Magazine Culture

La brigade de l'oeil de Guillaume Guéraud

Par Sylvie
Science-fiction


Editions du Rouergue "DoAdo Noir", 2007

Guillaume Guéraud bouscule décidément la littérature pour adolescents. C'est lui qui avait inauguré la collection noire DoAdo du Rouergue avec Je mourrai pas gibier, un roman sur la violence des jeunes qui avait créé une polémique sans précédent dans le milieu enseignant.
Guéraud n'hésite pas en effet à décrire crûment la violence dans un style efficace et cru.
Bien que moins provoquant que Je mouurai pas gibier, son dernier opus est d'une noirceur indéniable. Mais c'est aussi un vibrant hommage au cinéma et à la littérature.
L'auteur nous propose un nouveau Fahrenheit 451 de  Ray Bradbury : ce ne sont plus les livres qui brûlent mais les images, les peintures, les films. En effet, depuis la loi Bradbury de 2017, toute possession d'images est fortement interdite. La brigade de l'oeil veille au grain...Tout détenteur d'images est condamné à la cécité. La princesse Harmony à la tête du gouvernement de Rush Island a rebaptisé les rues du nom d'écrivains ou de romans. Les universités refleurissent mais les cinémas ont disparu car, il y a longtemps déja, les projectionnistes, les réalisateurs, les acteurs ont été liquidés par les brigades.
Mais la rébellion guette : la résistance s'organise autour de "fous de cinéma"
; Kao, un lycéen, découvre dans une cave, des centaines de bobines de films. Avec Emma, une autre dissidente, il va tenter de faire ressurgir le monde des images...
Le style est vif, alerte : les phrases sont courtes, faisant primer l'action. Guéraud s'est sans aucun doute inspiré du style manga ; les noms sont japonisants (la princesse Harmony, en particulier, fait penser aux créatures de mangas ou de jeux vidéos), les c
scènes de conflits abondent de détails sanguinaires (les lance-flammes, les opérations rendant aveugles...). Le ryrthme choisi rapproche ce texte d'un bon thriller.
Guéraud évite tout manichéisme : les personnages ont tous une profondeur psychologique et l'image est vue sous les deux angles. Il y a les mauvaises images, les images violentes et pornographiques. Mais il y a aussi l'image au sens noble du terme : le cinéma. Le texte est truffé de référence cinématographiques. Et en guise de pré et post-face, il y a deux citations de Godart ! Que demander de plus ! :
"Le cinéma n'est pas à l'abri du temps, il est l'abri du temps"

"Puisqu'il avait voulu imiter le mouvement de la vie, il était logique que le cinéma pactise avec la mort"

Guéraud déjoue le happy-end en choisissant de mettre une fin apocalyptique. Un auteur de premier ordre qui tranche dans le vif et qui ne refuse aucune concession.

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Sylvie 700 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog

Magazines