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587ème semaine politique: la "dream team" de Macron

Publié le 05 août 2018 par Juan

587ème semaine politique: la

Où l'on parle des vacances.

Et de l'équipe de rêve de Pieds Nickelés qui travaillent pour Jupiter.


Insolation ministérielle
587ème semaine politique: la Le 1er août, c'est le "jour du dépassement", ce moment de l'année, chaque année plus tôt, où la Terre a épuisé les ressources qu'elle peut regénérer en une année. Cela mérite un tweet du porte-parole du gouvernement, Benjami Griveaux. Rien de plus. Et certainement pas un commentaire sur la privatisation du rail, ni un bilan sur l'extension du transport par autocar en défaveur du train décidé par Macron quand il était ministre. Pourtant, à la faveur de l'été et des grandes transhumances estivales, trois années après l'entrée en vigueur de cette aberration écologique, un petit bilan aurait été souhaitable.

La canicule frappe le pays, pour la seconde fois de l'été, toute l' Europe est touchée. Le réchauffement climatique se constate partout. L'occasion eut été belle de poser le sujet sur la place publique, de provoquer débats et prises de conscience. De se saisir d'un moment évident où chacune et chacun, quelque soit son âge, sa situation géographique et sa classe sociale peut dresser un rapport évident avec la crise climatique. Mais Nicolas Hulot a disparu des radars. Comme la plupart des ministres, sa côte sondagière est basse, mais pour l'ancienne vedette des Français, c'est une sacrée dégringolade. L'incarnation écolo de cette Macronista a peu fait, s'est tu souvent, et a même agi contre la nécessaire révolution écologique. Cette fois-ci, en pleine canicule, Hulot n'a rien d'autre à faire qu'une interview dans le JDD pour appeler à "l'union sacrée pour le climat." Julien Bayou (EELV) résume: " Hulot lance un nouvel appel pour le climat. Bien... En attendant c'est l'Etat qui fait appel du jugement qui enterrait le projet EuropaCity. Et c'est le gouvernement qui joue "l'union sacrée" pour le nucléaire, la mega mine d'or ou les forages pétroliers en Guyane". Quand 4 centrales nucléaires ferment à cause des fortes chaleurs, pas un commentaire non plus.

Hulot brasse du vent comme un ventilateur. En période de forte chaleur, c'est toujours utile.

587ème semaine politique: la Mieux encore, alors que la France sue, souffre et s'interroge, le porte-flingue Benjamin Griveaux, qui se voit déjà Maire de Paris dans deux ans, explique qu'il n'y a "pas de tension générale dans les services d'urgence" à cause de la chaleur, juste avant de saluer d'un tweet pour son propre départ en vacances. Le même jour, le premier quotidien de France, Sud-Ouest, titrait: "Canicule : les services d'urgence déjà au bord de la rupture." Et d'expliquer: "Avec les fermetures de lits et les congés, le personnel des urgences, en sous-effectif, peine à correctement soigner des malades qui perdent leurs nerfs. En découlent stress et grande fatigue, le tout aggravé par la canicule."

La seule ministre réellement convoquée à réagir à cet épisode de surchauffe est la ministre de la santé. Agnès Buzyn déboule dans un hôpital nîmois qu'elle a fréquenté quand elle était médecin, un jour sans climatisation et 35 degrés dans les couloirs. Elle annone que tout a été prévu pour éviter les 15 000 morts "de trop" de la canicule de 2003. Les patients apprécieront.

Aux personnels hospitaliers qui réclament des équipements décents, Agnès Buzyn n'osera rappeler le plan d'économies sur les hôpitaux qu'elle a fait voter pour 2018.

587ème semaine politique: la

"L'Elysée de l'été", "l'Elysée du Sud". La com', toujours la com'. Le marketing frappe encore. Macron ne parle pas de crise climatique, il a d'autres soucis.

Pour justifier sa piscine, et quelque 300 000 euros de réaménagement du palais de Bregançon, la communication macroniste fait savoir que Jupiter ne chôme jamais, même en vacances. Vendredi soir; 3 août, alors que sa voiture Citroën noir aux vitres fumées passe rapidement devant les badauds rassemblés devant l'entrée du château, on prévient que Teresa May, la première ministre britannique bien en peine pour " négocier" le Breixit, sera son hôte. Et d'ailleurs, voici aussitôt un publi-reportage de 10 minutes rapidement diffusé sur Facebook où Emmanuel et Brigitte font visiter sa résidence d'été au couple britannique.

