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"Pas vu, pas pris", la nouvelle devise de la Macronie

Publié le 08 février 2020 par Juan


Telles de petites racailles faisant leur coup en douce, une quarantaine de député(e)s macronistes récusent un amendement pourtant porté par l'un de leurs alliés de droite visant à relever à 12 jours le congé payé pour deuil d'un enfant. On ne pensait pas que cela se serait vu, osa expliquer plus tard Gilles Legendre, un ex-socialiste devenu valet de cette présidence des riches.

"Pas vu, pas pris", la devise des couards.
Ils ont été vus, ils ont été pris. Ils ont même été filmés, comme Sereine Mauborgne, "députée du peuple" qui explique "quand on s'achète de la générosité à bon prix sur le dos des entreprises, c'est quand même un peu facile". Le dégout public est tel que Macron est contraint de sortir de son silence et réclamer "de faire preuve d'humanité". La droite, la gauche, le Medef, des éditocrates habituellement supporters, tous s'indignent. La ministre Pénicaud s'embourbe, les godillots qui ont voté cette saloperie se cachent.
Quelques Playmobils macronistes viennent justifier, sans s'excuser - "On a peut-être été trop techniques".
Trop technique, l'inhumanité ?
La Macronie avance ainsi, la queue basse. Ses attaques contre l'hôpital précèdent son indifférence bourgeoise au sort des gens.  Parfois, ces coups de canifs contre l'esprit humain découragent ses propres supporteurs. Encore deux député(e)s macronistes ont quitté les rangs présidentiels cette semaine. Certains dénoncent un "cabinet noir" qui leur donne des fiches d'éléments de langage et de consignes de vote.
« Un député (de droite) propose d’allonger de 5 à 12 jours le congé des parents lorsqu’ils perdent un enfant. Sur le sujet je pensais qu’il n’y aurait pas de FI, pas de LR, de Modem, pas de En Marche. » François Ruffin

"Pas vu, pas pris", le CETA...
Ce traité qui renforce le commerce européen avec le Canada (98% des droits de douane ont été supprimés), endossé par Macron l'an dernier, permet au Canada d'exporter en France ses produits agricoles sans grande contrainte. 42 pesticides interdits en Europe sont encore autorisés là-bas. On se souvient des mensonges présidentiels de l'an dernier: "un très gros travail a été fait par le gouvernement, par Nicolas Hulot et par les parlementaires pour améliorer ce texte et obtenir des garanties supplémentaires". La Cour des Comptes se plaint de l'absence d'efforts de réduction de consommation de pesticides en France en 2018, mais le Macronistan importe des produits abimés. Il recule à la saint-Glin-Gmin l'interdiction du glyphosate, et reporte à 2022 l'interdiction de produire en France et d'exporter depuis la France des pesticides jugés dangereux par l'Union européenne (validée par le Conseil Constitutionnel cette semaine).
Alors que les tempêtes se font plus violentes même sur les côtes méditerranéennes, que l'hiver est trop clément même dans le Nord-Pas-de-Calais, le mépris de l'environnement au nom du réalisme économique se cache dans une novlangue administrative et positive. L'Espagne voisine est menacée de désertification, la France promeut  12 sites "clés en main" de "reconstruction industrielle" aux 200 représentants de multinationales invités à Versailles pour le sommet "Choose France".
"Pas vu, pas pris", la manipulation démocratique
En 2017 déjà, le candidat Macron avait publié son programme tardivement et de surcroît il était flou et peu précis. Alors que la loi Travail, la loi Asile et Immigration, la réforme fiscale en faveur des plus riches, la réforme de la SNCF et la réforme des retraites sont aujourd'hui présentées par les gogos du Macronistan comme les piliers de ce quinquennat, aucune ne fut détaillée, présentée, défendue au moment de l'élection présidentielle comme les futurs éléments clés du programme jupitérien.
Imaginez Macron faire de la retape pour son programme anti-migrant avant son face-à-face avec Le Pen...  Pas vu, pas pris ? Macron a fait campagne sur des malentendus (asile), des sous-entendus (travail), des omissions (ISF, SNCF) et des mensonges (retraites).
En 2019, pour les élections européennes, rebelote, Macron dévoile son programme quatre semaines avant le scrutin. En 2020, le ministre Castaner tente de supprimer l'étiquetage politique des listes municipales pour les communes de moins de 9000 habitants. Le Conseil d'Etat le rappelle à l'ordre républicain.
"Pas vu, pas pris", les policiers contre des civils.
La multiplication de ces videos amateurs dévoilant les violences policières depuis 2 ans agacent désormais. Benalla a ouvert le bal de l'inconfort macroniste, filmé en pleine agression de civil un 1er mai 2019. Puis Macron a voulu faire peur aux Gilets Jaunes en décembre 2019. Il fallait que la violence se voit pour "décourager" les manifestants. Mais l'incompétence du duo Castaner/Nunez et la rage effrayée du monarque ont fini par provoquer tellement de blessures, physiques et graves, devant tant de caméras, que l'indignation des plus modérés s'est fait jour. Macron, la France elle même furent accusés de dérapages par la communauté internationale et les médias. Alors les consignes ont changé. Les flics violents masquent leur numéro d'identification (RIO), se cagoulent le visage. Puis Macron nie la réalité - malgré ces centaines de blessés, il nie. Ou plutôt il cache et fait cacher.
Quand des élèves scandalisés par les premières épreuves du nouveau bac élitiste (*) protestent et bloquent, les sanctions qui tombent sur ces mineurs ont plus à voir avec la répression anti-terroriste et la lutte contre la criminalité que le simple rappel à l'ordre: garde à vue, parfois jusqu'à 48 heures comme pour les pires criminels.
Pour l'Acte 64 des Gilets Jaunes, la police casquée entre dans une église. Pour l'Acte 65, deux CRS extirpent un jeune homme aligné sur un mur avec d'autres passants pour le frapper au sol. 
"Pas vu, pas pris", c'est ce qu'espérait Alexandre Benalla, brassard de police au bras et casque sur la tête quand il frappe des manifestants, Emmanuel Macron quand on lui rapporte les faits; Christophe Castaner quand il se trémousse en boite de nuit avec une maitresse sans protection.
"Pas vu, pas pris", contre les services publics
Il y a des macronistes sincères qui pensent que les grandes réformes de Macron aident à sauvegarder le service public. Ne rions pas. Discrètement, "pas vu, pas pris", le clan Macron détruit une partie de l'identité nationale: la sécu, la SNCF, l'hôpital, les retraites par répartition, le bac universel, ces éléments, et bien d'autres encore, sont ceux qui distinguent la République française.

