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Jazz le chien d’assistance

Par Anniedanielle

J’ai déjà eu la réflexion, il y a plusieurs années, à savoir comment ce serait d’avoir un chien d’assistance, et comment m’y prendre pour en avoir un.

Si vous entraînez vous-mêmes votre chien d’assistance, vous pouvez évidemment utiliser ses services à la maison, et dans les endroits où les animaux sont acceptés, personne ne vous en empêchera.

Si vous voulez pouvoir emmener votre chien avec vous partout, ou presque, et pouvoir déduire de vos impôts les dépenses encourues par le chien (nourriture, vétérinaire, etc.), donc au niveau fiscal/gouvernemental, il faut que le chien soit reconnu “chien d’assistance”.
Selon ce que j’ai compris (voir les critères d’admissibilité ici), vous devez le faire certifier dans une école de dressage, par quelqu’un qui en a le droit (c’est pas tous les dresseurs qui peuvent donner ce certificat).
En principe (et je dis bien en principe…), selon la loi, si votre chien est certifié “chien d’assistance” par un professionnel, et surtout si vous avez un papier du médecin qui indique que vous avez besoin de l’animal, on ne peut pas vous refuser d’avoir votre animal avec vous.

J’avais envoyé mon formulaire de demande de chien à Mira, en 2013. Je n’ai jamais eu de réponse. J’avais aussi laissé un message vocal, envoyé un courriel, on ne m’a jamais contacté.
Mira se spécialise dans les chiens-guides, mais maintenant offre aussi des chiens d’assistance à la mobilité.

Ce qui est compliqué au Québec, c’est que si on a une maladie comme le syndrome d’Ehlers-Danlos, qui est instable et rare, on ne pourra probablement pas obtenir un chien d’assistance déjà dressé par un organisme.
Il y a très peu d’organismes qui offrent des chiens d’aide à la mobilité, et pour ceux-ci, de jeunes adultes qui ne sont pas toujours en fauteuil, c’est comme si on était en santé.
Pourtant, il y a des chiens pour prévenir les hypoglycémies des diabétiques ou les crises d’épilepsie, et ces gens, comme nous, ne passent pas leur temps en crise ou en fauteuil… je trouve cela plutôt injuste.

Après avoir discuté avec mon conjoint et obtenu la permission de mes parents (les propriétaires de la maison), après avoir fait de longues recherches sur les meilleures races de chien pour faire un chien d’assistance, nous nous sommes mis à chercher les petites annonces. On a été voir du côté des éleveurs, mais c’était hors de prix. Nous avons évidemment aussi épluché les annonces des refuges.

L’idée était de dresser le chien moi-même, pendant que je suis encore “assez bien”, afin de l’avoir quand j’irai “moins bien”.

Nous avons finalement trouvé Jazz! Un mélange husky et labrador de quelques mois.

Jazz

Ce n’était pas un scénario idéal : le jeune homme qui nous l’a vendue n’avait pas de carnet de vaccination, l’avait achetée dans un marché aux puces (ce que je n’aurais jamais fait!)… mais on s’est dit que ce n’était pas la faute du chien, et donc on a été la voir.
On a tout de suite vu qu’il y aurait du travail à faire : elle sautait sur tout le monde (de joie) et le jeune homme la laissait lui mordiller la main pendant qu’il nous parlait. Mais c’était rien que je n’avais pas déjà vu avant!

On a donc pris le chien et ses accessoires, puis on est sortis. On a pu constater qu’elle ne savait pas marcher en laisse et qu’elle devenait très énervée dans la neige pendant les quelques minutes où on lui a fait faire ses besoins avant de partir.

J’ai vite constaté que le syndrome d’Ehlers-Danlos et un chiot ne vont pas ensemble. Nous habitons au sous-sol, et je passe mes journées seule à la maison. Je devais donc monter les escaliers et sortir le chien (on a une cour clôturée) ou sortir avec elle, environ aux deux heures. Donc en moyenne les escaliers huit fois par jour, souvent plus. Après trois jours, mes genoux et mes hanches hurlaient de douleur.
Jazz nous réveillait aussi la nuit, et tôt le matin, donc j’avais très peu de sommeil. La douleur causée par les escaliers me causait de l’insomnie en prime.

