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Nicolas Sarkozy au PE : "L'Europe n'est pas condamnée à l'inaction"

Publié le 10 juillet 2008 par Danielriot - Www.relatio-Europe.com
Pouvait-il tenir d'autres propos sur un autre ton? Certainement pas. Sakozy a même de l'avis de la très grande majorité des euro-députés fait une prestation sans faute ni sur le fond ni dans la forme. D'ailleurs, le soin pris par la présidence française , représentée en permanence dans l'hémicycle depuis l'ouverture de la session jusqu'à sa cloture, a été fort appréciée, y compri par des élus qui ne partagent pas les orientations du chef de l'Etat. Nicolas Sarkozy au PE :
Sortir l'Europe de la crise, rassurer les citoyens en montrant que l'Europe agit pour tous, pas de nouvel élargissement de l'Union sans Traité de Lisbonne: tel a été le message délivré par le Président français et Président du Conseil européen, Nicolas Sarkozy devant le Parlement européen ce jeudi. La plupart des députés ont soutenu les priorités de la présidence française,  mais, logiquement,  nombre d'entre eux ont critiqué son manque d'ambition sur le plan social et son attitude à l'égard de la Chine.une attitude qui a fait piquer un coup de colère à Dany Cohn-Bendit.
 
Présidence du Conseil
 
"C'est un grand honneur pour moi de pouvoir m'exprimer devant votre assemblée à un moment critique pour l'Europe", a dit en introduction, le Président français, Nicolas Sarkozy, "nous portons tous une grande responsabilité: comment sortir l'Europe de la crise ou elle se trouve, comment éviter l'immobilisme, comment surmonter nos désaccords pour les mettre au service européen ?". "Aujourd'hui nous devons faire de nos différences une force au service d'une UE qui souffre, nous devons rassurer des citoyens inquiets". Nous devons donner l'image d'une Europe qui refuse l'immobilisme" et "ne laisser personne derrière", a-t-il poursuivi, soulignant sa volonté de "donner le sentiment d'une Europe qui travaille pour tout le monde".
 
Crise institutionnelle et élections européennes de 2009
 
"Personne n'a dit que le Traité de Lisbonne résolvait tous les problèmes mais il était l'expression d'un compromis souhaitable et acceptable pour tous", a affirmé le Président français, abordant le problème institutionnel suite au référendum irlandais.
 
Nicolas Sarkozy a affirmé ne pas regretter son choix d'avoir soumis le nouveau traité à une ratification parlementaire en France: "Les règles de fonctionnement institutionnel sont l'affaire des parlementaires plutôt que d'un référendum: c'est un choix politique que j'assume et c'est un choix que j'ai affiché avant les élections présidentielles françaises, donc démocratique".
 
Le Président du Conseil européen a annoncé qu'il se rendrait le 21 juillet en Irlande pour "écouter, dialoguer, et essayer de trouver des solutions" au non irlandais. La présidence française "proposera une méthode", en accord avec le gouvernement irlandais, soit en octobre, soit en décembre. "Nous avons un peu de temps, mais pas trop de temps", a affirmé Nicolas Sarkozy, qui a estimé que l'Europe avait le devoir d'annoncer à ses citoyens sur quelle base auraient lieu les élections européennes de juin 2009. Excluant la négociation d'un nouveau traité, il a souligné: "c'est soit  Lisbonne, soit Nice".
 
Pas d'élargissement sans nouvelles institutions
 
Abordant la question de l'élargissement, le Président français a affirmé qu'il avait "toujours été pour" et que l'arrivée des nouveaux Etats membres en 2004 a été "une réussite". Il a toutefois estimé que l'absence de réforme institutionnelle avant l'élargissement avait été "une erreur que nous payons aujourd'hui".
 
"Nous ne devons pas recommencer la même erreur, si nous restons à Nice, c'est l'Europe des 27 (...) si on veut l'élargissement - et nous voulons l'élargissement - alors il faut de nouvelles institutions", a souligné Nicolas Sarkozy, précisant qu'il est favorable à l'intégration des Balkans.
 