Cette semaine, Macron s'échappe. Il est furieux. Il met surtout en scène son départ en vacances et celui de son gouvernement - un "dîner convivial" où le monarque convie ses ministres avec conjoints à l'Elysée pour inaugurer la nouvelle vaisselle élyséenne, puis " des vacances studieuses" rappellent les communicants et autres trolls macronistes sur tous les tons - pour casser la séquence Benalla. Car cette affaire a fait des ravages.

En France, une étude révèle qu' une dizaine de pourcent des millions de tweets publiés sur ce scandale auraient des accointances russophiles. Il n'en faut pas moins pour que la Macronista, Castaner en tête, embraye et dénonce la main de Moscou.

Sans rire.

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A l'étranger, l'image de Macron a été fortement dégradée à cause de cette affaire. Cette "tempête dans un verre d'eau" a fait chuter le jeune monarque. Jupiter est au sol, parmi les mortels: "Macron tombe des hauteurs de son trône jupitérien pour retrouver le commun des politiques faillibles" ( Frankfurter Allgemeine Zeitung). Il a perdu cette fraîcheur et cette modernité qui faisait encore la blague hors des frontières. Il s'est abimé tout seul par son arrogance, sa posture de "Roi Soleil", sa morgue de " Rastignac météor" ( Bilan, magazine suisse), "le fonctionnement d'une présidence hypercentralisée dominée par une équipe de conseillers trentenaires, mâles" ( Financial Times), "sa façon de gouverner, régalienne et peu à l'écoute des gens" (El País), "son style de gestion monarchique" (Washington Post). La presse étrangère parle de " tourmente" ( Daily Telegraph), de " crise majeure" ( Daily Mail)

Pour sa troisième semaine de polémiques, l'Assemblée nationale a sabordé sa commission d'enquête, et, surtout, deux motions de censures ont pu être déposées, " ni de gauche, ni de droite". L'occasion pour les oppositions, " de gauche et de droite" de faire entendre leur voix. Les hiérarques macronistes sont en rage, ils dénoncent des " esprits séditieux". L'un des idiots utiles de la Macronisa, Christophe Castaner, se fait petit. Il est auditionné par le Sénat lundi. Grand moment où l'homme apparaît petit. Le ténor des tribunes macronistes se dévoile comme piètre manager, et politique assez lâche quand il est cuisiné sur l'autre barbouze de l'Elysée. En coulisses, les "marcheurs" à le critiquer sont de plus en plus nombreux.

587ème semaine politique: la L'ampleur des mensonges au sommet conduirait pourtant ministres et conseillers à la démission dans la plupart de nos démocraties voisines. En Suède, un ministre démissionne pour "un verre de trop". En France, un ministre de l'intérieur peut témoigner qu'il ne sait rien de ce qui se passe au sein de la sécurité de l'Elysée et rester en poste. En Espagne, le chef du gouvernement, qui est l'équivalent de notre président de la République en termes de pouvoir, a été renversé par le parlement, sans élection, à cause des révélations de fraude et de corruption de son parti. En France, une avalanche de mensonges autour d'une équipe de branquignoles armés et agissant en supplétifs de la police pour réprimer des manifestants ne déclenche rien.

La Macronista répète qu'il ne s'agit que d'une affaire individuelle, et pourtant, cette semaine a démontré le contraire. Cette semaine, on apprend en effet qu'ils ont tous menti, effrayés, secoués, énervés.

Le président Macron ment, le ministre Collomb ment, Alexandre Benalla ment, le ministre Castaner ment, le secrétaire général de l'Elysée Kohler ment, le responsable de la communication élyséenne Bruno Roger-Petit ment, la directrice de l'agence Bestimage, sous contrat exclusif avec le couple Macron, ment.

