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Chroniques new-yorkaises (1) : le fil d’Ariane de Sheila Hicks

Publié le 06 septembre 2017 par Pantalaskas @chapeau_noir
Chroniques new-yorkaises (1) : le fil d’Ariane de Sheila Hicks

Hop, Skip, Jump et Fly: Escape From Gravity 2017

Avec sa stature imposante, son caractère affirmé, son énergie toujours renouvelée, l’artiste américaine Sheila Hicks peut difficilement laisser croire qu’elle porte ses quatre-vingt trois ans. Et cette année 2017 lui offre l’occasion de manifester son étonnante vitalité dans une réalisation new-yorkaise pour cette artiste installée en France depuis plus de cinquante ans.

« Hop, Skip, Jump et Fly : Escape From Gravity »

La High Line connue aussi sous le nom de High Line Park, parc linéaire urbain suspendu de l’arrondissement de Manhattan à New York, se déploie depuis une dizaine d’années sur une ligne désaffectée des anciennes voies ferrées aériennes du Lower West Side. Inspirée de la Coulée verte René Dumont, parc linéaire du 12e arrondissement de Paris,  créé en 1993, la High Line a été redessinée et plantée en voie verte et parc de sentier ferroviaire. Si quelques artistes ont été invités à signaler ponctuellement leur présence sur ce parcours, l’intervention de Sheila Hicks a pris cette année une toute autre dimension.

Chroniques new-yorkaises (1) : le fil d’Ariane de Sheila Hicks

Hop, Skip, Jump et Fly: Escape From Gravity 2017

Pour considérer l’œuvre qu’elle réalise sur cette Hight Lane, il faut suivre le fil d’Ariane de cette artiste qui, ayant bénéficié en 1957 d’une bourse Fulbright, se rend au Chili pour étudier le tissage, une découverte fondatrice de son œuvre. Cette relation au monde qui s’établit lors de ces voyages, au contact des civilisations anciennes, Sheila Hicks ne la quittera plus. Elle s’installe à Paris en 1964. Proche de Monique et Claude Levi-Strauss, l’artiste s’intéresse à la dimension anthropologique du textile et de l’art contemporain. De sa thèse «Textiles Pré-Incas» aux œuvres contemporaines, Sheila Hicks a suivi le fil de cette réflexion par une pratique artistique associant dans un même geste la fonctionnalité possible du textile et le jeu des formes et des couleurs libérées de tout argument utilitaire. Sur cinquante années de travail, cette préoccupation ne s’est jamais démentie.

Chroniques new-yorkaises (1) : le fil d’Ariane de Sheila Hicks

Hop, Skip, Jump et Fly: Escape From Gravity 2017

Tissu urbain

Aujourd’hui, avec cette intervention à l’échelle de la High Lane, c’est le tissu urbain auquel se réfère Sheila Hicks : « Le ballet des véhicules de construction dans les Rail Yards; les innombrables couches entrelacées de mailles de construction qui couvrent les bâtiments, les échafaudages et les paysages urbains; réseaux architecturaux inachevés; et la dentelle des câbles de grue suspendus « , tout cet environnement dans lequel la High lane se fraye un chemin sinueux sert de cadre à cette longue proposition colorée qui accompagne le parcours des promeneurs nombreux hier lors de ma visite. L’installation de Sheila Hicks est prévue jusqu’ en mars 2018, période pendant laquelle l’artiste souhaite voir évoluer cette vision au gré des saisons, attendant notamment de découvrir sous la neige cette forme signalétique colorée.
Pour le promeneur non averti, peut-être la proposition de Sheila Hicks aurait mérité davantage qu’un simple panneau descriptif qui ne suffit pas à prendre en compte l’itinéraire rare d’une artiste discrète, cachée dans son atelier au fond d’un passage au cœur du quartier Latin à Paris.

Photos de l’auteur

« Hop, Skip, Jump et Fly : Escape From Gravity
Sheila Hicks
High Lane New-York


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