Puisque je m’attelle ce mois-ci à étudier de nouvelles « sciences et technologies » afin d’étoffer ma rubrique de tutoriels DIY, je fais face à de nombreux questionnements intérieurs existentiels (ou presque!)…
Parlons d’hyper-consommation; je trouve que le mot surconsommation ne représente pas assez l’ampleur de notre folie consumériste la plupart du temps. Particulièrement, lorsque je vois certains de mes compatriotes au volant de voitures à 200 000 dollars CAD quand la majeure partie du monde se demande comment elle mangera le lendemain; je ne suis personne pour juger, mais pourquoi répartir les richesses quand il peut y avoir des gens riches et des gens pauvres n’est-ce pas?
Notre société d’hyper-consommation en hypermarchés avec hyper-absence de pouvoir d’achat, semble très douée pour nous faire passer des petits luxes pour des besoins primaires; j’ai vécu cette période de ma vie où acheter une nouvelle paire d’escarpins était un besoin vital, au même titre que respirer et manger… Voyez que je reviens de loin ! Sans parler du coût écologique et de santé d’une telle façon de penser (mon équilibre psychologique tient à ce que je suis capable de me payer, qui est bourré de produits cancérigènes et fabriqué avec bien peu d’éthique dans des conditions on ne peut plus néfastes pour l’environnement), acheter la nouveauté, le plus gros, et le plus cher sans contribuer à diminuer le malheur des personnes qui nous entourent (et pire encore, en l’alimentant le plus souvent) représente aujourd’hui pour moi un crime contre l’humanité auquel j’ai contribué de bien trop nombreuses années. Si seulement j’avais réalisé plus tôt que donner mon argent à des voisins qui en ont besoin a bien plus d’impact sur mon sentiment de bien-être psychologique que m’acheter du maquillage pour être la plus -faussement- jolie en ville, mais « hey ! » personne ne nous parle de ça à la télévision ou dans la presse !
Ainsi donc, et on arrive enfin là où je veux en venir je sais que vous commenciez à vous inquiéter à ce que cet article vire totalement écolo radical moralisateur, acheter ses denrées alimentaires, son matériel cosmétique, de santé ou autre sont les premiers témoins de cette société d’hyper, semble malvenu aux premiers abords lorsqu’on s’auto-proclame écolo de première classe ! Acheter serait le mal et il faudrait donc pour être éco-responsable cultiver ses propres tomates, se brosser les dents avec des branches et mettre la main sur des verres à soie ou un mouton assez gentil pour nous prêter sa petite laine?
D’une façon plutôt réaliste, il serait difficile d’être auto-suffisant du fait, d’une part de notre conditionnement culturel et géographique (retirez les commerces et les automobiles de votre vie et il ne vous reste plus grand chose à faire de vos temps libres) et d’autre part, de l’impact de l’agent sur notre monde. Il y fait la liberté. En effet, la liberté d’exister repose sur notre capacité à payer. Sans argent aujourd’hui, pas de toit, pas de chèvre pour votre lait ni de mouton pour vos tricots, pas de voyages pour découvrir le monde et pas de communication à l’heure de la 4G et de la fibre optique (adieu wordpress et réseaux sociaux). Essayez de réaliser un tutoriel DIY sans argent et vous verrez qu’il sera quelque peu compliqué de vous procurer du beurre de karité sur le sol québécois ! Même avec des aspirations à une vie minimaliste où l’on ne nécessite rien d’autre que du pain et de l’eau, l’argent est indispensable tant qu’on n’a pas de source d’eau à disposition, qu’on ne mange pas encore les insecte et qu’on a besoin d’un toit chaud.Ceux qui ont tout quitté pour vivre une vie simple ont pu se le permettre en vendant les produits et les arts qu’ils ont développé dans leur nouveau « temps libre » et vivent donc avec l’argent de ceux qui suivent le système « traditionnel » en attendant un hypothétique retour au troc ancestral. Ou alors ils ont travaillé et épargné beaucoup avant de tout lâcher pour vivre leur rêve d’indépendance.
Alors quand on veut le meilleur pour soi-même, et qu’on n’a pas les moyens de s’offrir une ferme ou une maison d’architecte 100% écologique, comment procéder ?
