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Sève et pensée, exposition de Giuseppe Penone à la BNF, à Paris

Publié le 16 décembre 2021 par Onarretetout

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Quand, ces jours-ci, j’ouvre ma fenêtre, le matin, je pense à Giuseppe Penone. J’ai visité l’exposition à la BNF depuis plusieurs semaines. En entrant dans l’espace, j’ai d’abord ressenti l’impression de respirer : l’espace, les poutres dépouillées semblant des orgues, l’étendue de la toile où court l’empreinte de l’arbre couché, tout cela ouvrait quelque chose en moi. Et puis, il y avait ces paupières fermées couvertes d’épines d’acacia, qui me rappelaient celles que j’avais vues il y a quelques années, couvertes d’empreintes d’argile prises au creux des mains. Je n’ai pas osé m’engager au milieu de ces deux voiles étendues évoquant vaguement un « saint suaire » (les paupières fermées, la trace laissée sur le tissu). J’ai fait le tour de l’arbre vert, tentant de déchiffrer le texte écrit de part et d’autre. La grande toile suspendue vers le fond, invitant à poursuivre le chemin vers les orgues, ressemblant, de si près, à des livres ouverts sur leur reliure, je suis resté longtemps dans cet angle entre dessin et sculpture. Puis j’ai traversé les pièces où sont exposés les tapis verts d’empreintes digitales au coeur desquels pendent les empreintes du creux des mains. Les livres étaient là, leur couverture suffisait à les faire paraître. Les ondes concentriques semblaient envahir l’espace même s’il leur fallait franchir des obstacles. Et je suis revenu sur mes pas dans la grande salle, y arrivant alors face aux paupières d’où semblait couler des ruisseaux dessinant des mouvements liquides, vagues épousant les reliefs de l’écorce. Qui pleure ici ? Est-ce Arthur Rimbaud ?

(…)
Plus douce qu’aux enfants la chair des pommes sûres,
L’eau verte pénétra ma coque de sapin
Et des taches de vins bleus et des vomissures
Me lava, dispersant gouvernail et grappin.

Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème
De la Mer, infusé d’astres, et lactescent,
Dévorant les azurs verts ; où, flottaison blême
Et ravie, un noyé pensif parfois descend 
(…)

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J’étais debout sur le plancher, entouré d’images de bois, j’étais dans le flux, même si je ne sentais pas l’air sur mon visage. J’étais dans l’air qui me faisait place au sein de cet espace. L’air que je retrouve quand j’ouvre, le matin, ma fenêtre, et qu’arrivent d’autres bruits, des chants d’oiseaux, le froissement des feuilles des arbres où la lumière du soleil glisse peu à peu.

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