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La femme oubliée : The Forgetten Woman

Par Waffo

À la gloire de ma mère

C’est en modifiant le titre du roman de Marcel Pagnol (À la gloire de mon père) ainsi que l’amour indubitable qu’il avait pour sa mère qu’on obtient ce titre qu’on aurait pu donner au film La femme oubliée de Dilip Mehta.

Il est une chose de sure. Vous sortirez de ce film en ayant une sensation forte de culpabilité extrême. Celle d’avoir peur de ressembler aux enfants de toutes ces femmes oubliée. Dans ce documentaire de 90 min, il est question du sort des veuves indiennes. On y découvre avec stupeur la situation catastrophique dans laquelle 11% de la population indienne vit, survit en fait.

Abandonnée une première fois par un mari (qui avait fait voir de toutes les couleurs), veuves ensuite, elles sont rejetées par leur belle famille, chassées comme des moins que rien par leur propre enfant (souvent des fils), dépouillée de toute dignité par une société conservatrice et ancrée dans une tradition paranoïaque. Et lorsqu’elles arrivent à y échapper, elles finissent souvent par atterrir à Vrindavan, l’anté-paradis des veuves du Bengale.

Pourtant considérée comme la région dans laquelle vécu enfant Krishna, personnage sacré dans l’hindouisme (principale religion indienne), Vrindavan nous laisse un profond goût d’amertume dans ce documentaire. C’est là que toutes les veuves de régions espèrent trouver quelques soupçons de bonheur avant un hypothétique départ programmé vers l’au-delà.

Mariées pour la plupart avant 10 ans, et bien qu’ayant connu les pires situations pendant leur mariage (comme cette dame marié à 9 ans et qui n’ayant pas pu avoir d’enfant a du voir arriver une deuxième femme 12 ans après), une fois veuve, elles finissent par regretter leur situation passée.

Dilip Mehta, photoreporter international et qui avait déjà produit le film Earth réalisé par sa sœur a réussi là un succès. Il a surtout voulu dépeindre dans son documentaire l’absence totale de place pour les veuves dans la société indienne. Quelles soient femmes de militaires, d’agriculteurs, jeunes, vieilles, vivant en région ou à New Dehli, la veuve indienne est toute seule.

On regrettera toutefois de n’avoir jamais entendu de version officielle. Il aurait fallu savoir ce que le gouvernement pensait de la chose. Aussi, la tendance facile de se croire ici en occident au dessus de l’histoire de ce documentaire sera forte. Pourtant jusqu’en 2006, L’âge légal du consentement à des relations sexuelles était de 14 ans au Canada. Aussi, comme l’avait si bien montré Serge Giguère dans son documentaire À force de rêve, les personnes âgées (comprenant donc les femmes mais aussi les veuves) de notre société ne sont pas mieux loties en termes de solitude que ceux d’Inde.

Il faut absolument aller voir ce film pour deux raisons : se rendre compte d’une situation inadmissible et intolérable dans un lointain pays, mais surtout ne pas oublier que nous aussi nous avons une mère quelque part et qu’elle mérite beaucoup plus que ce qu’on lui donnera.


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LES COMMENTAIRES (1)

Par bouloulou
posté le 17 avril à 14:19
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sa craint des douilles mon viieux !

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