Evoquant le retour du débat sur une Europe à plusieurs vitesses pour sortir de la crise, le Président du Conseil a estimé que "ce ne peut-être que la dernière, l'ultime des solutions". "L'Europe a payé cher un mur honteux et la dictature", a-t-il souligné, ajoutant, à l'attention du Président polonais qui a annoncé la suspension de la ratification du Traité de Lisbonne dans son pays, que "l'Europe s'est battue pour que la Pologne aie sa place dans l'UE". "La famille c'est à 27, nous ne devons laisser personne dernière nous", a-t-il martelé.
 
"S'agissant des autres dossiers, rien serait pire qu'un nouveau psychodrame institutionnel", a poursuivi Nicolas Sarkozy, "l'Europe a le devoir d'agir et d'agir tout de suite: c'est le message de la présidence française aux citoyens européens", "nous ne sommes pas condamnés à l'inaction".
 
"Le paquet énergie climat est une absolue priorité"
 
"La pollution, le CO2, la couche d'ozone se moquent bien des frontières", grâce aux experts du GIEC, "aujourd'hui on sait que nous sommes la dernière génération qui peut éviter la catastrophe", a affirmé le Président du Conseil. Selon Nicolas Sarkozy, "l'Europe doit montrer l'exemple" dans la lutte contre le changement climatique et doit pour cela "être exemplaire".
 
Au sommet de Copenhague en décembre 2009, l'Europe doit venir unie et donc adopter le paquet climat énergie "sous présidence française", a-t-il souligné. Il a appelé ses partenaires des 27 à éviter de renégocier "chaque point du paquet qui les gêne", tout en reconnaissant que certains éléments devraient être débattus et en particulier "les règles à imposer aux entreprises" alors que l'Europe "continue à importer des produits qui ne les respectent pas", et les "efforts considérables" demandés aux nouveaux Etats membres qui reposent encore largement sur les énergies fossiles. "Le paquet énergie climat est une absolue priorité", a martelé Nicolas Sarkozy.
 
Pacte européen pour l'immigration et l'asile

 
"Sur les 27 Etats membres, nous sommes 23 dans l'Espace Schengen", a rappelé le Président français, "est-il raisonnable de définir une politique d'immigration ignorant les contraintes des autres".
 
Nicolas Sarkozy a, par ailleurs, annoncé l'abolition de barrière sur le marché du travail français, depuis le 1er juillet 2008, pour tous les citoyens de l'Union européenne. "Je n'ai pas aimé la polémique sur le plombier polonais qui a donné une piètre image de la France et de l'Europe".
 
"Le Pacte européen pour l'immigration et l'asile est essentiel à deux point de vue", a-t-il affirmé, souhaitant "sortir l'immigration de débats nationaux et en faire une politique européenne" pour lutter contre les extrémismes.
 
Sur l'asile, le Président français a déclaré vouloir mettre fin à une situation où "27 dossiers sont déposés dans 27 démocraties et où les réponses ne sont pas les mêmes".
 
Politique européenne de la défense
 
La Présidence française souhaite faire progresser la politique européenne de la défense, "comment l'Europe peut-elle être une puissance politique si elle n'est pas capable de se défendre", a demandé Nicolas Sarkozy, citant l'exemple du Kosovo.
 
"Il faut une politique européenne autonome de la défense à côté de l'OTAN", a-t-il affirmé.
 
"Bilan de santé"de la PAC
 
Abordant "la question si difficile de la PAC", le Président du Conseil européen a relevé qu'"il y a parmi nous des Etats qui défendent ardemment le travail de leurs paysans et d'autres qui trouvent que la politique agricole coûte trop cher".
 
Plus de 850 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde et un enfant meurt toutes les 30 secondes par manque de nourriture, a rappelé Nicolas Sarkozy. "Est-ce raisonnable de diminuer la production agricole alors qu'on en a jamais eu autant besoin ?", a-t-il demandé, affirmant que "ce n'est pas une question de l'agriculture française" car "la sécurité alimentaire concerne tout le monde". Le Président français a plaidé pour que les 27 se mettent d'accord sur les concepts de "sécurité alimentaire" et de "suffisance alimentaire" dans le cadre du "bilan de santé" de la PAC.
 
"Est-il raisonnable d'imposer à nos agriculteurs des règles de traçabilité et de continuer à importer des viande qui ne respectent aucune des règles imposées à nos agriculteurs ?", s'est-il encore interrogé.
 
