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La 4ème de couv : c’est par la fin qu’on commence à lire un livre

Par Georgesf

 

La 4ème de couv : c’est par la fin qu’on commence à lire un livre
 

La quatrième de couv, c’est ce qu’il y a de plus difficile à écrire dans un livre. Idéalement, il faudrait l’écrire avant le livre, pour ne pas se laisser influencer. Après tout, le lecteur, lui, ne se gêne pas : c’est par là qu’il commence. Il suffit d’observer le promeneur dans un salon du livre ou dans une libraire.

La quatrième de couv a cela de terrible qu’il s’agit d’un exercice à la fois littéraire et commercial.

Littéraire, car elle doit, en quelques lignes, présenter le livre, son intrigue ou son début d’intrigue, mais aussi donner une idée du style du livre, de son ton. Cette contrainte n’est écrite nulle part, mais elle traîne là, flottante, dans l’esprit du lecteur quand il n’est encore que chaland. Ne me demandez pas d’où je le tiens, je le tiens, c’est le principal. Pour cet exercice littéraire, nul n’est mieux placé que l’auteur. C’est pour ça qu’il est généralement nommé premier de corvée.

Mais la contraction de texte n’est pas au programme des entretiens de recrutement des auteurs. L’écrivain souffre, il est toujours trop bavard, trop elliptique, trop subtil ; c’est le moment où il se relâche, il a écrit tout un livre, il peut enfin se faire plaisir, cette quatrième, il va l’écrire pour lui. « Voilà, c’est ça, c’est exactement ce que j’ai voulu me dire ».

À supposer qu’il s’en sorte, il se plantera quand même, car la quatrième doit aussi faire l’éloge de l’auteur, de ses idées, de son style, de ses goûts, de sa vie. Moi, généralement, je dis que je fais du vélo et que j’aime bien les endives au jambon. Mais, jusqu’ici, c’est un passage qu’on me supprime toujours « Oui, très bien, ce passage, Georges, mais il y a peut-être mieux à dire, on va s’en charger… ». Voilà pourquoi la quatrième de couverture est finalement écrite par l’éditeur, qui dit beaucoup mieux que l’auteur le bien qu’il faut penser de lui.

Reste la solution de donner la parole au chœur : citer quelques extraits de la critique du livre précédent, si elle a été laudative. Je tente chaque fois le coup : jusqu’ici, ça n’a jamais marché, on me supprime cette partie très gentiment, d’autant plus qu’elle est toujours placée à la fin. Cela avec un argument imparable « Oui, Georges, Vélo-Magazine et la Gazette Charentaise ont été très sympa, mais si on les cite, on a l’air de faire pression sur les autres ».

Au fond, c’est rassurant : les magazines qui disent du bien de nous risquent de faire pression sur les autres. Je précise ici que ce billet ne prétend pas faire pression sur Vélo-Magazine et la Gazette Charentaise. Cela dit…

Bon, tout ça pour dire que voilà ma quatrième de couv. Elle vous va ?

Bon, ça commence mal : voilà cinq minutes que mon billet est publié et je reçois déjà un appel me signalant que la quatrième de couverture est illisible. Ce qui prouve que les visiteurs abonnés visitent sérieusement. A la demande générale de cette première visiteuse, je donne donc ci-dessous le texte de cette quatrième de couv :

À ceux dont le passeport n’a jamais le temps de moisir dans un tiroir comme aux sédentaires invétérés, Georges Flipo propose quatorze nouvelles de voyage, et plus précisément de voyageurs : voyageurs en Asie, en Europe, en Afrique, en Amérique du sud, continents que l’auteur a souvent parcourus.

Pas de folklorisme ni de longues descriptions de panoramas, mais de prenantes histoires qui emmènent le voyageur – et le lecteur – un peu plus loin que prévu. Dans un cadre toujours différent, chaque personnage se révélera en allant au-delà de ses limites. Limites de ses souvenirs pour l’une, de ses préjugés pour l’autre. Tel autre ira aux confins de sa morale, ou de sa méchanceté, ou de son cynisme. Telle autre encore à la poursuite de son rêve d’adolescente.

Le style est fluide, le rythme enlevé, les portraits esquissés en rapides petites touches. Le ton oscille entre l’émotion et et l’humour parfois acide.

Quatorze nouvelles qui feront leur chemin dans la littérature de voyage.

 
Nouvelliste pour la radio (Radio France, France Bleu), Georges Flipo a publié deux recueils de nouvelles ainsi qu’un roman.

 

 


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