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Affaire Khadafi : baisser son pantalon en étant dans son bon droit

Publié le 29 juillet 2008 par Francisrichard @francisrichard
Affaire Khadafi : baisser son pantalon en étant dans son bon droitJe croyais que plus rien ne me surprendrait. Je dois être bien naïf. Hier en lisant Le Matin Online je suis tombé sur un article ( ici ) qui m'a laissé pantois. Jugez plutôt.

Un éminent juriste de l'Uni de Fribourg, le professeur Franz Ricklin (dont la photo est ci-contre et le site ici ), a trouvé un moyen juridique pour que l'affaire Hannibal Khadafi ( voir mon article L'emploi chez les Khadafi c'est sévices compris ) soit enterrée et pour que tout le monde il soit beau, tout le monde il soit content. La Suisse serait contente parce que le pétrole libyen coulerait à nouveau aux pompes à l'enseigne de Tamoil, et parce que ses deux ressortissants arrêtés sous un prétexte bidon sortiraient des geôles libyennes. Le tyranneau en djellabah, prénommé Muammar, serait content parce que les poursuites contre son fiston et sa belle-fille seraient suspendues, pour ne jamais retomber...

Il paraît, tenez vous bien, qu'il existe un "principe d'opportunité" prévu par le Code de procédure pénale genevois. Selon le digne professeur Ricklin, au nom de ce principe bien opportun, "la justice genevoise pourrait suspendre la procédure contre le couple Kadhafi au motif des intérêts supérieurs de l'Etat". Ce principe serait de portée illimitée, autant dire que l'arbitraire peut régner en maître dans la République de Genève. Car comment définit-on les intérêts supérieurs de l'Etat ?

Ce n'est pourtant pas l'avis de l'éminent professeur Ricklin. Du moment qu'il s'agit d'éviter un dommage à la Suisse, il y aurait une raison objective de suspendre les poursuites. Ce ne serait donc pas arbitraire que d'admettre que d'aucuns soient, après tout, au-dessus des lois. La Fontaine aurait finalement raison, qui fait une distinction entre les puissants et les misérables... 

Je trouve admirable la façon avec laquelle les juristes sont capables de vous faire prendre des vessies pour des lanternes. Car d'où vient le dommage ? D'un olibrius qui, juché sur son tas de sable, se permet de fermer un robinet de pétrole, et d'ouvrir et de refermer une cellule nauséabonde sur deux Helvètes, sous prétexte que le droit genevois s'applique à son criminel de fiston et qu'il s'estime offensé qu'on n'ait pas fait d'exception en sa faveur.

Le professeur Ricklin, par tous les moyens juridiques, cherche une échappatoire à la crise actuelle. Il donne donc deux autres pistes. La première est que les deux domestiques battus retirent leur plainte, l'accusation de contrainte pouvant être abandonnée grâce au bien commode "principe d'opportunité" évoqué plus haut. La seconde est que l'immunité diplomatique soit reconnue à Hannibal, ce qui semble tout de même tiré par les cheveux.

Je constate que, si l'on suit Franz Ricklin, l'on veut bien baisser son pantalon devant Khadafi, à condition d'y mettre des formes juridiques. Comme le piéton écrasé sur le passage réservé aux piétons meurt en toute légalité, la Suisse pourrait bien tendre les fesses en restant dans son bon droit.

Francis Richard

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