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Si j’y suis – Erwan Desplanques

Publié le 13 mai 2013 par Noann

Autant vous le dire tout de suite, je suis de méchante humeur, et ce n’est pas la lecture de ce « roman » qui m’a égayé… Les piles de livres montent jusqu’au plafond, les caisses s’accumulent, ça déborde de partout… Mon bureau est un chantier de papier. C’est bien simple, même mes chats n’y viennent plus, traumatisés par l’idée que ces piles instables leur tombe sur la tête. Peut-être leurs ancêtres sont-ils gaulois.

Et un constat me vient à l’esprit : quelle piètre qualité. Une bonne part, tous secteurs confondus, est juste bonne au pilon. Pour les romans, c’est pire encore. Aussi serais-je tenté de me réjouir à l’idée que le livre numérique s’impose : en quelques clics, on pourrait annihiler toute cette daube prétendûment littéraire, qui n’aurait jamais dû s’éloigner de leurs auteurs. Une pile en particulier menace de s’écrouler : les éditions de l’Olivier, à force de lectures échouées, de bouquins qu’on prend pour les abandonner aussitôt. J’espère que tout leur catalogue sera bientôt en numérique.

Mais revenons à nos moutons. « Si j’y suis », ainsi s’intitule ce court roman. Heureusement, ce titre n’est pas suivi d’une ponctuation, nous sommes donc libres d’y apposer un point d’interrogation et d’y répondre : non, l’auteur n’y est pas du tout. Encore que. On ne sait pas où il veut en venir, comme dans nombre de romans actuels. Il a peut-être atteint son but quand même, s’il en est un.

La principale qualité de ce tas de papier est d’être bref, vite lu, vite oublié, sans laisser le moindre trace, même homéopathique. Il aurait fallu en commencer la lecture par la fin, c-à-d par la quatrième de couverture, car l’on peut y lire : « Il (l’auteur) est journaliste à Télérama. » Être grand-reporter en Afghanistan et publier un récit sur la massacre de cinq sœurs nubiles par des Talibans, c’est logique et méritoire. Mais être chroniqueur pour un journal télé et publier les élans affectifs de sa mère mourante, enfin à peu près, et ses souvenirs de bambin, tout en se promenant sur une plage avec sa compagne… c’est une mission périlleuse.

Si j'y suis
Pour ce qui est du style… Un exemple vaut cent discours : « Pourquoi tu te comportes comme ça Jacques, dit-elle. Comment, dis-je. Tu sais bien, dit-elle. Non, dis-je. Bien sûr que si, dit-elle. » C’est Proust version 2013. L’auteur nous balance des « dis-je » à tour de bras, or il écrit à la première personne. Ces « dis-je », outre leur inutilité, sont horripilants. Remarquez, il y a parfois une nuance : « pensai-je », ça nous change de l’ordinaire, c’est terrible, on croirait une faute de frappe. Bon Dieu des auteurs, revenez sur terre les sauver : ces pauvres bougres ne trouvent rien de mieux pour personnaliser un style que de faire de mauvais emprunts au langage courant !

Je n’évoquerais pas la syntaxe, qui est digne d’un enfant de douze ans éduqué à la Playstation. Outre le peu de vocabulaire, on eût aimé qu’il fût utilisé de façon plus lumineuse. Un point positif cependant, l’usage de l’imparfait du subjonctif, du moins quand il sied à l’auteur…

Quant au fond… Avec un certain sens déductif, le lecteur pourra prendre un certain plaisir à reconstituer une trame qui, ma foi, n’est pas complètement dénuée d’intérêt… Ceci à condition bien sûr de biffer tout passage inutile, ce qui nous fait un bon roman de vingt pages, perdues dans un total de 110. Eh oui, être court, ce n’est pas forcément être concis…

Si j’y suis d’Erwan Desplanques. Éditions de l’Olivier

Date de parution : 10/01/2013  

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