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Participation en ligne : une chimère ? entre opinion publique et engagement affinitaire

Publié le 28 juillet 2008 par Lilzeon

Citoyens !

Les chiffes de la participation des “riverains” (”journalistes, experts, internautes, l’info à 3 voix”) sur Rue 89 donnent l’occasion de s’interroger sur la participation en ligne et de se demander s’il ne s’agit pas d’une chimère.

L’enseignement de ce graphique, c’est qu’une minorité d’individus commente énormément, et qu’une grande partie des commentateurs ne le font qu’une seule fois.

Narvic soulève la problématique des “lurkers“:

“Les plus énigmatiques de cette affaire restent les lecteurs qui ne commentent jamais, qui ne votent même pas quand on le leur propose, des lecteurs qui se contentent de lire en restant invisibles…”

Quelques éléments d’analyse (je vous invite à aller voir les commentaires de Norovision, c’est très intéressant) :

  • Commenter, c’est entrer dans une certaine mesure dans l’espace public. Tout comme prendre la parole en public n’est pas donné / demandé / exigé à quiconque, il est naturel de retrouver les mêmes comportements en ligne
  • Ne pas commenter ne veut pas dire “non participation” : on ne peut mesurer comment un individu soit disant passif peut reprendre une information trouvée sur un média social dans la vie réelle. “hey les gars, j’ai lu un truc sur le web qui dit que…Ah non je ne suis pas d’accord…”. Ca s’entend à la terrasse des cafés. Et c’est peut-être le degré le plus fort de la participation.
  • L’individu devient un “dividu“. Je cite Influencia à propos de mes amis les netocrates :

“Nous ne serions ainsi plus des êtres “individuels”, mais des «dividus» existant dans des contextes sociaux différents, de manière beaucoup plus charnelle que virtuelle sur Internet, dévoilant non pas une schizophrénie mais une personnalité «schizoïde», ayant abandonné l’idéal de la personnalité “monopsychique” pour se délecter à apparaître différents selon les contextes.”

Ce qui veut dire qu’un individu peut devenir commentateur potentiellement dans une myriade de médias sociaux. Le fait qu’une grande partie des commentateurs ne postent qu’un seul insight confirme cette tendance : ils ne commentent que quand il se sentent en mesure et ont envie de répondre.

  • Justement : il est très rassurant de ne pas avoir une opinion sur tout. Je ne vais pas m’étendre sur Bourdieu avec “l’opinion publique n’existe pas”, mais pour faire vite, toutes les déclarations ne sont pas impliquantes au même niveau, tout le monde n’a pas la même expertise, et tout le monde n’a pas d’avis sur tout. A ce propos, lire un exposé de Pierre ici.
  • Il peut y avoir fréquemment inadéquation entre article, réactions (commentaires) et idées : parfois des idées similaires ne se rencontrent qu’au bout de plusieurs siècles. Commenter, ça voudrait dire être au bon endroit au bon moment. Dans notre modernité liquide, ce sont 2 facteurs aggravant la probabilité d’une rencontre.
  • Les médias sociaux favorisent les participations affinitaires. Le lurker se fait “coopter” par des mini Dieux “horizontaux” : le modérateur, l’auteur du blog. Il y a une relation de pouvoir assez intense qui se passe aussi en ligne (depuis le tchats jusqu’aux commentaires d’articles de quotidiens nationaux). Il serait intéressant de voir comment les 0,075% des lecteurs de Rue 89 qui commentent à hauteur de 80 % du total les contenus du site sont devenus ces espèces de “monstre à opinions” : des monomaniaques du site ? des leaders d’opnion menacés ou en campagne ? des défenseurs de bords divergents ? la petite copine du webmaster ?


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