J'ai reçu Oh, boy ! en cadeau de swap grâce à Syl et d'avance je lui dis : MERCI ! Quel superbe cadeau, tu m'as fait là !
Il est rare de découvrir une œuvre avec un tel palmarès de prix littéraires, précisé ici ( à ce propos, Laure, je te laisse le choix du prix pour ton challenge).
Dernière chose : j'ai débuté ce roman sans savoir qu'il s'adressait à un public jeune ( j'ai pour habitude de ne jamais lire la quatrième de couverture. C'est un de mes collègues, curieux de découvrir ce que je lisais, qui m'a renseignée à ce propos en lisant, lui, cette fameuse page ! Mais non, je ne plane absolument pas) et honnêtement je suis heureuse que nos petits jeunes (et leurs aînés) puissent profiter d'une telle œuvre de qualité.
Barthélémy Morlevent a tout pour lui : beau comme un dieu (un regard de velours aux yeux bleu star) et maqué à son antiquaire de patron (Léo, soupe-au-lait le plus souvent), il ne se foule pas au boulot et passe le plus clair de ses journées à jouer à la console de jeux (avec une maîtrise parfaite de Tomb Raider). Ce Parisien pur souche habite un appartement bien situé et envisage sereinement l'existence. Seules ombres à ce tableau idyllique : sa demi-sœur, Josiane, ophtalmologue de profession qui n'a cessé de le diminuer durant l'enfance et son voisin du dessous, du genre à castagner sa ravissante femme, Aimée ( cela ne s'invente pas), quand il en a envie et en général, tout le temps !
Pour parfaire l'ensemble, une juge gourmet (Laurence), une assistante sociale (Bénédicte) et trois orphelins (Siméon, Morgane et Venise) s'annoncent, bien décidés à le rendre responsable : oh boy ! (juron proche du allo, quoi nabillien)
Tout est subtil dans ce livre. Traitant des sujets comme l'homosexualité, les violences conjugales, le deuil et l'abandon, les familles recomposées (et parfois éclatées), la stérilité des couples, l'adolescence des enfants surdoués ou la maladie, l'auteure aurait pu subir un plantage direct. Et ce sont, là, tout le talent et l'art de Marie-Aude Murail : traiter des sujets graves et savoir en rire, vivre le moment présent sans épargner les instants difficiles qu'implique l'existence. Sous couvert de ce tutorat rocambolesque, Oh, boy ! offre à son lectorat une magnifique leçon d'écriture : rendre accessible et audible à tous, ce qui n'est pas simple (et souvent tu : la mort possible d'un enfant, la lutte contre le cancer, le dépistage du SIDA), dérouler une histoire commune avec effets rebondissants (moments de tension et de détente), présenter une tribu aussi fantastique que celle des Mallaussène de Daniel Pennac.
Tout est beau et bon dans ce livre : des dialogues savoureux (avec les expressions extraordinaires de la petite Venise qui porte bien son prénom : ses boucs d'oreilles et son pédésexuel me manquent déjà), les blagues lourdingues de Bart (idéales pour désatomiser une situation tendue et contrecarrer le sérieux des géniaux Siméon et Morgane), une intrigue qui tient la route (celle de trouver le fameux Prince Charmant et un tuteur pour les trois petits), une famille dont les liens de sang vont renforcer la légalité. Un roman majeur de la littérature ado, t out simplement sublime !
Éditions l'école des loisirs