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Des cris d’Onfray dans la moiteur d’une soirée caniculaire

Publié le 05 septembre 2012 par Rolandlabregere

Les puissances réactionnaires et les idéologues nostalgiques de la ligne lumineuse de feu le Comité central ont trouvé leur penseur. Il se nomme Michel Onfray. Drapé dans l’ambition d’être le camusien le plus officiel et le plus écouté, le philosophe, toujours à la recherche d’un ennemi, mort de préférence, racle les fonds de caniveau pour enrichir sa posture de penseur iconoclaste. Et accessoirement accumuler les gros tirages qui le placent sur le podium des littérateurs de gare.

Les séances de son séminaire annuel à l’Université populaire de Caen ont été retransmises sur France Culture. Celle qui fut diffusée le lundi 20 août 2012 est consacrée à Sartre et Simone de Beauvoir et à leur attitude dans la Résistance. Une heure de Michel Onfray, un soir de canicule, pourquoi bouder le plaisir rare de se laisser surprendre par le plus poujadiste des plumitifs à la mode ? Soit Michel Onfray, comme on regarde un nanard belmondodisé  quand la fièvre de la grippe tiraille les neurones et lessive toute résistance. Entre amis, l’Onfray 2012 se déguste avec pastis frais et petits toasts façon Jdanov.  

Le bougre, que par mansuétude on tenait pour philosophe à force qu’il nous l’eût seriné, n’avance ni doute ni mesure. Il procède par larges touches, et malin comme un baratineur de foire qui sait qu’on va lui reprocher la citation tronquée, prend les devants… et annonce la page où il se sert. Tout est bon. Le couple Sartre-Beauvoir connaît des tangages et des relations que les morales réprouvent ? Pas de souci, Onfray en maître es vertus, fustige « la bande libidinale de Simone de Beauvoir ». Sartre, selon Onfray, est menteur, simulateur. Il a refusé de s’évader du Stalag où il était prisonnier parce qu’il y était bien. Sartre intrigue et finit par siéger, en « 1943 au Comité des écrivains ». La définition de Sartre « des salauds » appelle une digression surprenante sur le féminin de salaud, à proximité d’une allusion à Simone de Beauvoir. Un instant de grande hauteur philosophique. Onfray cogne à charge. Plusieurs fois, possédé de l’énergie d’un Monsieur Propre chaud du concept, il annonce son projet de s’en prendre à la « légende » du couple Sartre-Beauvoir.

Onfray nous raconte la philosophie comme jadis Alain Decaux et André Castelot vendaient de l’histoire au détail. Onfray ambitionne de révéler la vérité à propos de la vie politique, de la Résistance, de la littérature, de l’histoire, du théâtre... Pour sa besogne, il brasse les fiches de sa méthode de catalogage. L’engagement n’est expliqué que par une accumulation d’anecdotes, de sous-entendus approximatifs, de rapprochements incertains. Inclassable, ce personnage vibrionnant dont Onfray les imprécateurs ? Philosophe de comptoir, philosophe détrousseur de morts, malveillant visionnaire ? En mettant sa pensée Gordini au service des vieux clichés, Onfray rejoint l'écrivain Fadéiev, l’apparatchik successeur de  Jdanov,  qui voyait  Sartre  en "hyène dactylographe, ce chacal muni d’un stylo". Débordé par l'outrance, Onfray s’éloigne peu à peu du magistère indépassable où il se voulait parvenu, celui de philosophe pour classes terminales.


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