"On se battait dans les montagnes, et le soir, nous pouvions apercevoir les éclairs de l’artillerie. Parfois, dans l’obscurité, nous entendions des régiments passer sous nos fenêtres avec des canons traînés par des tracteurs. La nuit, le mouvement était intense.
Les vignes étaient clairsemées, dénudées, et toute la campagne était mouillée et brune, tuée par l’automne. Tout petit et assis entre deux généraux nous apercevions souvent le roi Vittorio Emanuele derrière les vitres de sa voiture qui filait très vite. Il circulait ainsi presque chaque jour pour voir comment allaient les choses. Et les choses allaient très mal."
Ernest Hemingway "L’adieu aux armes"
En écrivant entre 1927 et 1929 son célèbre roman L’adieu aux armes le grand écrivain américain Ernest Hemingway 1899-1961 ne s’imaginait pas qu’il allait élever un monument utile à la compréhension des lieux et des paysages constituant l’actuelle frontière Italie-Slovénie.
Avec L’adieu aux armes Hemingway a immortalisé avec talent ce qui fut un des pires champs de bataille de la Première Guerre Mondiale.
Entre le 24 mai 1915 et le 28 octobre 1917 les combats de positions et de tranchées sur le front austro-italien de Isonzo et du Karst firent un million de morts.
La frontière moderne entre la Sérénissime République de Venise et l’Empire des Habsbourg ne date que de 1521. Toute la section comprise entre le Natisone et le col du Predil a subi très peu de changements jusqu’à la Première Guerre Mondiale.
Durant la période napoléonienne la frontière entre le Royaume d’Italie et les Provinces Illyriennes suivait le cours de l’lsonzo, de sa source à son embouchure sur l’Adriatique.
Malgré son aspect très hydrographique la nouvelle frontière causa beaucoup de désagréments aux populations locales vivant sur les deux rives de l’Isonzo.
Si on évoque l’expression de frontière tiraillée et ballotée c’est parce elle subi entre 1866 et 1954 pas moins de quatre changements majeurs il convient d’évoquer dans le croquis ci-dessous :
La roue de l’Histoire a tourné et ce qui fut jusqu’à l’implosion de la Yougoslavie communiste une frontière déchirée, est devenu, maintenant, une frontière réconciliée après l’entrée de la Slovénie dans l’Union Européenne en 2004.