L'a cappella est un genre mal connu en France alors que les pays anglo-saxons y consacrent depuis longtemps des festivals. Cela va changer, je le prédis.Florent Pagny (qui pourtant en connait un rayon dans le domaine instrumental) ne savait pas ce qu'était un looper en assistant à la prestation de MB 14 au cours d'une épreuve éliminatoire de The Voice. En résumé, un appareil qui permet de reproduire en boucle du son qu'on vient d'enregistrer. Cela permet à une personne seule en scène de superposer plusieurs voix. On peut aussi l'utiliser pour renforcer des accords de guitare. Cela se fait beaucoup dans le domaine de la variété, pas seulement dans l'a cappella.
Toujours est-il que l'expression est une francisation de l'italien alla cappella, signifiant à la chapelle, en référence aux chants pratiqués dans les lieux sacrés, sans accompagnement instrumental. Il s'agissait de chants religieux jusqu'au XVIII° siècle.
Depuis le milieu du XX° siècle, le chant a cappella s'est étendu à la musique populaire, au jazz, au R&B, au slam et certains chanteurs contemporains s'accompagnent parfois d'une simple rythmique faite de claquements de doigts, de claps des mains, ou autres percussions corporelles. Si je vous dis Pow Wow, le lion est mort ce soir ... vous admettrez que vous savez de quoi il retourne.Avec Fork on entre dans une autre dimension. Ce groupe finlandais a réinventé le chant a cappella. La mise en scène est travaillée comme un opéra. Les fabuleux costumes sont haute couture. Les lumières de Tobias Lönnquist composent un décor. Et surtout les arrangements sont travaillés comme un habillage musical. C'est du grand spectacle d'un bout à l'autre du show.

Tout en étant ultra professionnels les quatre interprètes, Jonte Ramsten et Kasper Ramström, Mia Hafrén et la dernière à avoir rejoint le groupe, Anna Asunta, font preuve d'une sensibilité qui conquiert tous les publics, acquis ou non au genre.
Ils ont l'art de se les mettre dans la poche sans pour autant maitriser la langue française. Si bien qu'à la fin on dansait tous debout dans la salle de Saint-Germain-en-Laye où je suis venue les voir. Et je peux vous assurer qu'il n'y avait pas que des groupies de moins de vingt ans.Le spectacle offre un enchainement de reprises de tubes internationaux, connus de tout le monde, souvent célébrés par des Grammy Awards, ce qui aide à apprécier le travail vocal. Chanter a cappella impose de se passer d'instrument mais pas de technique.
Il faut un immense savoir-faire et un entraînement digne des champions sportifs pour restituer les riffs de guitares comme les lignes de basse, avec "simplement"… des voix humaines. Vous remarquerez sur les photos (l'article n'est reproduit "qu'une" quarantaine sur les 130 que j'ai prises durant le concert) qu'ils n'utilisent pas des micros cravates quasi invisibles. Certes ils auraient l'avantage de les laisser davantage libres de leurs mouvements mais sur le plan acoustique ce type de sonorisation est plutôt décevante.
C'est un ingénieur du son français, Grégory Maisse, qui accompagne le groupe finlandais. Et son travail est fondamental. Il a créé un son particulier, sorte de trésor qui relève du secret-défense.






La soirée s'organise en deux parties. La première en costumes extravagants évoquant le grand Siècle, la seconde (après un très mérité entracte indispensable pour reposer leurs cordes vocales) en tenues de scène contemporaines.



Vous aurez compris qu'une de leurs motivations est de s'amuser et de donner de la joie aux spectateurs. Cela se sent parfaitement sur scène. Ils sont autant à l'aise dans des morceaux qui prennent une allure de country (avec Cotton Eye Joe de Rednex) qu'à esquisser quelques pas de danse illustrant la Macarena de Los Del Río. Leur transformation de Wake me up de Aviici est très étonnante et Yes Sir, I Can Boogie (1977) de Baccara leur convient tout autant. Ils terminent ce medley avec Rasputin de Boney M, ce qui leur vaut des applaudissements très nourris.







Con te partiro d'Andrea Bocelli (1995) est une surprise italienne. Mia se déchainera sur Crazy In Love de Beyoncé et les deux garçons feront incursion dans la salle le temps d'un autre medley regroupant Party Rock Anthem et Gangnam Style avec descente spectaculaire (et très appréciée) dans le public.









