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Brotherhood - Bilan - Saison 1 + Présentation

Publié le 04 août 2008 par Blabla-Series
Voilà une étape cruciale dans la vie fascinante de Blabla-Series. J’vous présente officiellement le second rédacteur du site, Zurabinho, jeune sériephile passionné et talentueux, devenu rapidement un petit frère spirituel, proche important, recruté surtout (soyons intègres) pour son style vif et incisif. Adam.

Tout d'abord salut à tous ! Je serai bref : j'ai essayé de coller au mieux au style fluide et au propos profond de notre grand rédacteur. Par avance je m'excuse de cette intrusion osée, en espérant quand même que vous preniez du plaisir à lire mes critiques, qui n'ont pour but que d'aider à élargir la base des séries couvertes sur ce site. Maintenant je m'arrête avant que çà devienne saoulant. Bonne lecture. Zurabinho.

A passionate analysis of the connections between politics and crime,

fuelled with a rather questioning melancholy, Brotherhood is also a clever and sensible family drama.

Drame de Blake Masters
Diffusion Showtime
Saison 1 – 9 juillet / 24 septembre 2006
Saison 2 achevée – Saison 3 à venir
Format 50 min – 11 épisodes (S1)

Cast
Jason Isaacs (The State Within, Harry Potter), Jason Clarke (Stingers, Farscape), Annabeth Gish (The X-Files, The West Wing), Fionnula Flanagan (The Others, Paddywhackery)

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Critique

Comme vous le savez tous (!), la série lancée en 2006 par l’inconnu Blake Masters sur Showtime a été il y a quelque temps déjà renouvelée pour une troisième saison de 8 épisodes, à venir certainement d’ici la fin 2008. L’occasion de revenir sur la première, trop vite (?) comparée aux Sopranos, se lisant parfaitement dans sa continuité qualitative mais s’en démarquant pour sa majorité.

Tout d’abord quelques points de repère : Brotherhood est une série suivant principalement deux frères d’origine irlandaise, Michael et Tommy Caffee. L’un est un mafieux, l’autre un politicien, tous deux à Providence, dans l’Etat du Rhode Island. La série est filmée sur place, une mode plutôt encourageante pour les séries du câble, comme Breaking Bad à Albuquerque ou True Blood à la Nouvelle-Orléans. Elle y gagne bien sûr en crédibilité, grâce aussi au travail de recherche de son créateur, qui a passé du temps avec les politiciens du coin pour rendre son univers réaliste.

Politique et mafia entrelacés, et possible side effects

La ligne directrice la plus évidente qui ressort de cette première saison, c’est le parallèle entre les deux frères, déjà évident sur l’affiche de la série. Le pouvoir, même ambition suprême chassée par un politicien et un mafieux, et toutes les analogies que l’on peut faire entre ces deux mondes finalement semblables. Masters voulait nous questionner sur les bonnes intentions politiques et leur corruption par les moyens d’y parvenir. En effet Tommy Caffee semble au départ vouloir le bien de son prochain, en bon Catholique. Mais sa situation financière difficile et sa volonté d’émancipation personnelle le pousseront à choisir des chemins de traverse plus ou moins moraux, comme tout bon politicien. Pressions, lancement de rumeurs, le très respectable Tommy se souille peu à peu à mesure qu’il gravit les échelons. Michael, lui, revient au début de la série d’une longue absence (7 ans), toujours injustifiée par lui-même. Son personnage est lui aussi paradoxal, entre la violence extrême et impassible du mafioso qui veut reprendre sa place dans le district, et le gamin qui dort chez sa mère et n’y connaît rien aux femmes. Michael, au contraire de son frère, part de la soif de pouvoir à combler de façon immorale si possible. Le préféré de sa mère, il revient dans la famille grâce à elle, mais est présenté comme un intrus dans la vertueuse famille Caffee. Ce qui ne l’empêchera pas par la suite d’aider un cinéma de quartier, et de montrer parfois plus de sens moral que son frère.

