Magazine Humeur

Les chênes

Publié le 23 juillet 2008 par Jlhuss

“Oh!Quel farouche bruit font dans le crépuscule

Les chênes qu’on abat pour le bûcher d’Hercule! ”

Victor Hugo

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L’attitude du président du groupe socialiste Jean-Marc Ayrault qui n’exclut pas Jack Lang du groupe, tout en déclarant qu’il s’est exclu lui-même, procède du discours incompréhensible et contorsionniste. Au PS, on abat pas les chênes. Il faut reconnaître que les socialistes sont coutumiers du fait en matière d’exclusion sans exclure tout en excluant. Rappelons-nous les palinodies autour du roi de Montpellier Georges Frèche après ses sorties racistes et xénophobes … Pour « Jack », n’oublions pas qu’il grimpait Solutré en première position derrière François Mitterrand! L’exclure reviendrait en quelque sorte à exclure un « Tonton » posthume ! Au point d’incohérence ou ils en sont, pourquoi pas?.

Pensez-vous réellement que le citoyen de gauche, un peu intéressé par la chose politique, comprenne et approuve la position du PS telle qu’elle s’affiche à l’occasion de cette révision constitutionnelle ?

Qu’une opposition « radicale » (sans jeu de mot !) s’exprime à propos de sujets comme la réforme du code du travail, les dispositions en direction des chômeurs, la réforme des retraites, le contentieux du pouvoir d’achat, les réformes à l’école etc. on peut le comprendre et l’admettre. Mais un vote négatif par « système » à l’occasion de changements enregistrées sur des points revendiqués par la gauche depuis longtemps, devient compliqué à expliquer. On pourra objecter que toutes les demandes n’ont pas été satisfaites, en particulier la réforme de l’élection sénatoriale. C’est un argument dilatoire, sauf à désirer, en fait, le rejet de la réforme. Clairement, les modifications sont de taille.

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Des socialistes et non des moindres -”Jack” est l’arbre (le chêne) qui cache la forêt- se posent d’ailleurs déjà la question de la validité de cette stratégie.

Dans une tribune du Monde, Christophe Caresche (Paris), Jean-Marie Le Guen (Paris), Gaëtan Gorce (Nièvre) et Manuel Valls (Essonne) s’interrogent « sur la pertinence de la stratégie du Parti socialiste”

Occasion manquée pour le PS

Ils dénoncent en particulier une incapacité du PS à s’abstraire d’une forme d’anti-Sarkozysme pavlovien qui le conduit à s’opposer systématiquement à tout projet émanant du président de la République.

“Le président de la République ne gagne aucun pouvoir nouveau hormis celui de s’exprimer devant le Parlement réuni en Congrès. (…) En revanche, un certain nombre des pouvoirs du président sont encadrés comme celui de nomination” et “cette réforme s’est attelée à revaloriser les pouvoirs du Parlement et à donner des droits nouveaux aux citoyens”

Les socialistes, n’en finissent pas de perdre toute crédibilité. Il ne fallait pas être grand clerc pour constater que la réforme de la constitution ne donne pas plus de pouvoir au président de la république, au contraire. A dire très vrai, le vieux Gaulliste que je suis, n’en finit pas de pleurer sur le lait renversé et sur une constitution qui à ses yeux n’a plus rien à voir avec celle inaugurée par le Général de Gaulle. Il avait voulu « mettre fin au régime des partis », ils reviennent en force. Le quinquennat a été le coup de grâce et il y a belle lurette que la Vème est aux oubliettes, dans son esprit comme dans sa forme, même si le “numéro” persiste. On a largement décrit par ailleurs le forcing de Sarkozy et de son entourage pour empêcher des députés de droite de voter non ou de s’abstenir. A postériori l’auteur du « coup d’Etat permanent » est, en fait, exaucé. Il est curieux que les seuls à ne pas s’en rendre compte soient ses enfants.

“Il avait dit tout le monde …” ! “Vous devriez là laisser passer, ça ferait plaisir au général : elle parle comme la France.” … et la femme se hâte en claudiquant vers l’église, devant le grondement du char qui porte le cercueil.

[André Malraux “Les chênes qu’on abat …”]


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