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Le mammouth fait des claquettes

Publié le 23 juillet 2008 par H16

Il faut beaucoup d'énergie et de détermination pour arriver, à partir d'or à le transformer en plomb. L'opération nécessite, à tout le moins, un réacteur nucléaire fort puissant, bien calibré et terriblement compliqué à mettre en place. Et pourtant, en France, nous disposons d'un tel engin : cette nation qui, depuis plusieurs décennies, accumule pourtant les retards et les boulettes, aura su trouver dans les forces vives d'un paysage politique particulier tous les ingrédients nécessaires à cette grandiose réalisation.

Ce réacteur nucléaire à transmuter l'or en plomb n'est autre, vous l'aurez compris, que le PS.

Et la principale boisson de cet encombrant pachyderme techno-politique est fournie, tous les jours, par la source effervescente et frétillante de l'Élysée. Embouteillée sur les lieux de production, le précieux liquide permet aux caciques socialistes, pour chaque litre ingurgité, d'entretenir des débats ridicules et des postures stériles pendant des semaines et des semaines.

Dernièrement, nous avons ainsi assisté à un nième épisode pathétique d'agitations spasmodiques d'un parti, à l'image du pays, en pleine déliquescence.

Rappel de l'épisode en cours :
Le président socialiste de droite Sarkozy, prenant les socialistes de gauche au mot lorsqu'ils se plaignent de la quasi-omnipotence du président, décide de remettre à plat certains aspects de la Vème République, qui, d'ajustements en modifications, porte probablement un numéro de révision compris entre V5.67 et V5.83. Tout chafouin qu'il est, il décide donc de faire une grosse commission, y placera Balladur comme adjudant, et ... Jack Lang comme sergent. A ce point de l'épisode, le lecteur attentif notera comme morale que parfois, les gens qui vous mettent dans la merde ne vous veulent pas forcément du mal, mais pas forcément du bien non plus.
Cette morale se vérifie quelques mois plus tard alors que la balladurite a pris masse : grâce aux impulsions vigoureuses du teckel frisé, les modifications constitutionnelles sont proposées au vote. Et comme Jack en fut l'un des maîtres d'œuvre, il ne peut se dédire et vote donc 'pour'. Or, enfer, damnation et fourchette en plastique, la réforme passe de justesse : le PS, quasi-unanime, a voté comme un seul homme mammifère légume... à l'exception de Jack. Son parti lui tombe dessus comme la misère sur le pauvre monde.

Eh oui : bien qu'appartenant aux racailles mafieuses de gauche, Jack a décidé de suivre les racailles mafieuses de droite, pour cette fois. Et, comme chacun le sait, la liberté d'opinion ainsi que la démocratie, c'est très joli tout ces beaux mots, mais dès lors qu'il s'agit d'émettre une opinion libre et contraire à celle du socialisme, et d'utiliser la démocratie pour ce faire, cette liberté et cette démocratie deviennent subitement fort encombrantes.

Ainsi, la pintade poitevine s'empresse de déclarer qu'"Une seule voix a fait la différence: pourra-t-on en connaître le prix ? Les démocrates, eux, en supporteront le coût", en jouant finement sur la dualité coût / prix, notions économiques qui lui passent pourtant traditionnellement bien au dessus du caquet. Mais, pourtant, c'est justement toute l'essence de la démocrassie de baffer les minorités souriantes avec de bien courtes majorités ! Il est clair que la pauvre politicienne n'en est malheureusement pas à son coup d'essai en matière de démocrassie participative qui lui flanque une volée de bois vert. Et sa vision de la "voix du peuple" laisse supposer un léger décalage avec la définition officielle acceptée par ... une majorité.

A présent, le parti s'étripe intérieurement. Les uns estiment que Jack s'est exclu du "mouvement socialiste". "Mouvement" que d'autres estiment un peu trop proche d'une congélation carbonique totale, couplé à une posture antisarkozyste systématique, qui ne rendent pas trop lisible la position globale du mammouth, perdu dans une salve de claquettes endiablées entre le soutien mou à un Hollande et un Ayrault largement dépassés par l'actualité, et une attitude frondeuse du bout des lèvres, qui ne veut pas être un soutien au gouvernement en place (oh !) sans pour autant paraître arqué sur des principes de plus en plus confus.

A ce point de la danse endiablée du pachyderme, on admirera au moins une chose : la dextérité avec laquelle le président Sarkozy aura réussi à dynamiter consciencieusement tous les efforts des patrons du PS visant à constituer un front uni. Le parti socialiste, en proie à toutes les dissensions, ressemble à s'y méprendre à la droite des années Mitterrand. Cependant, là où Tonton faisait preuve d'une stratégie machiavélique, Sarkozy bénéficie surtout d'une chance prépondérante : il n'y a plus aucune pointure au PS.

J'en veux pour preuve qu'il faut, tout de même, une belle bande de branquignoles pour transformer une victoire à la Pyrrhus de l'UMP, de l'or pour un fin politique, en défaite plombée et tonitruante du PS : eh oui, si l'on regarde les chiffres calmement, la réforme constitutionnelle tant mise en avant par Sarkozy n'est passée, finalement, que de justesse.

Et les socialistes de gauche auraient eu un boulevard en montrant à quel point ce genre d'agitations ne constituaient pas l'essentiel des préoccupations des Français. Utiliser cette si courte majorité pour montrer que le peuple, par ses représentants, ne semblait pas s'occuper tant que ça des réformes constitutionnelles aurait pu constituer un angle d'attaque intéressant. Parce qu'en attendant, et pendant que nos socialauds de droite et de gauche jonglent avec leurs différents lunaires et constitutionnels de pacotille, la conjoncture générale ne s'améliore pas, l'état a de plus en plus de mal à trouver de l'argent pour financer ses lubies ou reboucher des trous toujours plus nombreux. Pendant que les taxes s'ajoutent aux taxes et que l'essence augmente, nos parlementaires s'étripent sur le sexe des anges.

Cet épisode, finalement, est un excellent résumé, condensé fidèle d'une situation générale où l'orchestre joue un rock fiévreux pour amuser la salle de bal pendant que le Titanic coule : pendant que les prisons françaises croulent sous les détenus, le PS s'empresse de savoir s'il faudra tondre Jack ou pas.

Et pendant que nos élus se tricoteront un pull avec la laine du félon, nous constaterons une fois de plus que ce pays est foutu.


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