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Baccalauréat rime aussi avec goujat

Publié le 04 juillet 2008 par Didier54 @Partages

Une boule dans le ventre, ce matin. Pour partie plongée dans le maintenant et pour partie sous forme d'un brusque retour quasi 20 ans arrière. Mon neveu a passé son bac et je me découvre fébrile, dans l'attente de ses résultats, les doigts croisés en permanence, forte, l'espérance. Aussi sec, je repense à moi, à l'époque, et à cette anecdote dont je ne suis toujours pas spécialement fier.

Je venais d'obtenir mes résultats. Tuons le suspense : j'ai eu le BAC du premier coup, ce qui fut une sacrée surprise car j'étais a priori mal barré, genre plafonnant toute l'année aux alentours de 8 sur 20 et n'ayant pas spécialement été encouragé par le corps professoral qui doutait furieusement de mes possibilités, à moins que ce ne soit plutôt un agacement face à une nonchalance certaine.

Pour tout dire, mon espoir le plus fou était de me hisser jusqu'à l'oral. Mais par je ne sais quel miracle, mes notes s'étaient agencées de telle façon qu'au total, ma moyenne fut de 10,02. Quelle joie !

Cette année-là, j'étais chargé d'annoncer ses résultats à un copain, qui campait près du téléphone depuis des heures car il n'habitait pas près du lycée.  Rentré chez moi, je l'appelle et il se prend un flot de paroles. Mes paroles. Je lui raconte la stupéfaction de découvrir que je l'avais, les regards noirs croisés parce que des collègues de l'époque pour qui ce devait être du gâteau ne l'avaient pas du premier coup, ce bac, la crise d'hystérie d'une jalouse qui m'avait tambouriné la poitrine avec ses petites mains nerveuses estimant injuste qu'un charlot comme moi (je cite) ait le diplôme, etc, etc.

A l'autre bout du téléphone, le copain finit par me couper la parole. Et moi, il me dit. Tout entier dans ma bulle, je lui réponds : Quoi, toi ? Ben et moi, il dit. Je l'ai ? Ah toi, non, tu ne l'as pas, je lui dis. Mais tu vas à l'oral. Et là-dessus, je reprends le cours de mes pensées sans m'apercevoir que l'autre a dû choir de sa chaise ou est parti chialer quelques part, sans me rendre compte tout de suite qu'il ne dit plus rien, sans me rendre compte non plus quel goujat je fus sur le coup.
Rien que d'y repenser, j'en reviens pas d'avoir été égoïste à ce point. Bien sûr, après, je me suis confondu en excuses. Bien sûr, après, le copain en question l'a eu, son Bac. Mais il nous a fallu quelques temps quand même pour nous retrouver. Il avait gardé une amertume et moi une gêne.

En attendant, je continue de croiser les doigts pour mon neveu !


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