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Taram et le Chaudron Magique – Moyen-Âge de bronze

Par Le7cafe @le7cafe

Disney dans les années 80 c’était quelque chose…

Taram et le Chaudron Magique est le film le plus représentatif de l’âge de bronze des films Disney. En passant, si tu ne sais pas ce qu’est l’âge de bronze, je t’invite à lire (ou relire) ma critique sur l’histoire des studios aux grandes oreilles. Il est fort possible que tu n’aies jamais entendu parler de ce film, puisqu’il est largement considéré comme ni plus ni moins que le pire Disney de l’Histoire, y compris au sein-même de la compagnie. Mais est-il réellement si mauvais que ça ?

Taram et le Chaudron Magique – Moyen-Âge de bronzeUne bien belle affiche !

TARAM ET LE CHAUDRON MAGIQUE

Réalisateurs : Ted Berman, Richard Rich

Voix principales : Christophe Lemoine, Bernard Tiphaine

Date de sortie : 27 novembre 1985 (France)

Pays : États-Unis

Budget : 44 millions $

Box-office : 21,3 millions $

Durée : 1h20

Taram et le Chaudron Magique – Moyen-Âge de bronzeJe crois que le chaudron déborde un peu.

UNE VIEILLE LÉGENDE

La production de Taram et le Chaudron Magique a été pour le moins chaotique. En 1971, les responsables de chez Disney se sont intéressés à la série de romans Les Chroniques de Prydain par Lloyd Alexander, publiée entre 1964 et 1968 et inspirée par la mythologie galloise et celtique. Et à partir du moment où le studio a obtenu les droits en 1973, c’est le grand jeu des chaises musicales. En cours de pré-production, la quasi-totalité de l’équipe a été remplacée : les concepts-arts de Tim Burton (qui a commencé comme animateur Disney) ont tous fini à la poubelle, les réalisateurs John Musker et Ron Clements (à qui l’on doit Aladdin ou La Planète au Trésor) ont été virés du projet pour « différents créatifs » et remplacés par Richard Rich et Ted Berman (Rox et Rouky), le producteur Ron Miller a été écarté au profit de Joe Hale et pas moins de 9 scénaristes différents sont crédités au générique. Il a fallu 1980 pour que tout se stabilise – relativement – et que la production commence officiellement. Bref, ça débutait mal.

Pourtant, le film partait d’une bonne idée. Les livres de Lloyd Alexander étaient une excellente base pour un Disney : des chevaliers, une princesse, des créatures magiques, … Et puis il y avait aussi une volonté de mettre en scène un récit moins enfantin que d’habitude, sans interludes musicaux, fondé sur l’aventure des gentils qui vont combattre des méchants. Et comme on va le voir juste après, dans cette optique-là, ils n’y sont pas allés de main morte !

Taram et le Chaudron Magique raconte l’histoire de Taram (jusque là ça va), un garçon de ferme assigné à la garde de Tirelire, une petite truie qui a des capacités magiques et peut transmettre des visions. Un jour, Tirelire est enlevée par les créatures du Seigneur des Ténèbres, un être maléfique qui convoite les pouvoirs du cochon afin de retrouver la trace du Chaudron Noir, l’artefact magique le plus puissant de la Terre, qui permet à quiconque le possède de régner sur le monde – ou de le détruire. S’ensuit alors une longue série de péripéties pour Taram qui va tenter d’empêcher à tous prix le Seigneur des Ténèbres d’atteindre le Chaudron et de se servir de ses pouvoirs pour ressusciter son armée de morts-vivants et conquérir le royaume de Prydain.

Taram et le Chaudron Magique – Moyen-Âge de bronzeOh la belle épée !

AMBIANCE FANTASTIQUE

En soi, le dessin animé est très loin d’être dénué de qualités, et il parvient à créer une ambiance fantastique moyenâgeuse du meilleur effet.

Taram et le Chaudron Magique est doté d’une animation vraiment qualitative, et de décors magnifiquement stylisés. Les forêts aux arbres tordus et noueux, les clairières parsemées de petites fleurs et de buissons fournis, les marais vaseux et embrumés, le château inquiétant construit de pierres noires… Avec en plus un formidable travail de coloration, tout cela crée une atmosphère de fantasy réellement prenante et visuellement extraordinaire.

Le film déploie aussi tout un bestiaire médiéval celtique qui n’est pas sans rappeler les légendes arthuriennes (comme Merlin l’Enchanteur, un Disney précédent) ou la récente série de livres Artemis Fowl. Il y a des vouivres noires au service du Seigneur des Ténèbres, des sorcières, une espèce de petit gobelin nommé Crapaud, des petites fées colorées, et un… truc indescriptible du nom de Gurki, à mi-chemin entre un Ewok, un chien et un chimpanzé. En plus de toutes ces créatures, on trouve aussi nombre d’artefacts magiques avec le Chaudron Noir en premier lieu bien sûr, mais aussi un orbe lumineux qui accompagne la princesse Eilonwy, et une épée pseudo-Excalibur.

Sans oublier que le film est servi par un doublage véritablement excellent, autant en anglais qu’en français, puisque c’est nul autre que John Hurt qui donne sa voix au Seigneur des Ténèbres (Alien, Elephant Man, 1984, Ollivander dans Harry Potter, le Docteur de la Guerre de Doctor Who…) et qui est repris en français par le génial Bernard Tiphaine (voix française de Christopher Walken, Donald Sutherland, Chuch Norris ou encore Anton Ego dans Ratatouille). Le Seigneur des Ténèbres, qui est vraiment un grand méchant fantastique au design inoubliable qui inspirera même plus tard le fameux Roi-Liche de la série animée Adventure Time. Hé ouais.

