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Culte du dimanche : Philadelphia de Jonathan Demme

Publié le 30 novembre 2014 par Fredp @FredMyscreens

Culte du dimanche : Philadelphia de Jonathan Demme

A la veille de la journée mondiale de lutte contre le Sida, il est bien normal d’évoquer l’un des premiers films à en parler ouvertement et qui a été autant reconnu par le public que par la critique et les professionnel. Un drame qui prend toujours à la gorge : Philadelphia.

Culte du dimanche : Philadelphia de Jonathan Demme
Après le succès public de l’oscarisé Le Silence des Agneaux qui a apporté la précieuse statuette à Jodie Foster et Anthony Hopkins en 1991, le réalisateur Jonathan Demme s’intéresse à un nouveau genre, le procédural sociétal. En effet, artisan capable de s’adapter à de nombreux genres et donc de nombreux sujet, ils va cette fois aborder les thèmes difficiles du sida, de la tolérance et de l’homosexualité sur l’appui d’un scénario bien construit de Ron Nyswaner inspiré par la vie de Geoffrey Bowers. Un brillant avocat à l’avenir prometteur voit sa vie anéantie lorsqu’il est licencié pour faute professionnelle. Hors la seule « faute»  qu’il pourrait avoir commis auprès de son entreprise est d’avoir caché sa sexualité et sa séropositivité. Il décide donc d’attaquer son ancien cabinet en justice avec l’appui de Joe Miller, avocat noir et initialement homophobe qui va en apprendre un peu plus sur la tolérance.

L’action se situant dans la ville de Philadelphie, personnage à part entière du film, à la portée historique importante pour toutes les questions de tolérance, le long-métrage a d’emblée une certaine volonté d’être le témoin de la société. En effet, au début des années 90, la cause homosexuelle a encore beaucoup à faire reconnaître et la bataille contre le sida bat son plein alors qu’il n’a été que très peu évoqué à l’écran. Le réalisateur aborde alors le film avec beaucoup de recul et de finesse, n’allant jamais dans la démonstration et dans la grande dénonciation. Il s’intéresse avant tout à des personnages humains qui vont développer un certain respect et une certaine tolérance envers les autres.

Culte du dimanche : Philadelphia de Jonathan Demme

La réalisation ne va pas être inventive mais sera toujours au service de ses personnages et de son propos comme le souligne l’usage en générique d’ouverture de la chanson de Bruce Springsteen (le grand représentant de la middle class américaine). A travers le personnage d’Andrew Beckett, le réalisateur va montrer à quel point notre société a toujours des problèmes de tolérance. Mais il va aussi grandement s’intéresser à ses personnages et à leur évolution, que ce soit l’état de la maladie qui progresse chez Andrew qui veut tout de même se battre pour faire valoir ses droits, toujours soutenu par ses proches, ou Joe Miller dont la mentalité va changer petit à petit sans se renier.

Culte du dimanche : Philadelphia de Jonathan Demme

Il faut dire que Demme peut s’appuyer sur deux acteurs particulièrement brillants, devenus depuis de véritables icônes des années 90 qui perdurent encore aujourd’hui. Tom Hanks trouve en Andrew Beckett l’un de ses rôles les plus forts et poignants alors que Denzel Washington faisait preuve d’un gros caractère mais attachant tout de même. Les deux ses livrent à d’excellentes performances, en particulier Tom Hanks qui perdra plusieurs kilos pour le rôle et sera presque méconnaissable à la fin lorsque son personnage très affaibli devra se battre jusqu’à la fin. Une prestation particulièrement émouvante (avec pour point d’orgue cette magnifique tirade sur l’opéra) qui vaudra à l’acteur un Oscar bien mérité.

Culte du dimanche : Philadelphia de Jonathan Demme

Sans rupture de rythme et toujours avec une certaine délicatesse, sans jamais plonger dans les atrocités qui nous feraient sortir de l’histoire et de la portée de ce procès, le réalisateur nous emporte. Et cela a bien fonctionné puisque le film sera un succès public mais surtout critique et médiatique, renforçant le combat contre l’homophobie et participant à mieux faire connaitre la lutte contre le virus du sida. Un geste salué par les professionnel qui nommeront le film à plusieurs reprises. Aujourd’hui encore le film n’a pas vieillit et garde une émotion intacte avec un message qui a malheureusement encore besoin d’être rappelé car il reste toujours beaucoup de chemin à parcourir


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