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Spirit House, jazz du bout de la rue, et de la nuit

Publié le 25 octobre 2017 par Le Limonadier @LeLimonadier
Spirit House, jazz du bout de la rue, et de la nuit

Rue du Baigneur, Paris 18 e.
22h. La nuit est depuis longtemps tombée sur ce vendredi 20 octobre, quand les artistes entrent en scène.

Au Bab-Ilo, les deux amis de longue date Jean-Claude Montredon et Jon Handelsman jouent en terrain connu. Leurs frères d'armes Mark Sims, Raymond Doumé et Jobic Le Masson y sont également à leur aise. Leur plus belle victoire ? Le jazz. Et le groupe a de la bouteille : Jon Handelsman fait régulièrement danser les parisiens avec son Orchestre de la Lune au Studio de l'Ermitage, quand Raymond Doumé vaque à ses pérégrinations musicales accompagné de la légende du jazz et de l'Afrobeat Manu Dibango.

Jon Handelsman et son alto sax, les trombones inspirés de Mark Sims et guest, l'acrobate Jean-Claude Monteron à la batterie, la sérénité de Raymond Doumé à la basse et le piano enivré de Jobic Le Masson sont réunis dans la petite salle d'une trentaine de places de ce club parisien, lieu de découverte musicale et repère d'initiés. Le groupe joue les apprentis sorciers avec sa musique qui sort des sentiers battus, tantôt accompagnée d'une flûte traversière, tantôt d'un djembé africain.

Vendredi soir, Spirit House l'a joué à l'expérience : leurs regards étaient complices, et la facilité avec laquelle l'un se raccrochait à l'instrument de l'autre déconcertante. Tour à tour balade nocturne, déambulation urbaine et course effrénée, c'est une très belle invitation au voyage que nous propose le groupe de jazz. Comme un besoin d'ailleurs, l'envie nous prend de se laisser porter au rythme des cuivres et des bois.

Flashback indiscret...

Bien loin des préoccupations commerciales, leur musique cherche notre cœur avant notre portefeuille. Alors que certains membres se connaissent depuis plus de vingt ans, la bande n'a trouvé son nom que très récemment : Spirit House, d'après leur premier disque éponyme sorti en 2014, Spirit House. L'info est donnée à la va-vite par Jon Handelsman entre deux morceaux : " on a des disques là, c'est dix euros si vous le voulez ", puis le show de reprendre après une gorgée de vin rouge. Après une heure d'excitation, les artistes prennent une pause. L'intimité du lieu rapproche et Jon Handelsman n'en perd pas une pour se confier à notre oreille, sur sa vie et son rapport à la musique. Pour l'artiste d'origine américaine, rien n'est aussi puissant que le jazz. Emprunt de l'Histoire de son pays et du contexte dans lequel la musique jazz est née, Jon aime la France pour son rapport particulier aux artistes : le respect, l'attention, la curiosité. Des manières très différentes des Etats-Unis où le jazz est un langage en soi, qui s'exprime avec toujours plus de virulence.

L'ombre au tableau, c'est la difficulté avec laquelle les artistes vivent de leur musique, comme nous le rappelait Jon au détour de notre conversation : " la musique, c'est trop difficile d'en vivre. On fait tous quelque chose à côté, on travaille sur des projets artistiques différents ".

Le mariage de leurs univers créé une tempête sonore délirante. Et de ce chaos compulsif, naît une émotion. Un brasier intérieur qui s'excite au contact du souffle puissant de la musique. On n'a pas tout compris, c'est vrai. Mais peut-être que, dans le fond, c'est ça le jazz.

PS : retrouvez les lives du concert de vendredi sur leur page Facebook.
PPS : pour les plus radins, l'album est dispo en numérique pour sept balles sur Bandcamp, et c'est par !


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