  1. L'Elysée a travaillé avec Benalla dès le déclenchement de l'affaire pour minimiser celle-ci. Deux jours après les révélations du Monde, Benalla est allé remettre à l'un des plus proches collaborateurs d'Emmanuel Macron un DVD-ROM des images de video-surveillance de la place de la Contrescarpe le 1er mai.L'Elysée a veillé à la communication d'Alexandre Benalla, au plus fort de la crise.
  2. Alexandre Benalla n'a pas été sanctionné (maintien du salaire) après les évènements du 1er mai.
  3. Alexandre Benalla a obtenu un passeport diplomatique fin mai, après les évènements de la Contrescarpe..
  4. La police a trouvé trois armes non déclarées à la Préfecture de police au siège du parti présidentiel.
  5. Benalla avait perdu les clés de son appartement quand la police l'a accompagné pour une perquisition. Quand les policiers sont revenus le lendemain, les scellés avaient été forcés et le coffre-fort avait disparu. La justice a décidé de ne pas porter plainte pour cette disparition fort opportune.
  6. Benalla avait un réel rôle de coordination de la sécurité du président à l'Elysée. Il en imposait aux gendarmes et policiers du Palais qu'il énervait.
  7. Castaner s'est dit "choqué" par les images de violence du 1er mai qu'il a vu dès le 2 mai, mais il n'a rien fait. Il a attendu deux mois, après la mise en examen de l'intéressé pour Il a été mis en examen pour "violences en réunion par personne chargée d'une mission de service public ", " immixtion dans l'exercice d'une fonction publique " et " port prohibé " d'une arme à feu, pour engager une procédure de licenciement.
  8. Benalla disposait de 3 armes de poing et un fusil à pompes, ce que ses employeurs élyséens ignoraient prétendument.
  9. Crase a travaillé "une quarantaine de fois" pour l'Elysée depuis 2017, via la Garde républicaine où il s'était fait affecté sur entremise d'Alexandre Benalla. BRP évoquait une collaboration "occasionnelle".
  10. L'Elysée a du reconnaitre qu'il n'avait pas signé de déclarations d'intérêts à ses collaborateurs et conseillers.
  11. Vincent Crase, en tenue de gendarme réserviste, était présent parmi les invités du défilé du 14 juillet 2018 à Paris, malgré son "limogeage" après les évènements de l'Elysée.
  12. Le porte-parole de la présidence, Bruno-Roger Petit ("BRP"), a menti en déclarant le 19 juillet que Vincent Crase avait été licencié.
  13. Enfin, la Commission d'enquête de l'Assemblée nationale a été dissoute et ne rendra aucun rapport sur les faits. Belle enquête !

L'idiote utile
Passée la mauvaise séquence des motions de censure en début de semaine, l'urgence élyséenne était de communiquer pour passer à autre chose. Et les macronistes les plus zélés ont fait feu de tous bois, et de concert, pour appuyer les consignes. Jupiter lui-même l'a résumé dans un tweet factuel, à la sortie du dernier conseil des ministres de la saison: " Au total, ce sont presque 70 projets de loi qui ont été définitivement adoptés depuis juin 2017." Et quelles lois...

Marlene Schiappa, la secrétaire d'Etat à l'Egalité des Femmes et des Hommes a été envoyée au front plus que d'autres. Au passage, le premier ministre s'excuse d'avoir laissé la dite ministre utiliser son ministère pour faire la promotion de son bouquin... La vie est belle en Macronista ! Sur cela, Schiappa est silencieuse. Mais sur l'affaire Benalla ou " sa" loi sur les violences sexuelles et sexistes adoptée en seconde lecture, elle tweete, parle et inonde les médias de sa présence. Parlons donc brièvement de sa loi justement. Belle avancée, l'extension de la prescription des délais de prescription pour les victimes de viol de 20 à 30 ans. Mais pour le reste, quel "machin" législatif assez vide, aux lacunes criantes, mais qui permet d'afficher une action, et de faire sa pub sur les plateaux.

Les associations féministes sont déçues, et ce n'est pas la première fois - baisse des crédits . Les député(e)s macronistes ont été incapables de s'accorder sur la " présomption de non-consentement" des mineurs de moins de 15 ans en cas de relations sexuelles.

"Le texte de loi, accompagné d'un grand renfort de communication, se révèle bien pauvre. Son impact sur nos vies sera minime, voire nul. Le gouvernement a même refusé certains amendements des parlementaires comme celui qui voulait rendre obligatoire le signalement par les médecins des maltraitances subies par les enfants." Le Groupe F.

Autre " avancée" de la semaine, l'interdiction des téléphones portables dans les collèges et lycées.... Quelle France en avance sur son temps ! Cette équipe macroniste, trolls compris, qui ne cessait de fustiger la "perte de temps" parlementaire sur l'affaire Benalla au motif que la France avait de plus graves sujets à traiter que des barbouzeries élyséennes a consacré une quasi-journée pleine sur le sujet...

