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X-Men - J’attaque du mike / Diable Rouge (1996)

Publié le 09 juillet 2008 par Oreilles


A l’heure où le rap français n’est plus qu’un cadavre purulent, il est bon de se souvenir d’une époque où l’hexagone comptait sur l’échiquier hip-hop mondial. Pas en terme de ventes, mais de qualité. Une époque où Skyrock commençait à peine à s’immiscer dans le rap et où les vrais amateurs se branchaient sur Générations 88.2 pour écouter freestyler la crème des MCs d’alors. A cette époque, le meilleur crew, et de loin, s’appelait Time Bomb. Une réunion d’individualités fortes sous la houlette de DJ Mars, DJ Sek et Ricky, fanatiques du son lourd du rap east coast. Et même si la plupart de ces individualités se sont ensuite fourvoyées dans leurs choix artistiques, elles resteront toujours liées à cet âge d’or du rap à la française qui court de -disons- 1992 à 1997. Snif.
Parmi les premières galettes de la toute jeune équipe, ce maxi, dont la sortie (en 1996) suivait de peu celle de la compilation Time Bomb Vol.1, est certainement le disque le plus emblématique du label. On y trouve le mythique “Time Bomb explose”, un morceau de près de 6 minutes où une belle brochette de MCs se succèdent au micro, de Pit Baccardi à Hifi en passant par Ali et Booba de Lunatic, dont c’est l’une des premières apparitions. Resté célèbre, le refrain (“Combien de blessés fils ? / Difficile à dire mais des têtes vont tomber”), s’il n’est pas un paradigme de finesse et d’intelligence, exprime parfaitement l’esprit de l’équipe, réunion de jeunes fauves des cités d’Ile-de-France prêts à tout bouffer pour se faire connaître. Les paroles, qui ne s’éloignent jamais de l’égo-trip et de l’esprit battle (“Ton flow c’est des gouttes d’eau sur mon K-Way”...), sont l’oeuvre de rappeurs élevés au freestyle et pas encore habitués à structurer des textes et développer des thématiques. Les X-Men, et particulièrement Hill G (dit “Ill”), impressionnent avec leur technique à la ricaine, leur diction souple et leurs punchlines bien troussées. En plus de “J’attaque du mike”, déjà présent sur la compilation, on trouve ici un remix de haute volée, “J’attaque du mix”, où un sample de Norman Connors accueille des lyrics inédits et jouissifs. Diable Rouge, qui partage la tête d’affiche avec les X-Men, livre quant à lui le rigolo mais dispensable “L’homme que l’on nomme Diable Rouge”. Cent fois plus faible que le reste du crew, il se révèle être un piètre MC. On est d’ailleurs sans nouvelle de lui aujourd’hui.
Même si DJ Mars continue à faire tourner Time Bomb avec de nouveaux artistes, les grandes heures du label appartiennent désormais au passé, comme le prouve d’ailleurs la sortie prochaine d’une anthologie. Restent un excellent album (le premier Oxmo, dont toutes les instrus sont signées par les producteurs maison), quelques apparitions fracassantes sur des compiles (L432, Hostile, L’invincible armada...) et surtout de nombreux freestyles et mixtapes, dénichables sur le net avec un peu de persévérance. Quant au maxi dont il est ici question, il est à ma connaissance introuvable dans le commerce. Ceux que ça intéresse trouveront ci-dessous quelques mp3 sur lesquels ils lâcheront certainement quelques larmes nostalgiques.
En bref : Un maxi d'anthologie qui résume à lui seul le son de Time Bomb, la meilleure école de l’histoire du rap français.
Time Bomb - Time Bomb explose
X-Men - J'attaque du mike
X-Men - J'attaque du mix
Time Bomb - Les bidons veulent le guidon
2 Bal Niggets - Predator III
A lire aussi : Oxmo Puccino et les Jazz Bastards - Lipopette bar (2007)

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