Dimension sociale
 
Il y a une certaine contradiction entre ceux qui accusent l'Europe de se mêler de tout et qui lui reprochent son inaction sur le plan social, a estimé Nicolas Sarkozy. "M. Barroso a bien fait de mettre cette question à l'ordre du jour", ajoutant que la Présidence française comptait en faire une priorité et aborder notamment les questions des comités d'entreprises, du travail intérimaire et des règles minimales à imposer en Europe.
 
Le Président français a aussi annoncé son intention d'organiser une conférence sur la maladie d'Alzheimer, "qui touche des millions d'Européens". L'idée est selon lui de réunir les spécialistes européens pour "mettre ensemble leurs pratiques" et trouver des moyens pour "faire reculer cette maladie épouvantable".
 
Exceptions sportive et culturelle
 
Abordant la culture et le sport, Nicolas Sarkozy a estimé qu'il serait "une grave erreur de ne pas parler des sujets qui intéressent directement les citoyens". Soulignant "l'exception culturelle européenne" et affirmant que "le monde doit pas être aplati derrière une seule langue et une seule culture", il a notamment évoqué la question de la fiscalité sur les disques.
 
"Il faut une exception sportive" similaire à l'exception culturelle, a-t-il ajouté, évoquant les problèmes des clubs de football qui ne peuvent lutter contre le départ de jeunes qu'ils ont formés. "Le sport ne doit pas être régulé par les règles de marché", a estimé Nicolas Sarkozy.
 
Conclusion
 
"L'Europe a souffert de beaucoup de choses" et en particulier de la "lâcheté de beaucoup d'entre nous" qui n'ont pas toujours assumé les choix qu'ils avaient faits à Bruxelles, a dit en conclusion le Président Sarkozy. "La présidence française travaillera main dans la main avec vous", a-t-il affirmé devant les députés. "Je sais parfaitement que c'est difficile" de défendre les intérêts de l'Union et de "jouer collectif dans une Europe des 27", mais "j'espère que dans six mois on pourra dire que l'Europe a progressé".
 
Les réactions des Groupes politiques
 
"Cette présidence est marquée de la volonté politique de surmonter la crise de l'UE, suite au "non" irlandais" a souligné Joseph Daul (FR), au nom du groupe PPE-DE. L'objectif est de faire faire adhérer les citoyens européens qui doutent du projet européen confrontés à la mondialisation, à la hausse des prix et à la perte des repères traditionnels. La sécurité, le climat, les migrations représentent des enjeux majeurs dans cette perspective. Le traité de Lisbonne est fondamental car il permettra à l'UE de décider plus efficacement. Le groupe PPE-DE souhaite que tous Etats membres ratifient ce Traité et que l'Irlande puisse réfléchir et faire des propositions pour sortir de la crise. "Je fais confiance à la présidence française pour travailler à cet objectif", a déclaré le président du groupe PPE-DE. Il a plaidé pour l'absence de surenchère et pour concentrer toute l'énergie voulue à l'emploi et à la modernisation du modèle social Le paquet énergie /climat représente une urgence politique, ce dossier devant être traité avant le mois de décembre pour servir de référence lors du sommet de Copenhague. Au niveau du commerce mondial, il a insisté sur l'importance d'exiger la réciprocité. Concernant les migrations, il a estimé qu'il était temps de sortir de l'hypocrisie, de nombreux pays déjà une politique d'immigration choisie. "Toutefois il faut veiller à assurer des conditions humaines et le Pacte sur l'immigration va dans bon sens". Il s'est réjoui du bon accueil réservé à ces propositions par les Ministres des 27 Etats membres. Enfin, le président du PPE-DE a insisté sur  la sécurité alimentaire et  la défense  : "Comment l'Europe peut elle être crédible sans une défense digne de ce nom? Nous avons besoin d'une défense pour assurer la paix en Europe et pour aider les plus démunis dans ce monde".
Il a conclu en réitérant sa confiance dans la présidence pour redonner "le goût de l'Europe".
 
