C'est la plus belle exposition d'art africain depuis des années en Europe et pourtant elle est bien discrètement annoncée.
Il faut dire que son titre est mal choisi. "Les forêts natales" est une expression peu signifiante et s'appliquerait à n'importe quel espace boisé ayant vu naître une peuplade ou un individu quelconques. En réalité, on peut y admirer le plus spectaculaire rassemblement de statuettes d'Afrique équatoriale qu'il ait été donné d'admirer depuis longtemps. En particulier, l'alignement dans une scénographie à la fois ultra-classique et impressionnante vu le nombre et la qualité des objets, des figures de reliquaires Kota est un véritable éblouissement. Le culte des ancêtres chez les Fang, les Mbede, les Galwe, Aduma et Kota est au coeur de leurs pratiques rituelles et la plus haute expression de leurs élans artistiques.
On mesure la diversité et l'inventivité qui caractérise chacune de ces oeuvres dont on peut croire à tort qu'elles ont un caractère sériel. En réalité, les statues africaines ont au moins autant de spécificité "individuelle" que les effigies de saints produites en Occident à des fins religieuses.
On constate enfin avec satisfaction à quel point les collections françaises sont riches. A ce propos, une seule inquiétude : que va devenir la collection du musée Dapper dont la qualité moyenne des oeuvres surclasse celle de toutes les institutions muséales au monde ?
Le départ de ces chefs d'oeuvre serait un des plus grands scandales portant atteinte au patrimoine français. Mais qui s'en soucie ? Les éditions Actes Sud publient le catalogue de l'exposition. Il faudrait peut-être que Madame Nyssen s'investisse autrement que par voie éditoriale sur ce sujet ...
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