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Dernier auto-satisfecit, le Code de la honte, cette loi qui réduit les délais de dépôts de dossiers et de recours pour les réfugiés mais double leur durée de rétention, qui complexifie la procédure de reconnaissance de filiation et le durcissement de l'accès à un titre de séjour pour les parents d'enfants français, systématise le bannissement et les audiences par visio-conférence;

Marlène Schiappa n'avait rien à dire sur une loi qui facilite l'emprisonnement des familles. Pourtant, il y a matière,

Justement, l'Aquarius, ce bateau affrété par SOS MÉDITERRANÉE repart en mer pour sauver des migrants en mer. Il fut refoulé en juin dernier par l'Italie co-gouvernée par les fascistes et le gouvernement macroniste, est à nouveau en mer avec quelque 500 migrants.

Fucked-up nation
Sur le plan économique, la " start-up nation" se porte mal, plus mal qu'il y a un an: le chômage repart, la croissance s'affaisse, le déficit budgétaire est contenu grâce à quelques artifices. A périmètre constant, les recettes fiscales nettes sont en baisse de 3,5 milliards d'euros à fin juin par rapport à la même période de l'an passé, avant même l'effet de la suppression de l'iSF, de la flat tax pour les revenus financiers (dont 44% du bénéfice ira à 1% des foyers les plus riches), la réduction d'un tiers des impôts sur les stock options des cadres sup, ou de la baisse de l'imposition des traders. Les dépenses sont stables, à 172 milliards d'euros, grâce au plan d'économie dans les hôpitaux et la Sécurité sociale, la réduction des aides au Logement pour les plus fragiles et des emplois aidés, la suppression de la prime d'activité pour quelque 68 000 handicapés.

Que dire de Muriel Pénicaud, dont on attend chaque semaine la mise en examen ? Le plus cocasse dans l'affaire des soupçons de favoritisme en faveur d'Havas quand elle confia quelque 13 millions d'euros d'argent public à cette agence privé pour la promotion de la Fraaaance avant de devenir ministre de Macron, fut sans doute la révélation de cet email adressé à sa secrétaire à qui elle réclamait, par écrit, de ne pas faire figurer un RDV secret avec le patron de l'agence... Muriel Pénicaud a fait voter sa loi sur l'apprentissage. Au passage, le gouvernement a discrètement enterré l'une des promesses phares, et bidon, du candidat Macron - l'extension de l'indemnisation chômage aux indépendants et professions libérales et aux salariés démissionnaires.

La nouvelle loi a été baptisée " loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel". Quelle novlangue ! Après la précarisation inédite des salariés avec les ordonnances Travail en 2017 et les contrôles renforcés contre les chômeurs alors que le chômage repart à la hausse, le gouvernement, avec précipitation et sans étude d'impact suffisante, badigeonne sa communication avec un nouveau projet de loi: extension de l'application du SMIC aux apprentis de 26 à 30 ans, fusion des aides, étalement des recrutements d'apprentis sur l'année, extension à 40 heures par semaine, au lieu de 35 heures, de la durée de travail des apprentis, et... libéralisation de la formation professionnelle sans contrôle sur les prix malgré le financement public.

Et que dire de ce qui ne se lit pas dans les comptes publics ? Macron a gelé le taux du Livret A sous l'inflation (6 milliards d'euros de manque à gagner pour les épargnants), supprimé les CHSCT et quelque 200 000 postes de représentants du personnel dans les entreprises, créé un nouveau contrat de travail des plus précaires, délocalisé au niveau des branches et des entreprises des pans entiers du code du travail comme le recours aux CDD, les conditions de salaires et de congés; réduit les normes environnementales et sanitaires des constructions de logements, réduit la liberté de la presse et des lanceurs d'alertes avec sa loi sur le secret des affaires; réduit les libertés individuelles avec la transposition de l'essentiel de l'état d'urgence dans le droit commun.

Que dire de la ministre des Armées, quand elle justifie la fourniture d'armes à l'Arabie Saoudite ? "À ma connaissance, les équipements terrestres vendus à l'Arabie saoudite sont utilisés non pas à des fins offensives mais à des fins défensives, à la frontière entre le Yémen et l'Arabie saoudite" a-t-elle déclaré lors d'une audition devant la commission de la Défense, à l'Assemblée national il y quelques semaines. Joli foutage de gueule ! Qui prend sérieusement le Yémen, l'un des pays les plus pauvres de la planètes, pour une menace pour l'Arabie Saoudite qui le pilonne avec les équipements militaires français ? Début juillet, la France a aussi officialisé un accord sobrement qualifié de "technique" en matière de renseignement avec ce même pays, temple du fondamentalisme islamiste.

Effectivement, "presque 70 projets de loi ont été définitivement adoptés depuis juin 2017", et bien pire encore.
Ami(e) macroniste, ne pars pas.

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