Martin Schulz (DE), au nom du PSE, a rappelé les thèmes qui seront prioritaires au cours des six prochains mois, tels que le paquet climatique et la ratification du traité de Lisbonne. Il a rappelé la nécessité d'accroître la transparence, la démocratie, ainsi que l'incidence des Parlements nationaux. Il a déploré le blocage relatif au traité de Lisbonne, "au moment où nous avons besoin de nouveaux instruments". Abordant ensuite la question de l'Europe sociale, il a qualifié "d'erreur" l'idée que la question sociale concerne les pays individuellement. Selon lui, "le progrès économique européen engendre plus de croissance et d'emploi, mais devrait également engendrer plus de protection sociale". Le Président du PSE a rappelé la crainte, parmi les citoyens d'européens, de pertes sociales, et la nécessité de rendre confiance au "citoyen lambda", pour qui "les progrès sont actuellement avantageux pour les entreprises et les banques", en lui démontrant que l'UE peut lui être avantageuse également. "La France a proposé la première charte des droits fondamentaux, et vous avez cette tradition" de protection des droits de l'homme, a-t-il souligné, demandant au Président en exercice du Conseil de faire en sorte que Berlusconi résolve la question des Roms. "Vous êtes courageux et audacieux, donc aidez nous, et votre présidence sera couronnée de succès", a-t-il conclu. Les citoyens risquent de se détourner de l'Europe.
 
"Le vote irlandais contre le Traité rend votre présidence plus problématique", a constaté Graham Watson (ADLE, UK). Le Président de groupe a souligné l'importance du paquet énergie et climat mais a estimé que la solution d'une TVA sur les carburants "ne pourrait résoudre le problème qu'à court terme". "Il faut réduire les émissions de CO2 de 50% voire au-delà pour tenir compte de la situation économies émergentes", a- t-il ajouté. Par ailleurs, pour résoudre la hausse des prix des denrées alimentaires, "la réforme de la PAC ne doit pas signifier plus de protectionnisme", a-t-il indiqué. Graham Watson a également cité l'immigration, la lutte contre la traite des personnes, la libéralisation des marchés comme autre points essentiels. Sur la Russie et en particulier la Chine, il a appelé la Présidence française "à jouer collectif", "l'Europe doit montrer son attachement au respect des droits de l'homme et à la dignité des hommes et des femmes".
Pour rapprocher l'Europe des citoyens, il faut redonner une âme à l'Europe en réaffirmant ses racines et ses valeurs communes, a estimé Cristiana Muscardini (IT), pour le groupe UEN. Strasbourg et ses drapeaux symbolisent la paix retrouvée, a-t-elle ajouté. Elle a plaidé pour un projet susceptible de donner des repères aux jeunes et suggéré une Charte des devoirs notamment pour protéger l'environnement. Prônant de nouveaux rapports avec l'Afrique sur la base d'un commerce équitable, de la lutte contre le terrorisme et du respect des droits de l'homme, elle s'est félicitée du projet d'Union pour la Méditerranée. Enfin, elle a évoqué l'importance des PME.
 
S'exprimant au nom des Verts/ALE, Daniel Cohn-Bendit (FR) a salué le "volontarisme européen" de Nicolas Sarkozy. Il a déploré qu'aucune règle n'oblige les constructeurs à produire des voitures qui ne consomment que 2 à 3 litres, ajoutant que "ce sont les consommateurs qui paient aujourd'hui l'essence au prix où elle est". Il a également plaidé pour que le Parlement soit en codécision dans le domaine de l'émigration légale. "J'en ai assez que, chaque fois qu'on parle d'émigration, on parle d'immigration illégale", a-t-il martelé, ajoutant que "l'UE existe aujourd'hui grâce aux hommes et femmes de l'immigration qui l'ont construite avec nous". " Nous avons construit une maison où nous avons oublié les portes. Les gens rentrent par la fenêtre. Construisons ensemble d'abord les portes pour rentrer dans l'Europe et après, on verra ce qu'on fera de ceux qui rentrent illégalement", a-t-il expliqué. Pour protéger les européens, l'UE doit "s'attaquer au dumping social et fiscal". Et d'ajouter: "N'acceptons pas de dire que la question sociale ne fait pas partie des compétences européennes". Enfin, il a déploré la décision prise par Nicolas Sarkozy de se rendre à l'ouverture des Jeux olympiques: "vous aviez l'occasion de défendre les valeurs européennes en disant que vous ne participeriez pas à la mascarade du parti communiste chinois".
 