Faire soi-même? Acheter local ? Ou simplement ne rien faire ?
Alimentation: Faire soi même grâce aux recettes de maman/papa et au pouce vert sont certes bien souvent plus économique, toutefois, demande du temps et un certain savoir-faire qui ne sont malheureusement pas toujours à notre portée. Ne comptez pas sur moi pour faire pousser des tomates à partir de leurs graines, j’en suis tout bonnement incapable. Un juste milieu est de mise entre ce que l’on est en mesure de faire d’une façon réaliste ( le lait d’amande par exemple; il n’y a rien de plus simple une fois que vous avez les amandes, de l ‘eau, et encore une fois le matériel qui nécessitera un petit investissement financier; un broyeur/mélangeur/mixeur acheté de préférence en seconde-main.) et ce que des artisans passionnés et agriculteurs avertis feront mieux que nous. Il faut garder à l’esprit que nous avons beau être plein de bonne volonté, il y a des règles sanitaires et des techniques de base simplifiant la production de produits de qualité que nous ignorons dans la chaleur de notre cuisine alors que les artisans professionnels sont formés et expérimentés sur la question. Et ceci s’applique à tous les domaines de la consommation.Un artisan met son savoir faire à votre disposition, peut le partager avec vous si vous le lui demandez, et vous offre le meilleur de ses produits en échange d’une contribution généralement honnête à son travail (pour ma part, je n’ai pas encore croisé d’éleveur de vache laitière en coupé sport).Cotôyer de telles personnes permet de redonner un côté humain à votre consommation, vous ne payez plus un inconnu en décrochant un difficile « bonjour » à la caisse surchargée de votre supermarché, vous rémunérez une personne qui vous sourit, prend le temps de comprendre vos besoins et finira par savoir votre nom et celui de vos enfants.
Je précise qu’aucun comité de valorisation de l’artisanat ne m’a engagé pour promouvoir ce mode de consommation, cette initiative est purement personnelle sur une base analytique et expérimentale.
Apparences: D’une façon plus générale, acheter ses cosmétiques ou ses vêtements est à limiter très sévèrement. Les textiles et les produits sanitaires (hygiène, beauté, ménage, etc.) font partie des plus grandes sources d’exposition aux substances nocives dans notre domicile.Porter une paire de sneakers de marque n’est pas un choix anodin lorsqu’on connaît leur mode de fabrication, et les produits utilisés pour obtenir de belles couleurs flashy. Connaissez-vous cette odeur du produit neuf ? Elle n’a rien d’innocente et je vous invite à faire votre propre investigation personnelle sur la question, tout en vous initiant à la connaissance d’un domaine de consommation éthique; des pantalons et des chaussures éthique et bio ça existe, oui ! Plus connus au niveau des cosmétiques et produits ménagers où le bio n’a plus à faire ses preuves (même si sourire tous les jours reste selon moi un meilleur anti-rides naturel que l’argousier, difficile de refuser un petit sérum huile d’argousier 50%/ huile d’argan 49%/ vitamine E 1% !), il n’est pas moins important de considérer toutes les autres composantes toxiques de votre demeure en toute âme et conscience; vos rideaux rouges et votre téléphone sans fil comptent ! Limitez vos envies de « paraître », fabriquez vous-même quand vous le pouvez (profitez-en pour apprendre la couture, le tricot, les loisirs créatifs sont un moyen de créer de nouveaux liens et sont à démystifier, ils ne sont pas réservés aux personnes âgées et/ou douées, c’est en forgeant qu’on devient forgeron !) pour cela, internet est une mine d’or ! Et encore une fois, privilégiez quand vous devez acheter ; le seconde main, les marques locales, éco-responsables, et la cohérence dans vos actes de consommation. Je restes toujours amusée de voir que des mamans qui se ruinent en produits bio pour bébé (je vous promet que je vous apporte bientôt ma fameuse recette du liniment maison qui se tient au chaud dans mon calepin d’idées) et couches lavables aient au milieu de leur salon de beaux et super controversés tapis de mousse colorés que bébé mâchouille et sur lesquels il se tient les fesses à l’air !
