Magazine Focus Emploi

Le storytelling peut apprendre des photographes

Publié le 12 décembre 2019 par Dangelsteph
Le storytelling peut apprendre des photographes

Aussi performant soit-il, le storytelling est évolutif : et il peut toujours se perfectionner encore. Il peut importer le savoir et la pratique des photographes, par exemple, pour porter son efficacité encore plus haut.

Les images racontent des histoires :

Une connaissance, photographe professionnel, m'a dit un jour : "la photo, c'est écrire avec la lumière". C'était dit sur le ton de la boutade. Mais ce n'était pas, loin s'en faut, ridicule. Il y avait même beaucoup de justesse dans cette phrase. D'ailleurs, le photographe s'en est lui-même rendu compte puisqu'il a réutilisé sa phrase quelques temps plus tard, au cours d'un entretien de recrutement. Il a été recruté, d'ailleurs (mais pas uniquement grâce à cette phrase !).

Ce n'est quand même pas la découverte du siècle : on sait depuis longtemps qu'une image vaut mille mots. Une image, sans aucun accompagnement de mots, peut raconter une histoire.

Cela dit, comment est-ce que l'approche des photographes peut permettre d'enrichir encore le storytelling que tout un chacun peut pratiquer ?

Les techniques de photographie transférables au storytelling :

Il y a quelques techniques et approches clés.

    Les lignes : un photographe travaille avec des lignes. Ces lignes sont verticales, horizontales, courbes ou complètement éclatées. Des routes, des couchers de soleil, des ponts... Ce sont des lignes. Ce n'est pas juste pour se situer, effectuer un cadrage. Les lignes ont un impact émotionnel. Par exemple, des lignes verticales évoquent la puissance et la stabilité. Des lignes horizontales sont plus apaisantes. Pour les diagonales, c'est plus directement compréhensible : elles évoquent une augmentation ou une diminution. Quoi de particulier pour le storytelling ? Et bien, que ce soit pour un storytelling en photo, dans une présentation PowerPoint, dans une vidéo, utiliser ce concept de lignes peut apporter un plus à la construction et au rythme de l'histoire.
    Les formes : c'est très directement une conséquence de l'utilisation des lignes. Les lignes génèrent des formes. Exemple : un même personnage ou objet pris en photo de manière directe, ou en silhouette. Les formes ne véhiculent pas toutes le même message et n'ont pas toutes le même impact émotionnel, la même tension, la même énergie, le même feeling. Les formes devront bien entendu être en adéquation avec le design global de l'histoire. Elles devront aussi apporter quelque chose à la dynamique de l'histoire. C'est assez flagrant dans les présentations de type PowerPoint. Cela s'étend à la forme de polices de caractères utilisées dans l'histoire. Les polices aussi envoient du lourd, question message. Le dynamisme pour des polices de caractères à empattements (type Times), les polices plus droites (Helvetica etc.) ayant une image plus jeune. L'italique et le gras ont aussi quelque chose à dire. Ce n'est pas la peine que je réécrive ce qui a déjà été très bien expliqué ailleurs sur le sens des typographies diverses et variées.
    La texture : utiliser la lumière pour mettre en... lumière certains détails d'un objet ou un personnage permet de mieux appréhender ce dernier, en lui donnant un relief (au sens propre comme au sens figuré) particulier dans l'histoire. Douceur, dureté... Des significations sensorielles peuvent être attachées de cette manière à l'histoire. Et on sait que les éléments sensoriels facilitent beaucoup le transport d'un public dans une histoire, son immersion dans un récit comme s'il en faisait partie. Prendre visuellement en compte cette notion dans son storytelling peut donc aussi lui apporter un plus certain.
    L'unité : le photographe essaie d'appliquer un motif, un style qui va donner de l'unité à une image ou à une suite d'images qui va accroître l'intérêt de ses créations parce que le public va le et s'y retrouver. C'est très proche du fameux principe de la répétition chère aux communicants. Avoir une unité, ne serait-ce que dans le choix des images qui vont agrémenter une présentation narrative sera un plus certain. Utiliser une "famille" d'images va contribuer à former un cadre, apporter un guidage au public, qui va bien plus facilement parvenir à suivre l'histoire. Des images disparates, sans "esprit de famille", par contre, vont avoir tendance à égarer le public et lui donner une impression d'inachevé.
Le storytelling peut apprendre des photographes
    L'espace : jouer avec l'espace est un bon moyen d'exprimer des émotions et de donner du sens à une histoire. L'espace laissé "inoccupé" dans une image peut s'apparenter aux silences dans un discours. Cela amènera aussi à bien choisir l'emplacement des éléments les plus intéressants de l'image. Comment faire cela ? Et bien, il y a, en photographie, un principe connu comme "la règle de 3″. Elle consiste à diviser une image en 3, horizontalement et verticalement, ce qui aboutit à un quadrillage composé de 9 carrés. La règle d'efficacité photographique consiste à placer l'élément le plus intéressant de l'image le long de l'une des lignes de ce quadrillage, pour avoir une bonne composition.
Et pour en savoir encore plus sur le storytelling
    Le contraste : un fort contraste attirera l'attention du public. C'est vrai dans le contenu de l'histoire, c'est vrai aussi dans les images qui la véhicule. Des tons de couleurs plus proches les uns des autres apportera davantage une impression de calme, rassurante. Tout dépend de l'enchaînement des événements dans l'histoire, qui exigera plus ou moins de tension, que l'image pourra apporter. La roue des couleurs de Newton pourra être d'une grande aide pour choisir, également, des couleurs qui "vont bien ensemble".
    Les couleurs : rien que le fait d'utiliser des couleurs chaudes ou froides donne déjà un ton, une ambiance, une humeur même à l'histoire. Il paraît même qu'entre 60 et 90% des gens (la fourchette est large mais quand même !) prennent leurs décisions dites impulsives sur la base des couleurs exclusivement. La psychologie des couleurs a d'ailleurs fait l'objet de nombreuses études. Certains photographes recommandent l'utilisation de couleurs profondes et hautement saturées. C'est l'intensité de la couleur qui intervient, là.

Et si on ajoute l'usage de la lumière et des ombres, c'est une très grande richesse d'opportunités possibles qui s'ouvre pour toute histoire. A condition, toujours, que cela apporte quelque chose à la dynamique de l'histoire.

Ce qui peut donner quelque chose de ce style :

Ces quelques principes clés de la photographie peuvent donc avoir un vrai impact sur l'efficacité de l'histoire, dans votre storytelling. Bien entendu, il sera facile d'appliquer ces règles dans un storytelling qui comportera une bonne part d'éléments visuels, mais au delà, même un texte non illustré doit pouvoir évoquer des images. Donc, c'est plus globalement que tout cela s'avère aussi efficace et utile.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Dangelsteph 367 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte