Ce sont des photos de la fin du 19ème siècle, photos d’apparat et photos intimes, généraux, ecclésiastiques, femmes du monde et charmants poupons, toutes ces photos qui témoignent d’une époque (belle) et de l’envie de se montrer sous ses meilleurs atours, portraits bourgeois avant la démocratisation de la photo, rivale de la peinture, pas encore ‘art moyen’. Ce sont des photos comme on en a tant vues, que ce soit à la BN, dans des albums de famille ou dans les expositions des petits musées d’histoire locale. Noires et blanches, tirant vers le sépia, elles sont partie intégrante de notre mémoire.
Mais ici, à la galerie Kamchatka (jusqu’au 18 Février), elles ne sont plus ces traces nostalgiques d’une histoire tirant à sa fin. Raphaël Denis les a prises à bras le corps, ces photos, il les a poinçonnées, déchirées, maculées, scarifiées,
![Damnatio memoriae 20-madame-la-marquise.1200326298.jpg](https://media.paperblog.fr/i/39/391996/damnatio-memoriae-L-cLmkCZ.jpeg)
On peut retrouver là la rage d’un Arnulf Rainer crayonnant presque en transes ses propres photos ou celles des ‘outsiders’ dont il collectionne l’art. J’ai surtout pensé à ce film de Peter Tcherkassky, ‘Outer space’, où, reprenant une scène de viol par un extra-terrestre dans un film fantastique américain, l’artiste triture, griffe, déchire, brûle physiquement la pellicule, traduisant dans le support la violence même de l’histoire.
![Damnatio memoriae 10-deux-pas-en-arriere.1200326275.jpg](https://media.paperblog.fr/i/39/391996/damnatio-memoriae-L-WsWlrU.jpeg)
![Damnatio memoriae du-plomb-dans-la-tete.1200326352.jpg](https://media.paperblog.fr/i/39/391996/damnatio-memoriae-L-C5fOpH.jpeg)
Photos courtoisie de l’artiste et de sa galerie.