"Pas vu, pas pris", contre les plus fragiles
On juge l'honneur d'une communauté à son traitement des plus fragiles. La Macronista se distingue en la matière. Elle fanfaronne depuis l'automne sur la nouvelle bienveillance jupitérienne, rappelons-nous le "J'ai changé" tout empreint de nouvelle modestie d'un Macron bronzé au sortir de l'été. Mais cette offensive marketing a fait long feu: mauvaises polémiques xénophobes lancées par le sommet de l'Etat, puis la réforme des retraites illisibles et antisociales ont troublé l'argumentaire de bienveillance. Ce n'est pas tout.
Une analyse du budget 2020 par l'OFCE permet de comprendre que le social-libéralisme macroniste frappe plus fort les plus faibles: "près de 70% des ménages" vont bénéficier des mesures du budget 2020, mais "les 15 % de ménages les plus modestes verront en moyenne leur niveau de vie amputé", explique ainsi l'organisme. Près de 5 milliards d'euros de pouvoir d'achat en plus pour les actifs, quelle affaire ! Mais les plus fragiles se serreront davantage la ceinture et, globalement, les réduction de prestations sociales et le futur report de l'âge de la retraite feront le reste.
L'effet cumulé des mesures socio-fiscales depuis 2018 reste très fortement marqué par le geste fiscal effectué en direction des ménages les plus aisés en début d'année 2018. Sur les 17 milliards d'euros de gains de pouvoir d'achat pour les ménages depuis 2018, plus de 4 milliards d'euros l'ont été aux 5% de ménages les plus aisés", note également l'OFCE. "A contrario, depuis le début du quinquennat, les 10% de ménages les plus modestes restent en moyenne les perdants de la mise en place des mesures".
Pas vu, pas pris, la Macronista enferme, traque et punit les réfugiés: 0,1% de la population, quelle menace. Macron a rapidement emboité les pas de Sarkozy et de Valls. Les délais de dépôts de demande d'asile ont été réduits par deux pour expulser plus facilement.
"Pas vu pas pris" sur les retraites ? 
La Macronie a tenté deux mensonges: primo, faire croire que le régime des retraites courrait à la faillite prochaine, c'était faux expliqua le Conseil d’État. Secundo, que tout cela était la faute des régimes spéciaux, faux encore.
Pas vu pas pris, il s'agissait en fait de réduire arbitrairement les pensions, d'économiser sur le dos de tout le monde.
Pas vu pas pris, le gouvernement publie des simulateurs de retraite rapidement démonté par une journaliste du Parisien. Ils étaient bidonnés: pas vu, pas pris, il faudrait que les infirmières bossent jusqu'à 64 ans avec un salaire 30% supérieur à leur rémunération actuelle moyenne pour qu'elles espèrent toucher une meilleure pension. Pas vu, pas pris, le gouvernement réduit la contribution des plus riches au système public: les salariés aisés sont poussés vers la retraite par capitalisation au lieu de la solidarité de la répartition. le Conseil d’État a torpillé une réforme que les mêmes députés godillots qui ont manqué d'humanité sur le deuil des enfants iront prochainement voter à l'Assemblée. 
Pas vu, pas pris ? Les sondages de la France médiatique ne cachent plus l'impopularité hallucinante. En quelques semaines, Macron tombe dans les tréfonds sondagiers qu'avait touché François Hollande. Pire que Sarko... Et voici que l'Elysée s'inquiète de cette fraction grandissante à gauche qui promet l'abstention en cas de duel Macron/Le Pen.
Manu contre Marine, peste illibérale contre choléra neo-fasciste ?
Ami castor, où es-tu ?
(*) La réforme Blanquer du baccalauréat instaure trois mesures élitistes: la promotion des matières littéraires qui sont socialement plus favorables aux classes aisées aux détriments des matières scientifiques; le contrôle continu local  qui supprime l'universalité du bac puisque les épreuves et les notations ne sont plus nationales; et, enfin, l'instauration d'un grand oral calqué sur le modèle des grandes écoles.

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