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La Guadeloupe - Le coucher de soleil à Grande Anse

Publié le 23 avril 2007 par Vincent Turquois

C’est en fin d’après-midi que tout commence. Le soleil décline et quelqu’un dit : « Grande Anse ? », les yeux vers l’horizon, presque pour lui-même. On part aussitôt, le trajet se fait en silence dans une végétation qui flambe, naïve et dense. Le carrefour de la station-service et l’on y est. La ligne de cocotiers franchie, on entre sur la plage comme on pénètre un lieu qui mérite le respect. Assis les mains dans le sable encore chaud, le nez en l’air et le lin ouvert au vent, il n’y a plus qu’à se laisser aller. Regarder, respirer. L’essentiel.

Le soleil se rapproche de la mer comme une météorite. Sur la plage, on s’organise. Certains écoutent de la musique. Ce n’est pas un sacrilège mais il serait dommage de se priver du bruit des vagues, souvent fortes, et de la caresse du vent dans les cocotiers. De toute façon, Grande Anse n’est pas – pas encore ? – une plage d’Ibiza où l’on se rassemble en dansant et buvant alors que le soleil s’effondre. Les foules sont reparties et ne restent ou ne viennent que ceux qui aiment se recueillir. D’autres préfèrent se hisser par la route jusqu’au point de vue Gadet, depuis lequel le croissant de sable dore à leurs pieds. Etre hors ou dans la carte postale, c’est selon.

Le vol du soir navigue bas dans le ciel sans faire de bruit. Avec Caféière pour point de repère, il file sur Pointe-à-Pitre. Holidays, oh holidays… Au loin, un paquebot passe illuminé. Il rampe sur la mer comme une chenille phosphorescente géante, emportant ses occupants vers les îles plus au Sud et, en attendant, vers leur cinquième repas de la journée, insensible à ce qui joue-là. Une cérémonie douce et personnelle. Une fine silhouette court à la lisière des vagues, regarde sa montre pour prendre son temps, sans remarquer qu’il est en train de s’arrêter. Autour d’elle, tout se fige dans un dernier souffle. C’est là qu’elle ouvre les yeux, de justesse, qu’elle se rend compte.
Immobile, elle se déshabille et entre dans l’eau. Grande Anse s’éteint. On se retire en silence. Pour le rayon vert, on repassera. On n’est plus pressé.

Turquois

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