Petit à petit, le mafieux s’aide de l’influence du politicien, et inversement avec l’argent. Cette alliance quoique chaotique engendre des dommages collatéraux et révèle les plaies de leurs proches. Eileen, sublime épouse de Tommy, dans la lignée des femmes désespérées actuelles (Betty de Mad Men, Skyler de Breaking Bad), représente une version droguée, apitoyée, presque poétique de la solitude muette. Certes les effets visuels et métaphoriques sont parfois faciles ou cliché (les filtres de couleur lors des scènes de fumette à la fenêtre, la lavabo débordant sous ses yeux…), mais cela trahit aussi la complaisance d’Eileen dans sa situation. Avec Pete McGonagle, pantin de Michael au travail et ancien alcoolique, elle entretient une relation ambiguë. Elle se retrouve confrontée à la possibilité d’une désintox, mais tente du coup aussi Pete, leur duo menaçant de basculer à tout moment dans un cercle vicieux.

The times they are A-changing

Brotherhood décrit aussi en filigrane la vie de la population de The Hill, une communauté imaginaire déchirée entre tradition catholique-irlandaise, et modernité. Avec comme thèmes secondaires, le temps d’intrigues plus courtes, l’homosexualité ou les licenciements, Brotherhood en est en fait par là surtout la digne héritière des Sopranos. Le personnage de Rose Caffee est tout ce qu’il y a de plus ambigu, entre racisme latent et défense des travailleurs… irlandais bien sûr. Freddy Cork est lui l’incarnation d’un chef mafieux débordé par les temps actuels, notamment dans le sensible épisode 9. Alors faut-il céder à la tentation du communautarisme, ou accepter les mutations sociales, la perte d’identité ? Les personnages, confrontés à la question, représentent tous une réponse double et non arrêtée.

Enfin la réalisation est très soignée, signée de pointures genre Ed Bianchi (Deadwood), avec du recul par rapport à ses personnages. La scène de l’approvisionnement d’Eileen en dope est mémorable, comme la scène d’amour absolument pas sexy avec Tommy, qui ‘fait le boulot’ comme on dit ! La bande originale de la saison 1 vaut aussi définitivement le détour. ‘Let the Bad Times Roll’ de Paul Westerberg illustre à merveille la volonté de se terrer en attendant l’éclaircie, tandis que ‘Sweet Memory’ des Tindersticks est une chanson mélancolique à souhait pour conclure le sublime ‘Ecclesiastes 7 :2’, sur la fuite du temps au milieu d’une population, figée à l’occasion d’un drame très symbolique. Du Velvet Underground à Bob Dylan, les chansons n’alourdissent pas le propos, elles lui vont comme un gant. Enfin, pour ceux que çà intéresse, un bonus du show est la référence à un texte sacré dans chaque titre d’épisode. Pour l’épisode 1, Mark 8:36 de la Bible : ‘What profit has a man if he gets all the world with the loss of his soul?’ – ‘Et que sert-il à un homme de gagner le monde, s`il perd son âme?’. Voilà voilà, méditations en perspective.

 
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Conclusion

 Brotherhood force d’emblée le téléspectateur dans son intrigue, de par le mystère de l’absence de Michael. Elle en profite surtout pour placer un décor inédit et complet d’un quartier populaire irlandais dans le Nord-Est américain, avec ses politiciens, ses syndicats mafieux, ses usines dépassées… Un portrait collectif désenchanté, qui pose la question de l’ouverture.

C’est aussi un juste exposé (partiel, mais ce n’est que la saison 1) des défauts de la démocratie, où le pouvoir politique a besoin d’argent et d’influence, ce que fournissent les criminels et les manœuvres de bas-étage.Enfin c’est un portrait de famille, avec ses préférences, ses rancœurs, ses non-dits et sa propre déliquescence.

Donc un show à découvrir d’urgence, selon moi dans la lignée des piliers de HBO. Il ne possède peut-être pas à l’époque leur envergure, mais des indications seront données lors de la saison 2, que je critiquerai fin aout a priori.


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