et dont les aspirations font écho au conflit naissant qui est en train de mettre la ville à feu et à sang. Bautista dont le jeu et la présence confirment par ailleurs sa montée en puissance au cinéma, lui qui, il y a quelques années, jouait un autre genre de rôle sur les rings de la WWE. Un acteur plein de charisme, ici exploité avec pertinence, autant pour sa propension à foncer dans le lard, qu’à exprimer une souffrance profondément enfouie, comme lors de cette scène déchirante où son personnage revient sur son passé. Le genre de séquence qui prouve le talent du bonhomme, lui qui parvient à imposer une vraie dramaturgie au sein d’un film malgré tout plus axé sur la forme que sur le fond et dont l’écriture pêche parfois par son côté un peu simpliste.
Un scénario faiblard dont l’intensité se délite au fil des minutes. Surtout quand la surprise inhérente à cette exécution si formellement audacieuse est passée. Comment souvent quand on parle de films avant tout basés sur un concept fort, Bushwick se résume finalement, et ce malgré le boulot des acteurs et la remarquable puissance de certaines scènes, à un tour de force technique. Avec un petit côté vain. On sent clairement que les cinéastes se sont vraiment focalisés sur l’exécution au détriment de l’écriture. Dommage car parfois se dessine une pertinente réflexion sur la lutte des classes dans l’Amérique d’aujourd’hui. Une réflexion seulement effleurée… Mais cela n’empêche heureusement pas l’expérience d’être plus qu’à son tour éprouvante. C’est le principal et Bushwick de parvenir à se démarquer de toute façon…

En Bref…
Vraiment percutant, virtuose et surprenant dans sa première moitié, Bushwick aurait pu frapper avec encore plus de force si son scénario avait bénéficié d’un peu plus d’attention. Porté par le géant Bautista, dont la présence confère à l’ensemble une émotion salvatrice, bien aidé qu’il est par Brittany Snow, ce film quoi qu’il en soit atypique mérite d’être vu. Parce qu’il aborde, certes de manière superficielle, des thématiques intéressantes, mais aussi car il fait preuve d’une bravoure et d’une générosité somme toute assez rares.

@ Gilles Rolland

Bushwick-Snow-Bautista
Crédits photos : Netflix


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