Francis Wurtz (GUE/NGL, FR) a souligné "l'incontestable point fort" de la présidence française et "son trop évident point faible". "Son point fort, c'est qu'elle ne dit pas que l'Europe va bien et qu'elle doit continuer ainsi, quand de plus en plus d'Européens pensent qu'elle va mal et que les choses doivent changer", a-t-il affirmé. Parmi ses point faibles, le Président de groupe a cité "la pression sur le peuple irlandais" par rapport au Traité de Lisbonne, les statuts de la BCE, "la directive de la honte condamnée par la Haut Commissaire des Nations Unies pour les Droits de l'Homme, par toutes organisations des droits de l'Homme comme par les Eglises européenne," et la question sociale "que vous évacuez et qui doit selon vous, rester du seul ressort des Etats".  "Vous dites que vous n'avez pas aimé l'image du "plombier polonais".  Moi non plus! (...) Je dis "bienvenue aux travailleurs de tous les pays " à égalité de droits dans tous les domaines.  C'est précisément ce que refuse l'actuel droit européen", a-t-il affirmé. Francis Wurtz a également critiqué la phrase prononcée par Nicolas Sarkozy le week-end dernier,  "désormais, quand il y a une grève, les Français ne s'en aperçoivent même plus". "Si pour rassurer les dirigeants européens, il faut à présent insulter les syndicats, c'est qu'il est décidément urgent de changer l'Europe!", a-t-il conclu.
 
Pour le groupe IND/DEM Philippe de Villiers (FR) a estimé que "les peuples d'Europe ont à supporter les effets désastreux des politiques décidées à Bruxelles et à Francfort", qu'il s'agisse des OGM, de la pêche, ou du football. Et d'ajouter ; "tout le pouvoir nous et vous échappe, le pouvoir étant entre les mains des juges, des fonctionnaires  et des banquiers". Il a estimé qu'il était grand temps de remettre l'Europe d'aplomb, de respecter le non irlandais et de proclamer la mort du Traité de Lisbonne
 
Jean-Marie Le Pen (FR), au nom des non-inscrits, s'est montré pessimiste par rapport aux ambitions de la présidence française. "A l'opposé de la majorité des électeurs français, vous vous êtes révélé comme un européiste zélé", lui a-t-il reproché, rappelant que le projet européen vient "d'achopper sur la volonté du peuple irlandais". Se présentant comme un "adversaire résolu" du traité de Rome, il a plaidé pour une Europe des nations: "Votre Europe est un vaisseau qui part à la dérive, et est la seule région ayant délibérément démantelé ses structures politiques et morales".
 
Réponses de la Présidence du Conseil

 
Répondant aux différents intervenants, Nicolas Sarkozy a notamment commenté sa décision d'assister à la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques,  décision à laquelle aucun Etat membre ne s'est opposé. Il a précisé qu'il soulèverait la question des droits de l'homme en Chine, mais "nous ne pouvons boycotter un pays qui représente un quart de la population du monde". En ajoutant : "le monde a besoin de la Chine pour résoudre des problèmes comme le Darfour ou l'Iran".
 
A propos du paquet/énergie climat, il a rappelé qu'il ne s'agissait pas de choisir entre croissance et environnement. Dans ce domaine, il a estimé que "la réciprocité n'est pas synonyme de protectionnisme et que "c'est le Parlement qui aura le dernier mot".
 
A propos des marchés financiers, il a annoncé son intention de proposer des règles pour juguler la spéculation qui a pris des proportions énormes ces derniers mois.
 
Concernant la mobilité internationale des étudiants, il a insisté sur l'importance "de ne pas piller les élites  des pays du tiers monde".
 
Interventions des Députés francophones
 
"Pas du tout partisan à Paris, pas tout à fait opposant à Strasbourg", c'est ainsi que s'est défini Bernard Poignant (PSE, FR). A propos des quatre  priorités de la Présidence, il a insisté sur le chapitre social : "une partie doit rester nationale (retraites, protection sociale) mais une partie doit être européenne dès lors qu'il y a marché et monnaie. C'est le cas du travail en général, de son droit, de son temps, de ses conditions". Ce domaine, selon le député, devrait comporter la directive-cadre services publics : "Mettez y la même énergie que pour les restaurateurs les services publics". Mais la crise européenne, en ces temps où la paix semble assurée, n'est pas que sociale et démocratique : "elle est aussi d'identité". D'où l'importance de certains domaines pour consolider la conscience européenne comme l'éducation et la culture. Le député a conclu en évoquant "le traité simplifié se retrouve dans une situation compliquée. A vous de le désembourber."
 
