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L'incroyable hulk

Par Rob Gordon
L'incroyable hulkIl est à peu près aussi vain de comparer le Hulk d'Ang Lee et celui de Louis Leterrier que les Batman de Tim Burton et Christopher Nolan. Mais ne mélangeons pas les torchons et les serviettes, un peu de tenue, puisque le géant vert n'arrive pas à l'orteil de l'homme chauve-souris. Bref, on pourrait relever les plus et les moins de celui-là par rapport à celui d'avant (mieux : vive Ed Norton / les effets spéciaux / le rythme ; moins bien : rendez-nous Jennifer Connelly / le scénar / l'atmosphère), mais ça ne suffirait pas à établir si ce Hulk est aussi incroyable que le dit le titre. Pour faire court, disons que ce super-héros qui n'en est pas vraiment un (bah oui, il a même pas de collant moule-burnes ou de masque en kevlar micro-renforcé) est sans doute le moins intéressant du marché. C'est juste un mec qui devient balèze et incontrôlable quand il se fâche, point à la ligne. Qui dit psychologie limitée (ce qu'Ang Lee avait essayé de modifier, un peu maladroitement) dit film assez primaire, blockbuster estival et bourrin qui ne cherche absolument pas à concurrencer les très grands films inspirés de comics (dont un petit chef d'oeuvre qui sort le 13 août mais qui n'a guère besoin de publicité).
Car Louis Leterrier est un type assez modeste, amoureux du divertissement pur et dur, qui souhaite simplement que le spectateur en ait pour son argent. La bonne surprise, c'est que cette obsession de l'efficacité et du meilleur rendement ne rend pas le film trop stupide ni antipathique. Le magnétisme d'Edward Norton y est pour quelque chose : la première partie, au cours de laquelle Bruce Banner cherche à maîtriser le monstre qui est en lui tout en échappant aux vilains militaires qui veulent sa peau, est assez prenante. Merci au scénariste d'avoir réduit une exposition qui prend habituellement une demi-heure (comment le gentil docteur devient un mutant, comment il découvre sa nouvelle condition, comment il pleurniche ou exulte) en condensant tout cela dans le générique. Merci à Leterrier d'avoir su éviter de tomber dans un surdécoupage épileptique inhérent à ce genre de film, et dont Michael Bay est le fer de lance depuis bientôt quinze ans (putain, le coup de vieux). Sans être suprêmement malin ou original, L'incroyable Hulk est un spectacle qui tient la route, parle aux jeunes et aux (un peu) plus grands, et assure l'essentiel.
Évidemment, le cahier des charges d'un tel film impose un certain nombre de scènes d'action, d'où une dernière demi-heure assez bourrine et pas franchement passionnante, même si techniquement bien exécutée. Le duel entre les deux grosses bébêtes est très longuet, et comme il est dépourvu d'enjeux "humains", il n'est pas plus passionnant qu'une bagarre dans un bar (on est content parce que ça fait du dégât, mais on préfèrerait quand même être ailleurs). Et comme on ne croit pas trop à l'histoire d'amour (la faute à Liv Tyler, qui a vendu son petit talent d'antan pour faire regonfler sa lèvre supérieure), c'est quand même emmerdant. Mais les gamins y trouveront ce qu'ils étaient venus chercher, et les autres patienteront tranquillement jusqu'à la fin, d'autant que la lisiblité des scènes d'action leur permet de rester supportables. Débarrassé des influences de tonton Besson (avec qui il est, à ce qu'on dit, un peu fâché), Loulou peu désormais voler de ses propres ailes, et poursuivre son chemin en se forgeant film après film une filmo d'entertainer solide et pas prise de tête.
6/10

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