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Déduction des emprunts: bonne ou mauvaise résolution ?

Publié le 31 mai 2007 par Céline Knopfer
Sarkozy

L'annonce par le président Nicolas Sarkozy d'une déduction fiscale pour les emprunts immobiliers en cours en vue de l'achat d'une résidence principale a suscité mercredi des réserves des professionnels et des critiques dans les milieux politiques, à gauche et au centre.

Nicolas Sarkozy reste ferme. Le nouveau locataire de l'Elysée a déclaré mardi soir que tous les titulaires d'un emprunt immobilier pourraient en déduire les intérêts de leur revenu imposable. "Cette déduction, je l'ai promise et je la ferai, parce que je veux une France de propriétaires. Les intérêts seront déductibles à partir du jour où la loi sera votée et cette déduction, comme je m'y suis engagé, s'appliquera à tous les emprunts en cours, comme il est naturel, normal et juste", a-t-il dit lors d'une réunion publique au Havre. Nicolas Sarkozy contredit ainsi son ministre du Budget et des Comptes publics, Eric Woerth, qui avait avancé la semaine dernière que seuls les emprunts relatifs à un achat matérialisé après le 6 mai seraient concernés.

Le ministre du Budget a cependant nié tout cafouillage gouvernemental sur cette question. "Le président s'est exprimé hier. Les choses sont très, très claires", a dit Eric Woerth à l'issue du conseil des ministres. "On verra sur les précisions", a-t-il ajouté. La Fédération nationale de l'immobilier (FNAIM) a salué l'annonce présidentielle, tout en conseillant d'importants aménagements afin d'en assurer l'équité. "Une telle mesure, libérant du pouvoir d'achat, ne peut être que favorable à une croissance qui, à terme, bénéficiera aux ménages désireux d'accéder à la propriété", dit-elle dans un communiqué.

La FNAIM demande toutefois au gouvernement de préciser les modalités. En effet, souligne-t-elle, on ignore encore si le gain serait ou non plafonné - un plafond équivalent à 20% du montant des intérêts a été évoqué - et combien de temps les contribuables pourraient bénéficier du dispositif. Le Parti socialiste a replacé l'annonce dans le contexte de la campagne électorale des législatives, jugé qu'elle produirait mécaniquement une hausse des prix de l'immobilier et déploré le coup porté au déficit du budget de l'Etat. Suivant son périmètre et ses modalités, le coût de la mesure pour le budget de l'Etat est évalué entre deux et dix milliards d'euros par an, selon plusieurs spécialistes cités dans la presse mercredi. Ségolène Royal a vu dans l'annonce présidentielle une "improvisation quand même assez étrange et démagogique".

François Hollande, premier secrétaire du PS, a de même demandé que "cessent ces mouvements d'annonce et de contre-annonces". S'exprimant sur Europe 1, il a souhaité qu'avant les élections législatives, "on nous dise quelle est la mesure, quel est son montant, quel est le plafond de la déduction, quelle est la durée de la déduction et quel est le coût pour les finances publiques". Le président du Mouvement démocrate, François Bayrou, a estimé de son côté que, même si le président Nicolas Sarkozy ne faisait que respecter ses promesses, cette mesure n'était pas bonne car elle risquait de faire monter les prix du logement.

Ce débat se situe dans un contexte difficile pour le secteur de la construction. Le nombre de permis de construire en France a progressé de 0,1% sur les trois mois à fin avril, selon des chiffres publiés mercredi par le ministère de l'Equipement. Les mises en chantier, elles, plongent de 9,5% pour la même période et marquent un recul de 2,8% sur un an.           


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