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Frédéric Wandelère (anthologie permanente)

Par Florence Trocmé

aller au pré 
 
  (avec P-A.T) 
 
Nous avons vu le Tigre vivant au sommet 
De la citadelle, par vent d'automne, sous 
Un masque de patience ; personne pourtant 
N'oserait traverser le petit pré devant 
Lui. Nous avons bien vu des singes et des paons - 
Nous qui tenons des deux - mais pour aller au pré 
Nous manquons d'ailes, de légèreté 
 
|○| 
 
Chez les Filles mes voisines, la nuit 
On travaille. Le client n'est pas rare 
Mais fanfaron ou craintif. Il repart 
Et revient : soit il monte soit il fuit 
Au bistrot retrouver courage au fond 
D'un verre ou le perdre aussi c'est selon 
 
|○| 
 
Tropiques 
 
Des filles qui se changent au bord du terrain 
De foot et montrent leurs torses dorés, 
Leurs seins nus, je ne sais quelles beautés 
Encore, sportives et pleines de l'entrain 
 
Du match et de la bagarre pour le ballon, 
Des clameurs et des joutes à toute crinière
Au vent, sur l'herbe ou le gazon de la clairière, 
J'aime la grâce des buts sous le soleil de plomb, 
 
L'invention, l'émotion, le dribble 
Endiablé des grands jeux du premier jour 
Avant les lourdes pluies de l'indicible, 
Le déluge qui menace toujours. 
 
|○| 
 
J'ai longtemps aimé les crabes 
Et suivi des yeux leurs travaux comme ils font 
Eux-mêmes les miens - à bon droit car je feins 
De lire et d'écrire et nous sommes voisins  
De sable. Nos petites fabrications 
De plumes et pinces, nos congénères 
Les verront sans regret glisser à la mer 
 
 
|○| 
 
Marseille, en face de la Vieille Charité 
 
Somalienne la très jeune Africaine ? 
De la Corne d'Afrique c'est tout à 
Fait sûr, et d'une grâce inconcevable. 
Elle tourne et bourdonne dans la corde 
À sauter. Je m'arrête stupéfait 
De bonheur. Son père qui n'est pas loin m'a vu 
Et me fait un signe de grand seigneur 
Je reste un long moment. Encore une journée 
De sauvée 
 
|○| 
 
Face au Lion d'or 
 
Comme je remontais le courrier 
Chez moi, regardant le Lion d'or 
Brillant dans la nuit noire, une noire 
Et Très Haute Dame m'a fait Signe. 
Je ne pesais pas lourd devant ce fauve 
 
 
Quand je taille mon arbre chaque année 
Sous le regard des Filles et Clients 
Toujours étonnés de me voir perché 
Si haut parmi les branches, m'invitant 
Encore plus haut, elles, pour "le café" 
Je décline sans mentir car je n'aime 
   Que le thé 
 
|○| 
 
La Mort distraite a longtemps passé près de moi 
Sans me voir et puis comme une danseuse un peu 
Saoûle à qui j'aurais imprudemment fait de l'œil, 
Elle m'a vu. Maintenant elle se rapproche 
De mes Amis qu'elle importune sans  
Façon quand elle ne leur tombe pas 
Dans les bras 
 
[choix d'Alain Paire]  
 
Frédéric Wandelère, La compagnie capricieuse, éditions La Dogana, 2012, pp. 13, 29, 43, 60, 67, 88-89 et 95.
 
Portrait de Frédéric Wandelère par Alain Paire


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