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[Critique] Wind River

Par Wolvy128 @Wolvy128

[Critique] Wind River

[Critique] Wind River
Cory Lambert (Jeremy Renner) est pisteur dans la réserve indienne de Wind River, perdue dans l’immensité sauvage du Wyoming. Lorsqu’il découvre le corps d’une femme en pleine nature, le FBI envoie une jeune recrue (Elizabeth Olsen) élucider ce meurtre. Fortement lié à la communauté amérindienne, il va l’aider à mener l’enquête dans ce milieu hostile, ravagé par la violence et l’isolement, où la loi des hommes s’estompe face à celle impitoyable de la nature…

Acteur de séries télévisées pendant de nombreuses années, Taylor Sheridan s’est essayé, avec succès, à l’écriture de scénario de film il y a 2 ans, signant notamment les scripts des très bons Sicario et Comancheria. Cette année, l’artiste américain (re)passe derrière la caméra pour mettre en scène son troisième scénario : Wind River. Une franche réussite compte tenu des nombreuses qualités dont dispose le long-métrage.

Plus que l’enquête, efficace mais un brin linéaire, c’est surtout ici le regard que porte le réalisateur/scénariste sur l’Amérique qui constitue tout l’intérêt du film. A travers ce drame inspiré de faits réels, Taylor Sheridan propose en effet un regard aussi impitoyable que complexe sur les réserves indiennes abandonnées par le gouvernement, et oubliées par le reste de la population. Tels des tombeaux désolés, celles-ci semblent totalement enfermer leurs occupants, les prenant au piège sans leur laisser la moindre chance de sortie. Un sentiment considérablement renforcé par la puissance de l’arrière-plan, sublime étendue immaculée enveloppant constamment les personnages. Non seulement cette dimension visuelle glaciale participe largement à la profondeur du film, notamment par l’impact qu’elle a sur les personnages et le récit, mais elle débouche également sur des plans d’une beauté sidérante. Un atout formel qui, de surcroît, ne se limite pas à la seule recherche de l’esthétisme, les images étant aussi vectrices de sensations. Rares sont effectivement les réalisations qui expriment aussi bien le froid ou la solitude que Wind River.

[Critique] Wind River
Fidèle à ses créations précédentes, Taylor Sheridan distille également une tension palpable, amenée par l’intelligence du montage (incroyable flashback intercalé) et par la violence féroce de certaines séquences. Deux éléments particulièrement judicieux pour soigner l’effet de surprise et renforcer la puissance dramatique. De puissance dramatique il est aussi question dans l’interprétation de Jeremy Renner, l’acteur américain délivrant assurément l’une de ses plus belles performances. Terriblement poignant dans la peau de ce chasseur écorché par le deuil, la culpabilité et la douleur, il fait montre d’une sensibilité renversante au moment de dévoiler ses blessures. A ses côtés, Elizabeth Olsen embrasse aussi parfaitement son personnage, l’écriture épurée de Sheridan lui permettant d’aller à l’essentiel, sans s’embarrasser des fioritures habituelles. Une qualité que l’on peut d’ailleurs facilement étendre à l’ensemble du long-métrage, le récit privilégiant tout du long la logique d’une trajectoire classique à l’incohérence d’un dénouement inattendu. A ce titre, si la fin peut sembler sans prise de risque, elle s’intègre néanmoins brillamment dans le propos général.

Formidablement bien écrit, Wind River s’impose donc comme un thriller dramatique puissant et stylé. Porté par un casting impérial, Jeremy Renner en tête, le film séduit autant par la richesse de son propos que par l’élégance de son visuel. Une vraie petite claque !



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