Marielle De Sarnez (ALDE, FR) a quant à elle attiré l'attention sur la "fracture" entre citoyens et UE, illustrée par le "non" irlandais. Elle a développé trois pistes de réflexions, portant "sur l'essentiel", et n'étant pas seulement "affaire de politique, mais aussi de confiance". Premièrement, elle a soulevé la question de l'identité européenne, et s'est dite convaincue de l'existence d'un modèle européen, "économique, durable et social". Plaidant pour une vision nouvelle de l'organisation du monde, elle a ensuite appelé l'UE à travailler en vue de l'autosuffisance de l'Afrique. Enfin, elle a rappelé les valeurs de démocratie et de respect des droits de l'Homme, "auxquelles nous ne devons jamais renoncer", parce qu'elles sont l'identité profonde de l'Europe.
 
Margie Sudre (PPE-DE, FR) a souligné la nécessité "d'une volonté politique claire, compréhensible et concrète" pour "être à la hauteur de nos espérances et de l'attente de nos concitoyens". "Les quatre priorités ainsi que d'autres enjeux tels que la gouvernance économique de la zone euro ou encore la création d'une zone de stabilité et de prospérité au sein du bassin méditerranéen nous semblent effectivement de nature à répondre aux préoccupations des citoyens de l'Union européenne", a-t-elle affirmé. Par ailleurs, la députée souhaite que la présidence française mette un point final à plus de 15 ans d'efforts pour réformer le fonctionnement de l'Europe élargie. "Nous avons besoin que le traité de Lisbonne entre en vigueur le plus tôt possible. Nous avons toute confiance en vous pour négocier avec nos amis Irlandais, et pour convaincre les rares Etats membres qui hésitent encore à ratifier définitivement ce texte", a-t-elle déclaré.
 
Pour Robert Goebbels (PSE, LU), les initiatives européennes en matière de réduction des émissions de gaz à effets de serre n'auront une réelle utilité que si des efforts sont également réalisés en dehors de l'UE. Constatant les délocalisations d'industries européennes, telles que celle d'Arcelor, qui investit en Inde et au Brésil, il a insisté pour que l'Union européenne fasse "des efforts pour montrer son savoir faire industriel".
 
Jean-Marie Cavada (ALDE, FR) a salué "l'énergie" du discours de Nicolas Sarkozy, qu'il a trouvé "clair, précis et convaincant". Selon lui, il est temps de développer des possibilités d'immigration légale et un véritable système commun d'asile. "La Présidence française, de par ses liens historiques avec plusieurs des pays d'origine et de transit, se grandirait en posant la première pierre de ce chantier titanesque mais si nécessaire", qu'est celui du pacte sur l'immigration. Il a également insisté sur l'importance de la mise en place d'une politique de proximité et de surveillance à travers le Processus de Barcelone; Union pour la  méditerranée. Enfin, il a souligné l'importance de la culture, qui "aura aussi besoin de votre volontarisme".
 
Pour Harlem désir (PSE, FR), il y a une contradiction entre la volonté d'une "Europe qui protège" et "la dimension sociale qui n'est pas érigée en l'une des quatre priorités de la Présidence". Lors des référendums sur les questions institutionnelles, "les peuples répondent sur les politiques de l'Union européenne". "Les avancées économiques, souhaitables, et la stagnation sociale sont à l'origine de ce désamour", a-t-il estimé. "Dans un marché unifié, notamment un marché du travail, il faut des normes communes (...) tirées vers le haut", a-t-il ajouté, appelant le Présidence du Conseil à s'engager sur l'agenda social proposé par la Commission.
Enfin, la politique européenne de l'immigration ne doit pas se limiter au pacte européen sur l'immigration et l'asile mais doit être accompagnée d'un pacte pour l'intégration et d'un pacte pour le développement, a-t-il affirmé. Aussi, le respect des 0,7% du PIB des pays riches en faveur de la politique de développement "serait beaucoup plus efficace que l'indigne directive retour", a-t-il conclu.
 