Taram et le Chaudron Magique – Moyen-Âge de bronzeC’est peut-être pas une bonne idée Gurki…

LE PIRE DU MEILLEUR

Et malgré tout ça, Taram et le Chaudron Magique n’a récolté que 21,3 millions de dollars contre un budget de 44 millions, étant battu au box-office de 1985 par Les Bisounours – bref, le studio aux grandes oreilles touche le fond. La princesse Eilonwy ne sera jamais reconnue comme princesse Disney aux côtés de Cendrillon et autres Blanche-Neige, et globalement tout le monde a préféré oublier cet échec critique et financier cuisant. Alors d’où vient le problème ?

Même si le dessin animé a certaines qualités indéniables, il souffre aussi de défauts non-négligeables, et la succession de scénaristes, animateurs, réalisateurs et producteurs y est sans conteste pour beaucoup. Quand de nombreux personnages sont hyper intéressants comme le Seigneur des Ténèbres, d’autres sont assez fades, et c’est d’autant plus problématique que ça concerne les deux principaux, à savoir Taram et la princesse Eilonwy. L’histoire, bien que fondée sur une grande aventure héroïque, souffre parfois de longueurs (le début à la ferme est beaucoup trop long et pas palpitant du tout), et certains éléments sont aussi déconcertants : le cochon Tirelire disparaît totalement avant même la moitié du film alors qu’il était présenté comme important au départ, et certaines transitions sont bizarres. Mais pour ça, il y a une explication. À la fin de la production, 12 minutes de film – dont certaines séquences qui aident à la compréhension de l’histoire – ont été coupées de force contre l’avis des animateurs et réalisateurs par le superviseur des films Disney, qui n’était nul autre que Jeffrey Katzenberg, le même Katzenberg qui a repoussé pendant 12 ans La Planète au Trésor, a été viré en 1994 et est parti fonder Dreamworks. Bref, une personne formidable à tous égards (c’est de l’ironie.).

Mais le principal problème de Taram et le Chaudron Magique, c’est surtout que ce n’est absolument pas pour les enfants. Mais alors vraiment absolument pas. Le Seigneur des Ténèbres est flippant à en faire des cauchemars, il y a une armée de morts-vivants, une scène de menace de décapitation, un personnage qui se décompose et est aspiré vivant par le Chaudron Noir, et une sorcière nymphomane qui se retrouve avec une grenouille entre les seins et à qui l’on doit une réplique qui aurait sûrement plu à la hoe hoe hoe d’Atlantide : « Hé beau gosse, tu veux que j’astique ton engin ? ». Mais bien sûr. Je te rappelle, mon cher Billy, que nous sommes dans un Disney, au cas où tu aurais oublié pendant un instant. Et puis la cerise sur le gâteau – parce que, comme SFR, c’est pas fini – c’est carrément un personnage qui se suicide. Alors certes, des sacrifices et des morts affreuses dans les Disney, il y en a (Mufasa, toi-même tu sais). Mais là on parle quand même d’un suicide. Et puis bonjour le suicide !

« GURKI, avant de se jeter dans le Chaudron Noir – Gurki ne veut pas voir ami mourir. Taram a beaucoup d’amis. Gorki n’en a pas du tout. »

Euh. EUH. Bah non, en fait. Juste non. Gurki se jette dans le Chaudron en disant qu’il n’a pas d’amis. Il se suicide par dépression, finalement. Non mais ça va pas bien de mettre ça dans un film pour enfants ?

Le véritable problème est là. Taram et le Chaudron Magique n’est pas un mauvais film. C’est un mauvais Disney. S’il avait été fait par un autre studio, il aurait probablement eu plus de succès. Mais là, il ne répond absolument pas aux attentes qu’on a de la part de Mickey. Il est beaucoup trop grave et aucunement adapté aux jeunes enfants, bien qu’il ait de nombreuses qualités et que son atmosphère fantastique soit super. De là à dire que c’est vraiment le pire Disney, ça peut se débattre. Est ce que d’autres films de l’âge de bronze comme Rox et Rouky ou Oliver et Compagnie, ou les films du temps de guerre comme Mélodie Cocktail et Coquin de Printemps, sont vraiment meilleurs ? La question mérite d’être posée. Et il ne faut pas oublier qu’être le pire des films Disney, c’est toujours beaucoup mieux que beaucoup d’autres dessins animés d’autres studios…

Taram et le Chaudron Magique – Moyen-Âge de bronzeOuh la ! Tu es moche !

LE MOT DE LA FIN

Est ce que Taram et le Chaudron Magique est un mauvais dessin animé Disney ? Oui. Est ce que c’est un mauvais film tout court ? Non. Même s’il souffre de légers défauts, son ambiance fantastique inspirée de la mythologie celtique médiévale  en fait un récit d’aventure unique en son genre.

Note : 6,75 / 10

« SEIGNEUR DES TÉNÈBRES – Notre heure est venue ! »

Taram et le Chaudron Magique – Moyen-Âge de bronzeAdieu !

— Arthur

Tous les gifs et images utilisés dans cet article appartiennent à Disney, et c’est très bien comme ça

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