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La règle du Maître Lu Ban

Publié le 24 juillet 2008 par Fuligineuse

Une exposition qui a lieu actuellement – et jusqu’au 19 septembre – à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine (qui a pris la suite, au Palais de Chaillot, du Musée des Monuments français) s’intitule « Dans la ville chinoise – Regards sur les mutations d’un empire ».

 
Dans le cadre de cette exposition très vaste et riche (presque trop) se trouve une section consacrée au feng shui, et c’est là que j’ai vu les règles de Lu Ban, des règles plates en bois verni. Ce sont des instruments servant à mesurer l’écartement des portes et fenêtres selon les données de l’astrologie et de la numérologie. Les règles sont divisées en huit sections dont quatre fastes et quatre néfastes. Elles sont basées sur les principes conçus par le Maître Lu Ban. Ce personnage historique et mythique du 6ème siècle avant notre ère est en Chine le patron des menuisiers et des charpentiers et on lui on attribue une multitude d'inventions géniales concernant les métiers du bois et de la construction.

Lu Ban était né dans le Royaume de Lu, un ancien royaume de la Chine, patrie de Confucius, aujourd’hui province de Shandong. Son vrai nom était Gongshu Ban et il est connu aussi sous le nom de Maître Gongshu (Gongshuzi), mais en raison de son origine, on l’appelle plus couramment Lu Ban.

Le Lu Ban Chi du menuisier est une règle de bois sans graduation chiffrée, explique Patrick Le Chevoir sur le site « Le Chinois », qui décrit l’utilisation de cet outil par les sculpteurs de Yilan (Taiwan) pour concevoir leurs statues. L'essence de bois ayant servi à fabriquer cette règle est du « hinoki », terme emprunté à la langue japonaise. (Zhen Zhen-Ji, le menuisier qui l’a montrée à l’auteur du site, ne connaît son nom ni en mandarin, ni en taïwanais). Selon lui, ce bois est sacré ; à Taiwan, tout du moins à Yilan, on s'en servirait pour la fabrication des cercueils ; au Japon, il serait utilisé pour la construction des temples. Pour lui, un véritable Lu Ban Chi ne peut être fabriqué qu'à partir du hinoki.

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Sur ce modèle ancien, indique Patrick Le Chevoir, la disposition facilite la compréhension du fonctionnement des unités. Le sens de la lecture est de la droite vers la gauche pour les unités principales au nombre de huit. Chaque unité chapeaute un groupe de quatre couples de caractères dont la lecture s'effectue de haut en bas et de droite à gauche. Il n'existe aucune opposition de couleur pour différencier les « bonnes » mesures des « mauvaises ». La même encre noire a servi pour chaque caractère ou groupe de caractères. Au dos de cette règle se trouve l'unité de mesure appelée Ding Lan Chi qui, selon Zhen Zhen-Ji, est utilisée pour les papiers funéraires où l'on doit inscrire les noms des morts avant qu'ils ne soient définitivement inscrits sur les tablettes des ancêtres.

 L’exposition montrait également un exemplaire du “livre canonique de Lu Ban” compilé au 15e siècle. Ce livre appelé Lu Ban Jing et qui reprend le texte d’un recueil antérieur, le Lu Ban Yingzao Zhengshi, comprend plusieurs éléments, selon Christophe Gaudier :

 Une composante technique, qui plus que sur les procédés de construction porte sur le dimensionnement des structures, avec un aspect fortement normatif qui est une constante dans l’architecture chinoise.
entiers en fixant les gestes et cérémonies devant être exécutés lors des étapes importantes de la construction. C’est dans cette optique que doit être située l’emploi de la "règle de Lu Ban".
ont construire.
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