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PS : le grand troc avant le grand choix

Publié le 01 août 2008 par Hmoreigne

images.1217584970.jpgQui avec qui ? Le PS avant le congrès de Reims, c’est un peu l’île de la tentation ou la force des attractions. Celle de passer des alliances parfois surprenantes dans le seul objet de préserver ses intérêts et ceux de sa fraction. Alors que d’un côté se dessine un conglomérat Moscovici-Montebourg-Aubry-Lebranchu de l’autre, François Rebsamen, a appelé mercredi 30 juillet les proches de François Hollande et ceux de Ségolène Royal, et pourquoi pas « les autres », à une motion commune. Les dès sont loin d’être jetés. Bertrand Delanoë devrait jouer les arbitres dans un parti à la majorité introuvable où pour l’emporter il faudra obligatoirement s’allier.

Balkanisé à l’excès, le PS se cherche un patron. Telle la poule et l’œuf la querelle stratégique porte sur le fait de savoir s’il faut d’abord une ligne politique claire et après un leader ou l’inverse. Une position parfaitement résumée par Marylise Lebranchu lorsqu’elle déclare dans les colonnes du Figaro : « Il nous faut une ligne pour établir un programme et non choisir tout de suite un candidat. Le PS doit être un parti et non une écurie présidentielle. »

Pierre Moscovici et ses amis proposent une option. Celle d’un demi-leader, capable de faire tourner la maison PS sans représenter pour autant l’alternative à Nicolas Sarkozy. En quelque sorte un simple régent amené à céder la place de postulant officiel au trône dans la dernière ligne droite.Cette stratégie compliquée repose sur un postulat « révolutionnaire » : le candidat socialiste ne doit pas être désigné par les seuls militants PS mais à l’issue de primaires ouvertes aux sympathisants. Un modernisme déresponsabilisant dans lequel tout le monde veut voire son opinion prise en compte sans pour autant accepter les contraintes de l’engagement.

Le vrai problème pourtant, c’est l’absence de large socle populaire des formations politiques et notamment du parti socialiste, seul parti d’opposition capable de présenter un candidat aux présidentielles susceptible d’être élu. C’est bien la question du fonctionnement démocratique du PS qui est posée, celle de la place réservée aux militants et, avec le cumul des mandats, celle du renouvellement de ses élus. Avec intuition, Ségolène Royal avait senti que la piste méritait d’être creusée. Ses principes de démocratie participative et d’adhésion à faible coût avaient fait mouche avant les présidentielles, malgré les railleries des vieux hiérarques.

Reste la ligne politique. Du jour au lendemain, le PS s’est réveillé soit libéral soit, social-démocrate, sans préciser outre mesure ce que recouvrent ces mots. Une guerre de retard quand le modèle social-démocrate ancienne version démontre toutes ses limites face à la mondialisation et quand le libéralisme sauvage est partout dénoncé. Le réformisme revendiqué contraste avec le décalage entre des élus qui vivent bien et des classes moyennes qui souffrent. La question de la construction européenne plébiscitée par les élites mais rejetées par les classes populaires en témoigne.

Comme le relève Gérard Grunberg dans le site Télos, le défi considérable qui est posé au PS est celui de la définition d’une nouvelle ligne politique claire et mobilisatrice. Or, la mobilisation n’est possible que si l’on offre des perspectives, du rêve, un avenir meilleur que le présent, et une réduction des inégalités à partir d’une redistribution efficace des richesses. Somme toute une rupture avec le consensus mou érigé en mode de gouvernance à la direction du PS et le recul permanent de l’Etat ces dernières années. Or les électeurs n’attendent pas du PS qu’il démontre ses capacités de gestionnaire rigoureux lorsqu’il est aux affaires, nationalement et localement, mais qu’il ait également une capacité à influer le cours tumultueux des choses.

La réponse à la cacophonie actuelle, au profond désarroi des socialistes, ne réside donc pas dans la désignation d’une direction collégiale ou d’un Premier Secrétaire dépendant de celle-ci mais, dans la capacité de se choisir un leader. Un chef, entre Vercingétorix et le Roi Arthur, susceptible de redonner la fierté d’être socialiste face au sarkozysme triomphant et de mettre fin aux railleries qui ponctuent une incapacité à s’opposer.


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