Réponses de la Présidence du Conseil

 
Reprenant la parole, Nicolas Sarkozy affirmé qu'il serait à la disposition du Parlement européen tout au long de sa Présidence. "C'est une affaire de priorité", a-t-il ajouté.
 
Abordant la dimension sociale de l'Union, il s'est adressé particulièrement à Bernard Poignant (PSE, FR) et Harlem Désir (PSE, FR), affirmant être contre une harmonisation totale, mais pour "des règles minimales dans le cadre du marché du travail".
 
Nicolas Sarkozy a ensuite appuyé le propos de Marielle de Sarnez (ALDE, FR), en soulignant le besoin de "changer nos politiques de développement", notamment en donnant priorité à l'agriculture vivrière: "les pays d'Afrique doivent devenir autosuffisants en matière alimentaire". Le développement est selon lui essentiel "pour éviter l'immigration clandestine".
 
Au sujet de la diversité linguistique, Nicolas Sarkozy a estimé que "donner aux mouvements autonomes le monopole de la défense des langues régionales" constituait un grand service à leur rendre. Citant l'exemple de la Corse, il a estimé que les langues et cultures régionales ne mettent pas en cause l'identité nationale.
 
A une question relative à la signature du traité de Lisbonne par la Pologne, affirmé que, au niveau européen, apposer sa signature à un traité sans la respecter ensuite ne permettait pas d'aller de l'avant. "Nous avons besoin de la Pologne, mais aussi du respect de la parole donnée", a-t-il affirmé.
 
Enfin, rappelant la nécessité de respecter le vote irlandais, il a affirmé que "la Présidence française devra bien prendre une initiative, car une solution existe", a-t-il ajouté, "mais certainement pas dans l'immobilisme". Et de constater: "Le temps est contre nous. Cela fait des années que l'Europe attend et elle n'a pas intérêt à continuer à attendre".
 
 
Réponse du Président de la Commission

 
Dans sa réponse au débat, le président de la Commission, José Manuel Barroso a félicité le Président Sarkozy "pour sa volonté et son enthousiasme" qui, selon lui, ne manqueront pas de se manifester tout au long de la présidence française. "C'est dans les moments difficiles que les capacités politiques et la forte volonté politique sont les plus importantes", a t-il ajouté.
 
L'Europe est différente des systèmes politiques nationaux où la question de la légitimité des dirigeants politiques ne se pose pas. En Europe, différents  courants populistes sont opposés à la mission de paix et de solidarité qu'incarne l'UE. Aussi est-il essentiel que les institutions "travaillent de concert avant les élections européennes afin d'éviter de donner des arguments aux extrémistes du système politique".
 
"Bonne chance à la France et bonne chance à mon ami Nicolas Sarkozy!" a conclu Jose Manuel Barroso.
 
Conclusions de la Présidence du Conseil

 
En réponse à une question sur l'Europe à plusieurs vitesses, le Président français a répondu qu'il souhaitait "essayer que tous les Etats membres aillent dans la même direction avant d'arriver à cette option". "Si tous les pays demandent une exception, où sera l'Union européenne?", a-t-il demandé.
 
Sur la hausse des prix du pétrole, "je ne souhaite pas imposer la proposition française de TVA sur les carburants mais la TVA est une fiscalité proportionnelle sur les prix", a précisé Nicolas Sarkozy.
 
 Sur l'Union pour la Méditerranée, en réponse à une question de Jean-Marie Cavada, le Président en exercice a souligné que "la totalité des chefs d'Etat arabes seront présent au Sommet de Paris du 13 juillet prochain", contrairement au processus de Barcelone.
 
Interrogé également sur une dimension européenne du sport, Nicolas Sarkozy a ajouté qu'il "souhaiterait voir une colonne spécifique pour les médailles européennes en plus des médailles nationales lors des Jeux olympiques".
 
Dans le domaine social, il s'est adressé à Harlem Désir en se déclarant favorable à des normes minimum communes mais a critiqué les 35 heures "qui n'existent pas ailleurs".
 
Enfin, il s'est déclaré en faveur de la définition d'une identité européenne. "La définition d'une identité européenne appartient au Parlement européen", a-t-il estimé. VOIR LE DISCOURS SUR LE SITE DE LA PRESIDENCE FRANCAISE 

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