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Iran : Les sanctions ont-elles un impact ?

Publié le 15 août 2008 par Delphineminoui1974

Depuis la réponse ambiguë faite dernièrement par Téhéran à l’offre de coopération des six pays impliqués dans les discussions sur le nucléaire iranien (Etats-Unis, Grande-Bretagne, France, Russie, Chine), et la possibilité d’un renforcement des sanctions, une question se pose : ces mesures de rétorsion ont-elles un impact ?

Il faut rappeler qu’il existe, à l’heure actuelle, deux, voire trois, types de pressions économiques sur Téhéran (décidées en réaction contre la reprise, par Téhéran, de ses activités nucléaires, en août 2005) :


- Les sanctions onusiennes. Trois résolutions ont été votées par le Conseil de Sécurité de l’ONU depuis décembre 2006. Elles sont ciblées et visent à interdire toute forme de commerce ou de transaction financière lié au programme nucléaire iranien.


- Les sanctions parallèles. A l’initiative de Washington, une asphyxie bancaire est à l’œuvre. Le Trésor américain a coupé toute relation entre le système financier américain et les banques iraniennes Saderat et Sepah.


- L’Amérique a également fait pression sur de nombreuses banques européennes pour qu’elles cessent de travailler avec l’Iran. Certaines entreprises qui ont d’importants intérêts aux Etats-Unis réfléchissent également par deux fois avant de se lancer dans de nouveaux projets avec l’Iran (voir l’article du Figaro, « Les entreprises françaises plus prudentes »).

Mais comme le remarque l’économiste Thierry Coville, spécialiste de l’Iran, dans une analyse publiée cette semaine dans Les Echos, la croissance iranienne n’a, pour l’instant, pas été affectée par ces sanctions. En partie, bien sûr, grâce aux recettes pétrolières (au beau fixe) qui permettent de gonfler les recettes de l’Etat et de compenser les pressions extérieures. A cela s’ajoutent les « astuces » iraniennes qui permettent, pour l’instant, de contourner les sanctions : circuits de paiement informels comme le « hawala », partenariat avec des entreprises basées à Dubaï, etc… Autant de techniques qu’a pu constater, sur place, Jacques Manlay, l’ancien patron de Peugeot à Téhéran (« En dépit des sanctions, les affaires continuent »).

Ces sanctions, concède Thierry Coville, pénalisent pourtant les importateurs et exportateurs iraniens. Ne pouvant plus travailler avec certaines banques européennes, qui ont suspendu leurs activités avec l’Iran, ils sont obligés de recourir à tous ces détours, qui coûtent chers. Et qui, par conséquent, font monter les prix.

A moyen et long terme, ces sanctions vont ralentir le développement des champs pétroliers et gaziers (qui en ont pourtant bien besoin), car il devient aujourd’hui plus délicat de décrocher d’importants investissements, et de faire parvenir certains équipements… Or, l’Iran dépend fortement de ces ressources pour son économie.

Mais là encore, le régime iranien a, pour l’heure, trouver la solution. Il se tourne de plus en plus vers l’Est. Les Chinois, par exemple, s’intéressent au pétrole iranien. Et, en retour, la part de marché des Européens en Iran est en net recul. A titre d’exemple, rappelle Coville, « en 2004, avec 8,1 % de part de marché et près de 2,7 milliards d'euros d'exportations, la France disposait en Iran de la 3e part de marché. En 2007, elle ne fait plus partie des cinq premiers exportateurs dans le pays ».


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