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Impure di strada

Publié le 07 juillet 2013 par Oliaiklod @Olia_i_Klod

Au début du XXème siècle, avant la Première Guerre Mondiale, à Venise le comte Filippo Grimani conseiller municipal (Venise, 4 juin 1850 – Rome, 5 décembre 1921), s’oppose violemment à l‘avocat Gino Bertoloni, nationaliste, conservateur qui manifeste, dans un accès antisémite, que les hébreux sont responsables de la fin de la Sérénissime.

Filippo Grimani

Mais il a surtout commencé une croisade contre la prostitution, et insinue que ce sont les juifs de Venise qui ont conduit l’aristocratie au libertinage abandonnant dans les bras de femmes "la Vertu et la Patrie".

Gino Bertolini, plus connu pour avoir été l’avocat et le conseiller de Lady Layard, dira ce plaidoyer resté célèbre : "Aujourd’hui, les putes sont une sorte de nécessités : ont doit demander aux employés de l’État de cesser de les obliger à se rétracter ou de les maltraiter, car tout ceci n’est rien que de l’hypocrisie et de la brutalité." L’étude sociologique qu’il publiera vers Noël 1912 est une véritable et singulière tranche de vie vénitienne à l’aube de ce siècle.

La bella moscardina !

Dans la partie intitulée La farandole delle meretrici il explique et décrit l’offre sexuelle tarifiée importante de l’époque. Il y montre une inhabituelle compréhension pour ces filles du peuple et leurs misérables conditions de vie. Il dénonce également cette jeunesse riche qui use de leurs corps et veut partir sans payer, condamnant aussi cette société bien pensante prompte à dénigrer la "gent des égouts" mais qui ne bouge pas pour tenter d’améliorer les conditions de cette misère dont ils puisent en fait leur richesse.

Ces "impure di strada" sont des filles de Venise et de sa région. Brunes ou blondes, elles battent le pavé des calis, deux par deux, accostant le client devant les commerces, se mélant de façon désinvolte aux spectateurs qui attendent à l’entrée des théâtres ou dans les lieux publics.

Fille et son soutenur et un client, devant le Gran Teatro La fenice

La rue est leur lieu de travail ou cette population, aux confins de la loi, est constamment offensée, arrêtée, molestée et bastonée par les zélés défenseurs de la moralité publique.

Comme le Code Pénal leur interdit d’amener leurs clients dans un pied à terre, les passes se font dans la rue, sous un porche, appuyés contre une colonne, ou la balustre d’une fondamente où la fille soulève une jambe. Le tarif moyen des prestations, varie de 5 à 15 Lires, surtout en fonction de l’âge de la fille.

A la tombée de la nuit, l’éclairage public étant si faible, avec ses rares lanternes, que l’ambiance créée devenait plus "intime", spécialement dans les lieux moins passagers. Le puits du campo Santa Sofia, par exemple, était abondamment utilisé pour des libations si bruyantes que, parfois, les voisins jetaient de l’eau sur les couples en pleine action

Le printemps des filles des rues

Article librement inspiré de Venezia sconta. 7 secoli di piaceri, intrighi e scandali erotici par Claudio Dell’Orso avec la permission de l’auteur.

Images tirées de Italia. II. L’ambiente fisico e psichico. Storia sociale del secolo ventesimo de Gino Bertolini (1912)


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