Je travaille à domicile… mais je ne pouvais presque pas travailler, car elle demandait beaucoup d’attention (je ne voulais pas pour autant la laisser dans sa cage tout le temps!).

Cependant, le gros problème était son agressivité.
Et je ne parle pas du mordillage normal du chiot qui apprend à faire la différence entre le jouet et la main de son maître…
La première fois qu’on a été jouer dans la cour, elle a attaqué nos mitaines. On a cru que le tissu l’excitait. Donc on les a enlevées, et on s’est gelé les doigts à rester mains nues dans le froid… pour rien. Elle a attaqué nos mains, en mordant.
Elle a aussi attaqué nos bottes. J’ai d’abord cru que c’était parce qu’il s’agissait de bottes en peau de vache, avec du poil noir… peut-être qu’elle pensait que c’était un animal? La fois suivante, j’ai mis des bottines en cuir. Résultat identique. Elle m’a mordu le pied si fort qu’elle m’a fait un bleu. Elle mordait mon conjoint tout autant.
Un autre jour, elle m’a attaqué et a mordu ma main, j’ai réussi à faire lâcher assez pour qu’elle ne tienne que mon manteau, qu’elle a secoué de toutes ses forces (elle pesait tout de même déjà 70lbs!) et a déchiré ma manche en partie.

C’est simple, en une semaine, elle est devenue de plus en plus agressive et on s’est mis à en avoir peur.
Ce n’était pas qu’on jouait avec elle, puis qu’elle ne savait pas arrêter :
-On ne faisait que marcher et elle nous mordait les mollets ou les pieds.
-Alors que je lui mettais sa laisse, elle a tenté de me mordre au visage.
-Elle a mordu la jambe de ma mère qui se tenait simplement à côté de la porte au moment où elle passait devant.
-Lors d’une soirée avec des amis (et leurs enfants), elle a attaqué la petite de 7 ans alors qu’on était en train de jaser, debout en cercle (Jazz sautait d’une personne à l’autre), et elle a failli mordre un autre enfant au cou, alors qu’il était assis par terre et lui tournait le dos.

Autrement dit, à aucun moment ce n’était de la provocation… mais elle ne cessait pas.
Elle ne semblait pas vouloir blesser, elle semblait plutôt mal contrôler son énergie et ne pas comprendre que l’humain n’est pas un jouet… mais c’était beaucoup trop pour moi.

Jazz le chien d’assistance

Résultat des morsures…

Il aurait fallu avoir beaucoup d’énergie, et faire des cours de dressage avec elle. Il aurait aussi fallu avoir une peau moins fragile, et des articulations qui pouvaient tolérer les nombreux allers-retours dans les escaliers, et son poids au bout de la laisse (elle m’a disloqué l’épaule et foulé un poignet, bien évidemment).

Après une semaine, on a dû se résoudre à l’évidence… avec le SED, ça n’avait pas de sens de la garder. On a été la porter à la SPCA… dès que la personne à l’accueil a pris sa laisse et lui a parlé gentiment, elle l’a mordu aux mains, et trois fois plutôt qu’une! Mettons qu’ils n’ont pas douté de nos motivations! Ils nous ont expliqué qu’elle avait été sûrement enlevée à sa mère avant l’âge, et donc n’avait jamais pu apprendre la bonne façon de jouer. Ils ont même ouvert une enquête puisque l’endroit où le propriétaire précédent disait l’avoir acheté (le marché aux puces) n’a pas le droit de vendre des animaux!

Nous étions tristes de dire adieu à Jazz… mais ça m’a pris un mois me remettre de la semaine qu’elle a passé avec nous, alors c’est plutôt évident que c’était une erreur de jugement de ma part. Si j’avais été en santé, je suis certaine que j’aurais réussi à la dresser.

La semaine suivante, j’ai appelé pour avoir des nouvelles, et j’ai su qu’elle avait été placée dans une bonne famille, qui avait de l’expérience avec les animaux, donc tout s’est bien terminé!

Si ma condition se détériore au point où un chien d’assistance me serait essentiel, je ferai une nouvelle demande auprès de Mira (ou d’un autre organisme)… en attendant, on va continuer avec les chats, qui demandent beaucoup moins d’efforts physiques!


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