Critique Ciné : Sabotage (2023)

Sabotage // De Daniel Goldhaber. Avec Ariela Barer, Jristine Frøseth et Lukas Gage.

Avec Sabotage, Daniel Goldhaber nous plonge dans l'urgence climatique quand un groupe d'activistes, qui fait des petites actions quotidiennes, décide de prendre les choses en main et de frapper fort. L'éco-terrorisme n'est pas forcément très exploité au cinéma alors Sabotage (ou How to Blow Up a Pipeline en VO) apparaît comme un vent d'air frais sur le cinéma américain indépendant. Le film démarre comme un film de braquage sur fond d'une musique rythmée où l'on suit le chemin de chacun des personnages avant d'arriver à leur point de ralliement dans le désert américain. Petit à petit, tout ce que chaque personnage doit faire nous est révélé au fur et à mesure tout en faisant évoluer le récit dans le présent. Dès le départ, Sabotage s'installe comme un thriller et le rythme et la tension fonctionnent. Le film en lui-même est bourré d'idées : à la fois une histoire sur la crise climatique, les conséquences que cela peut avoir sur certaines personnes (une des activistes est victime d'une leucémie, courant chez ceux qui habitent près d'une raffinerie) et les mesures drastiques que prennent les personnages pour venir à bout de leur pensée.

Face à l'urgence écologique, un groupe de jeunes activistes se fixe une mission périlleuse : saboter un pipeline qui achemine du pétrole dans tous les Etats-Unis. Car parfois, le seul moyen d'être entendu est de passer à l'action.

Dans des flashbacks, chaque personnage nous raconte son histoire et ce qui l'a conduit à en venir à faire sauter le pipeline qui achemine le pétrole dans tous les Etats-Unis. Je trouve ça assez étonnant qu'un pipeline achemine autant dans le sens où si celui-ci ne fonctionne plus, une bonne partie du pays finit par être bloqué. L'histoire de chacun des personnages reste assez vague au départ. Il faut attendre que le film évolue pour que l'on ait une véritable vision des choses. On ne comprend pas tout de suite les motivations de chacun ce qui rend le tout encore plus mystérieux (et d'autant plus intéressant). Si les raisons de certains sont assez mal fagotées, dans son ensemble Sabotage tient assez bien ses promesses. Le message que le film veut faire passer fonctionne à moitié. Si d'un côté on est happés par le récit, celui-ci est trop construit comme un thriller d'action et/ou de braquage pour que l'on ait le vrai message exploité intelligemment.

Visuellement, Daniel Goldhaber nous plonge dans le désert américain avec un côté crépusculaire. C'est assez joli à voir et cela fait aussi du bien par rapport au cinéma formaté que l'on a pour habitude de voir (même parmi les films indépendants qui ont tendances à se ressembler). Le casting de jeunes adultes fonctionne comme un groupe. On sent que les acteurs et actrices ont passé du temps ensemble et on croit à leurs aventures et à leur relation. Sabotage ne cherche pas à nous exploser en pleine figure et préfère étudier la façon dont les personnages en sont venus à faire ça plutôt qu'à nous en mettre plein les mirettes avec des explosions dans tous les sens. Cela restreint un peu le récit mais cela n'en reste pas moins intéressant et assez palpitant pour faire le travail demandé.

Note : 6/10. En bref, un thriller d'éco-terrorisme assez sympathique. Sans briller, il a un solide casting et des idées en veux-tu en voilà. Tout ne fonctionne pas forcément mais l'ensemble se regarde avec plaisir.

Sorti le 26 juillet 2023 au cinéma