Transport: Le DIY du transport équivaut à aller à pied. Cela reste le moyen le plus fiable (mais pas le plus rapide ni le plus facile j’en conviens) de se rendre d’un point A à un point B. Par temps chaud, je pense qu’il est agréable et simple (relativement, sur notre vaste territoire nord-américain) de faire travailler ses petites gambettes pour se rendre à l’épicerie bio du coin ou aller au bureau. Avec un minimum d’organisation (un cabas à roulette pour les courses et un déménagement proche du lieu de travail et de services) on peut s’en sortir assez efficacement à pied, avec tous les bénéfices pour la santé que nous connaissons tous (et la, on ne parle pas de l’exposition à la pollution mais il vaut toujours mieux être pollué actif que pollué assis, et en la matière, pensez qu’il y a plusieurs jolies opportunités de carrières en régions, en prime d’une qualité de l’air certainement meilleure !). Pour les plus grandes distances, pensez vélo, acheté d’occasion évidemment. Il existe de nombreux dispositifs aujourd’hui pour rendre vos balades à vélos aussi agréables que celles en voiture, notamment pour les familles avec enfants ! Et quel beau moment partagé ! Pour d’encore plus longues distances où évidemment la voiture semble finalement indispensable, pensez transports en commun, locations d’automobiles communautaires électriques (dans les grandes villes) et co-voiturage. Si vous voulez acheter, privilégiez des modèles de voiture éco-concernés avec une faible émission de dioxyde de carbone, des sièges aux matières naturelles, des dons reversés par la marque pour l’environnement, etc. Au final, ma règle d’or pour l’utilisation de la voiture est: ne jamais voyager seul ! Si votre voiture n’est pas remplie comme une guagua dominicaine, alors reportez votre sortie à demain ou vous pourrez profitez pour déposer votre voisin, votre mère ou vos enfants quelque part sur votre itinéraire, ou bien trouvez-vous un co-voitureur ! Enfin, pour d’encore plus lointains voyages, privilégiez les escales si vous vous rendez dans des destinations très distantes,(visitez 3 pays en une fois plutôt qu’en trois fois) et assurez-vous de compenser votre empreinte de carbone avec de petits contrats-défi personnels (je vais en France cet été, en échange, je m’engage à utiliser mon vélo là bas et aucun autre moyen de transport pendant tout le reste de l’été). J’aime aussi l’idée de rendre mes voyages plus « humanitaires« . Ainsi, au lieu d’emmener des kilos de vêtements alors que je ne porterais que la même paire de pantalons toute la semaine, je préfère garnir ma valise d’effets personnels à donner au suivant ! Quelle joie de recevoir des produits inédits au pays pour la population locale ! Si tous les Nord-Américains qui partent en vacance annuellement dans le Sud faisaient ainsi, je suis prête à parier que les différences aberrantes entre Nord et Sud de l’Amérique s’amenuiseraient assez rapidement.
Nous arrivons donc au bout de ce « récit » à la limite de l’autobiographique, et comme récompense pour avoir eu le courage de lire mes divagations grano jusqu’à la fin voici…
Illustration: la fabuleuse Maeril avec qui je soupçonne que nous ayons des grands-mères qui s’échangeaient les astuces beauté…
Références :
- L’observatoire des cosmétiques: http://www.observatoiredescosmetiques.com/
- Mont Echo; recherches et études sur l’argousier référencées par la marque: http://www.mont-echo.com
- Les Echos nous informe que Greenpeace met en garde contre les substances chimiques dans les textiles: http://www.lesechos.fr/
- Toxic Foam Mat: http://toxicfoammats.com/ En alternative, fabriquez ou procurez vous une grande courverture molletonnée en guise de tapis de bébé, fabriquez-la avec des matériaux bio et durables, ronde et insérez sur la bordure un grand cordon que vous pourrez resserrer pour la transformer en grand baluchon avec tous les jouets de bébé à l’intérieur !
- Libération, chronique en réponse à un article controversé sur l’utilisation de l’automobile qui serait plus écologique que celle du vélo: http://www.liberation.fr/
- Maeril, art blog: http://maeril.tumblr.com/