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Teeth – Les dents de l’amour

Par Bebealien

Aujourd’hui, c’est séance rattrapage pour Teeth, que j’avais loupé lors de sa sortie en salles. C’est donc avec un peu de retard que je chronique ce petit film s’intéressant de près à la découverte de la sexualité des adolescentes via une parabole fantastique aussi lourde qu’indigeste. Zut, je m’aperçois que j’ai donné mon avis sur le film dès la troisième ligne de ma critique. Est-ce que je fais du remplissage mine de rien, ou est-ce que je fais semblant de durer le suspens ?

Teeth – L’appétit (sexuel) vient en mordant

Dawn est une lycéenne extrêmement impliquée dans le club de pureté de son établissement. Elle anime ainsi des réunions où elle explique pourquoi il est important de garder sa virginité jusqu’au mariage. Pourtant, un garçon de son groupe la trouble particulièrement. Bien malgré elle, elle va se laisser entraîner dans une grotte ou ce dernier va essayer de la violer… et c’est bien dommage pour lui car Dawn a une particularité physiologique extrêmement mordante au bas du ventre…

Ne vous fiez pas aux avis sur l’affiche, émanant sûrement de critiques n’ayant jamais regardé autre chose que du Godard…

Teeth est la synthèse parfait du concept massacré par un script si lourd de sous-entendus à deux balles qu’il le gâche totalement. A peu près toutes les cultures du monde possèdent des légendes autour de femmes ayant des dents dans leur vagin. On peut y voir une certaine peur de l’homme face aux mystères de la sexualité féminine, ou si on part sur une analyse plus freudienne (mais que je trouve ridicule) sur une certaine envie de retrouver la matrice dont il est issu…

Dawn (Jess Weixler), prix d’interprétation à Sundance. Mouais, bof, pas vraiment justifié, même si elle se débrouille pas mal. Mais rien de transcendant non plus…

Un tel concept pourrait donner lieu à une satire extrêmement appuyée de la société et de la place réservée aux femmes. Teeth s’y essaie, mais avec un tel sens pachydermique de la subtilité qu’on à l’impression que le réalisateur se fout ouvertement de notre gueule. Ainsi, par exemple, dans Teeth tous les hommes sont soit lâches, soit des violeurs en puissance. Une idée que même les plus féministes ont commencé à lâcher depuis des lustres… La réalisation fait également appel à une symbolique extrêmement lourde (l’eau, la grotte… pour la scène de viol initial) qui donne l’impression que le scénariste a pris son Dictionnaire de la Métaphore A Deux Balles.

Et pourtant le script a quelques bonnes idées. Il est par exemple particulièrement pertinent d’avoir fait de Dawn une activiste de la pureté jusqu’au mariage, ou d’avoir abordé via un autre personnage le thème des New Born Virgins, ces repentis qui déclarent être de nouveaux vierges après avoir forniqué comme des bêtes (sont fous ces ricains !). Bref le contexte social du film aurait pu donner lieu à quelque chose de beaucoup plus cinglant.

Une séance chez le gynéco qui part en sucette…

Mais non, le film se contente de faire de Dawn une victime de l’horrible gente masculine (son premier flirt veut la violer, son frère veut se la faire, son gynéco est un pervers, un vieil auto-stoppeur veut ses faveurs…) puis de la transformer par la suite en vengeresse dégommant le sexe opposé avec son arme biologique mêlant amour & mort, Eros & Thanatos. Le film est d’autant plus ridicule que la métamorphose de Dawn de victime en bourreau se fait rapidement, n’est pas justifiée, et fait tomber le film dans la série Z sans prévenir… mais en oubliant tout le concept de fun lié au Z. Là on à l’impression que le réalisateur nous dit constamment « Vous avez vu comme je suis subversif ? »… alors qu’on a envie de lui répondre « Dégage gros naze, tu gâches ton concept ».

John Hensley joue le frère libidineux et rebelle et qui mérite bien son funeste sort (ben oui il écoute du hard rock et dit des gros mots, et en plus il pratique l’amour par derrière…). Pitoyable…

Le gros souci de ce film c’est justement de se vouloir faussement subversif. Il ne suffit pas de parler de sexualité et d’avoir un concept fort pour faire un bon film. Et ce n’est pas quelques idées à deux balles déjà vues cent fois, comme jeter un sexe tranché à un chien, qui vont redorer le blason de ce film totalement surfait. Teeth a su néanmoins trouver son public puisqu’il a été sélectionné et primé à Sundance, et participé à la compétition à Cannes… Peut être est-ce que la ménagère de moins de cinquante ans en manque de sensation forte y trouvera son compte, mais le cinéphile averti s’ennuiera royalement. Dommage, un beau concept qui fini en foirage total, faute à un script paresseux enchainant les poncifs…


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