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Dans la matrice. L'inversion du temps

Publié le 12 octobre 2017 par Alexcessif
Dans la matrice. L'inversion du temps
J’avais garé la Chevrolet entre une vieille Clio et l'arche de Noé. Malgré le déluge, le goudron fondait avalant un SDF enlisé lentement par le sable mouvant du trottoir sa 8.6 à la main et une fissure gigantesque ouvrait la rue en deux comme si Armageddon hésitait entre deux différents final cut. Des maisons copiées/collées d'un lotissement Bouygues jaillirent des hordes de nains fringués comme Harry Potter. Spiderman chancelait sous les coups de Doc Octopus et Peter Parker prenait des photos pour son Facebook. Le joker et sa bande de nains se ruèrent à l'assaut d'un magasin Toy's R' us la Kalachnikov à la main tandis que Captain América poussait sa mobylette en rade. Catwoman à quatre pattes acquiesçait en miaulant sous les secousses de Batman accroché à ses hanches. Une meute de chien coursait un loup garou et Dracula faisait la queue pour donner son sang devant le centre de transfusion sanguine.
Allées Gaudi le Mac Do flambait, bien fait pour sa gueule, et quatre cavaliers de l'apocalypse brûlèrent le feu rouge devant la Sagrada Familia. La fin du monde approchait et ce n'était le moment de faire le malin.
Le rayon d'un laser épelait le jour et l’heure de ce putain de calendrier sur un ciel tagué de fumées noires. En zoomant l’écran de mon GPS je vis que les rues n’étaient que les fils d’une toile d'araignée d'une ville en spirale. Un lapin blanc me confirmant en branlant du chef que j’étais bel et bien dans la merde et dans la matrice.
In petto, je passais en mode tortue tentant d’aller sans dommage du point du jour au crépuscule qui, de toute façon, n'en avait plus pour longtemps. 
Ne pas bouger, surtout ne pas bouger !
Impossible: La rue collait à mes chaussures. 
Mon immobilité était inutile : je représentais une belle aubaine en protéine pour la bête alertée.
Une gigantesque araignée surgit. 
Immense vulvaire et pornographique, fêlure géante érigée face à moi, rosée, le bord des grandes lèvres légèrement velues, juste ce qu'il faut.
Les femelles de mes rencontres étaient souvent et sans peine plus grandes que le petit mâle dominant que je suis et le dimorphisme sexuel n'était pour moi qu'un défi augmenté. Je me préparais au corps à corps, ce fut un bouche à bouche. 
Sans langue de bois pour ne pas choper d'échardes nous parlâmes le même langage d'une langue vivante vers le consentement d'un plaisir mutuel.
La belle est la bête!
Elle est moi!
Tandis qu’elle fondait dans ma bouche, j’arrosais généreusement ses amygdales débordé par l’altérité de nos deux désespoirs.
Je jetais un coup d'œil à ma tocante molle de Dali dont les aiguilles ne tournaient plus dans le sens du temps.
J'étais dans la matrice spectateur confus de l'inversion du temps. 
Dehors, la nuit était noire de monde, les vents étaient contrariés, la Chevrolet conduite par mon moi alternatif manœuvrait pour un créneau entre une vieille Clio et l'arche de Noé pendant que débarquait sa ménagerie. La pluie revenait dans les nuages et la fumée des cigarettes des piétons qui marchaient à reculons faisait des volutes à l'envers retournant dans leurs cylindres de papier. 
Quelqu'un, quelque part dans la matrice avait cliqué sur "Delete"!
Bonne pioche: le temps rebroussait chemin et moi, j'allais rajeunir.
Le lapin blanc, le gilet de travers et la montre à gousset explosée, soulevait la jupe d'Alice-ça-glisse au pays des merveilles.

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