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[Critique] Evil Does Not Exist de Ryusuke Hamaguchi

Par Mespetitesvues
[Critique] Evil Does Exist Ryusuke Hamaguchi

Synopsis officiel: Takumi et sa fille Hana vivent dans le village de Mizubiki, près de Tokyo. Comme leurs aînés avant eux, ils mènent une vie modeste en harmonie avec leur environnement. Le projet de construction d'un " camping glamour " dans le parc naturel voisin, offrant aux citadins une échappatoire tout confort vers la nature, va mettre en danger l'équilibre écologique du site et affecter profondément la vie de Takumi et des villageois...

En salle au Québec: 17 mai 2024

De l'acclamé Japonais Ryūsuke Hamaguchi nous parvient ce Evil Does Not Exist (Le Mal n'existe pas / Aku Wa Sonzai Shinai), auréolé à Venise et dans plusieurs autres festivals internationaux. Fable écologique à forte saveur métaphorique, Evil Does Not Exist confirme tout le bien que l'on pensait du réalisateur né en 1978, auteur de Drive My Car en 2021 (Oscar du meilleur film en langue étrangère) et Happy Hour en 2015 (mon film préféré de lui).

L'originalité de son approche d'un sujet largement débattu, la délicatesse et le raffinement employés pour faire passer des messages forts et la subtilité déployée dans l'illustration des mystères de Dame Nature font de ce film une oeuvre remarquable, qui, après un travelling d'ouverture mémorable, s'insinue durablement dans les esprits.

Tour à tour critique implacable - notamment dans son évocation implacable de la fourberie des financiers - et fable surréaliste, avec son dénouement fantastique qui laisse au spectateur le choix de l'interprétation, Evil Does Not Exist se démarque nettement des kyrielles de films pro-environnement.

Hamaguchi illustre bien la complexité et l'inhumanité de ces projets de développement économique, qui ne seront bénéfiques que pour quelques touristes aussi fortunés qu'insouciants. Ce " glamping " haut de gamme attirera les citadins en haut de la montagne, mais aura des répercussions néfastes sur les habitants vivant en aval, notamment en polluant l'eau, source précieuse de vie.

Mais le gouvernement a promis des subventions, alors il faut aller de l'avant coûte que coûte, quitte à sauter des étapes et précipiter la construction, au mépris de la nature et des humains qui y vivent paisiblement. La dimension sociale du récit est des plus fascinantes, d'autant que le choc des mondes et des cultures - illustré presque de manière documentaire - est exempt de jugement et de morale.

Le pamphlet - si pamphlet il y a - se distille dans une cinématographie immersive et sensorielle, faisant la part belle à des dangers imminents, rôdant en permanence alentours sans que l'on puisse vraiment en saisir la teneur. L'aura de mystère qui entoure le récit se pare de plans sublimes, de paysages remarquables et d'une trame musicale stratosphérique signée Eiko Ishibashi.

Les comédiens touchants et justes, les touches d'humour parsemées ça et là, le montage fluide et le rebondissement final imprévisible participent également au pouvoir d'attraction de ce film mélancolique, parfois amer, qui place la barre très haut dans son genre.

❤❤❤❤❤


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