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Commentaire des « Soirées de l’équinoxe »: « Le Pâtre sur le Rocher » de Schubert

Par Montaigne0860

Cette nouvelle publiée ici en neuf parties a été suscitée par la dernière œuvre de Schubert ; il s’agit d’un Lied pour Soprano, Clarinette et Piano (op.post. 129 ; D. 965), dont je propose ici la traduction littérale :

« Lorsque je me tiens sur le rocher le plus élevé,
je jette un regard dans la vallée profonde
et je chante, je chante,
du plus profond de la sombre vallée,
l’écho se lance vers les hauteurs
l’écho des abîmes.
Plus ma voix s’élève au loin
plus claire elle me revient
d’en bas, d’en bas.
Ma belle vit si loin de moi
c’est pourquoi je rêve d’elle avec une telle ardeur
là-bas, là-bas.

Dans une profonde tristesse je me consume,
la joie m’a quitté,
sur la terre l’espoir a disparu,
je suis ici tellement seul.
Si nostalgique résonna le chant dans la forêt,
si nostalgique il résonna dans la nuit,
attirant les cœurs vers le ciel
avec une puissance merveilleuse.

Le printemps va venir,
le printemps ma joie,
je vais maintenant me préparer
pour être prêt à m’en aller.
Plus ma voix s’élève au loin,
plus claire elle me revient.

Bien des passages de ce texte sont repris directement ou indirectement dans « Les Soirées de l’Equinoxe » ; j’ai tenté à ma manière d’en restituer l’esprit. J’ai supposé que ce texte était composé de trois parties : douze vers (deux fois six vers de Wilhelm Müller), huit vers (de Karl August Varnhagen von Ense), et six vers (de Wilhelm Müller). La première partie joue sur les échos et s’ingénie à mimer le vertige ; la deuxième, plus émouvante encore, passe en mineur et met en valeur la solitude du pâtre ; la dernière chante en majeur le retour du printemps avec un tempo différent : on passe de l’andantino à trois temps du début à un allegretto résolu à deux temps, d’une gaieté irrésistible.
Le choix des deux auteurs différents pour le texte, montre qu’à l’évidence Schubert ne choisissait pas ses auteurs par hasard, mais agençait selon un savant collage la suite des paroles. L’ajout de la clarinette donne à l’ensemble des allures de petit air d’opéra et donne à entendre ce qu’aurait pu être l’œuvre à venir du compositeur disparu peu après avoir écrit cette merveille.
Peu d’interprétations sont satisfaisantes. Comme « Les soirées de l’Equinoxe » le laissent entendre, il faut un équilibre parfait des trois instruments, ce qui n’est possible que si les trois ont travaillé longuement en harmonie. S’il fallait faire un choix, on proposerait de préférence l’interprétation de Elly Ameling avec Jörg Demus au piano et Hans Deinzer à la clarinette, même si ce dernier, vers la fin, fait entendre une note un peu juste sur un aigu ; on ne lui en voudra pas trop (!), car son minuscule cafouillage dans les détachés ajoute à l’émotion !


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