Clipperstone ? Deux frères Raimbaud composent depuis quelques années en sous-marin
et ce premier EP marque le lancement d’un projet aux grandes ambitions. David à la composition, Fabien à l’écriture, « Silence » a de quoi séduire aussi bien les fans de Noir Désir que ceux de God Is An Astronaut. Et top, ils ont accepté de répondre aux questions de LBCMusique. Allons-y!
Comment peut-on présenter Clipperstone en quelques mots ?
Fabien (voix) : Je vous prends au jeu de quelques mots dans ce cas : frangins, fondations, questionnements, vibrations, remèdes. Plutôt claire notre démarche finalement ?
David (musique) : Totalement limpide (rires) ! On fait du slam rock avec des textes en français & nous venons de sortir notre tout 1er EP fin 2018 intitulé « Silence ». 5 chansons aux multiples influences (No One Is Innocent, Mass Hysteria, Noir Désir, God Is An Astronaut, Red Sparowes, 1000Mods, Bjorn Gelotte…)
Fabien : Notre nom Clipperstone est tout simplement un mix entre deux oppositions naturelles : la fragilité vs la dureté. Quoi de mieux qu’une île comme celle de « Clipperton » et l’image du roc(k), de la pierre pour l’incarner. Derrière cela, c’est finalement l’idée de pouvoir se définir au travers de ses propres paradoxes.
View this post on InstagramRéunion de travail avant début du chantier #clipperstone
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David : Clipperstone est à prendre comme un chantier en cours de construction avec tout de même une différence importante avec un chantier classique : nous avons déjà le plan des extensions !
– Je découvre vos projets avec votre EP « Silence » : quelles émotions peut-on ressentir ?
Fabien : Peut-être que ça serait plus à vous de nous le dire, de nous le partager…
David : C’te pirouette !
Fabien : Disons que le mot « émotions » est quand même fort. Si on peut parler davantage de réactions, je pense que musicalement et dans les textes on retrouve une dualité naturelle. Pour les textes, certaines chansons comme « derrière mon abri noir » ou « serfs aux abois » transpirent la lutte, le combat, la résignation, le déclin et d’autres comme « ici ailleurs », « portes du mirage » sont beaucoup plus introspectives, personnelles, intimes.
David : Musicalement c’est pareil. Le choix de 2 sons de grattes bien distincts marque bien aussi cette dualité. Un son lourd, très rock et un autre beaucoup plus influencé par le post-rock mélodique très aérien. Ça se croise, ça s’entrechoque, ça se répond, ça vit en somme !
Fabien : C’est exactement à l’image de ce qu’on écoute aussi.
– On a l’impression que vos projets se font (ou s’inscrivent) dans une démarche littéraire, de philosophie. Est-ce bien cela ?
Fabien : Disons que l’important est de soulever le questionnement. Ce qui en soit est déjà un sacré challenge ! Tout le pari, lorsqu’on décide de partager le fruit de ses tripes, c’est qu’on espère au moins que ça raisonne pour quelques personnes. Que ces quelques personnes prennent le temps de tendre l’oreille délicatement. Quand je dis « délicatement » le mot a son importance. Nos oreilles sont tellement volages maintenant qu’il devient très difficile, me semble-t-il, de pouvoir capter l’attention de quelqu’un, de réussir à le toucher pour qu’il décide de poursuivre avec vous le voyage auditif.
David : C’est tout l’enjeu. Trouver l’alchimie parfaite entre le bon riff, le bon mot, le bon moment ! L’avantage de composer avec son frangin, c’est qu’on n’y va pas par 4 chemins. On se dit les choses franchement. Quand ça plaît on garde, quand ça ne plaît pas on travaille jusqu’à ce qu’on aboutisse au résultat escompté. Celui de créer une résonance pour l’autre.
Fabien : Dès le départ, nous nous sommes entendus sur le contenu de l’histoire que l’on souhaite construire. Une histoire structurée en 3 chapitres. « Silence » étant la première pierre posée. Nous partons du postulat que l’espèce humaine n’est que paradoxe. A chacun de pouvoir capter l’essentiel et de défendre ce qui l’anime vraiment. L’enjeu est donc de se regarder dans le miroir. Quelle est notre posture, notre rôle dans une société́ soi-disant dite moderne ? Qui sommes-nous au fond ? Quelle réelle prise de conscience ? Où se situe le respect des générations futures ? Tient-on encore la plume de notre histoire individuelle, de notre destin commun ?
David : Ton enchaînement de questions prouve bien qu’on est dans la recherche de questionnements avant tout. La boucle est bouclée ! (rires)
– Quelles ont été vos inspirations au cours du projet ? A quel moment avez-vous décidé de parler de sujets sociétaux ?
David : Comme évoqué en début d’interview, les inspirations musicales sont multiples.
Fabien : Parler de sujets sociétaux était pour nous une évidence et ce dès le départ. Mais ce qui nous importe, vraiment, c’est le cheminement individuel par rapport à tout cela.
– Pouvez-vous nous en dire plus sur vos prochains projets (musicaux) ?
Fabien : Dans la continuité de notre 1er EP « Silence », le 2ème chapitre s’’intitulera « Éveil » et le 3ème « Antidote ». « Éveil » permettra de faire la part belle à l’introspection, à la liberté́ de penser, de choisir, d’imaginer. La réponse n’est pas forcément ailleurs, mais en soi. La pensée unique, la doctrine fasciste seront clairement ciblées et malmenées. Une lutte de tous les instants à partager ensemble. « Antidote » sera la dernière pierre à ce premier édifice. Ces morceaux permettront de rebondir et de se nourrir d’espoir. L’espoir de la jeunesse que tout le monde porte en lui finalement. L’espoir d’aujourd’hui se situe dans le regard de chacun. L’espoir de demain, dans le regard de nos enfants.
David : Ce que vient de dire Fab concerne l’aspect musical des choses. Parallèlement à cela, nous avons associé dans ce projet tout un tas de créatifs. Amateurs, passionnés de photos, de dessins, de graphs qui nous font le plaisir de nous partager un coup de cœur, une production de leur choix. Seule consigne : intégrer la notion de paradoxe qui structure notre démarche. Sans faire redite à ce qui a été dit précédemment mais les exemples sont multiples : fragilité vs dureté, calme vs tempête, nature vs pollution, douceur vs combat, isolement vs entourage… Qui veut, peut intégrer le mouvement ! [email protected]
– Y aura-t-il des événements pour écouter vos analyses ?
David : On vous invite à nous suivre en ligne. 2020 promet d’être une grande année ! On vous laisse avec ça ! (rires)
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– Avant de se quitter, nous rencontrons souvent des artistes émergents : auriez-vous un mot pour eux ?
David : Nous tarde d’être à vos côtés lors de tremplins, de festivals, de scènes ouvertes… Rendez-vous au square, au terrain de jeux !!! (rires)
Fabien : Que vos rêves vous portent loin les amis !