Tapie (Mini-series, 7 épisodes) : comment Nanard est devenu Tapie

Bernard Tapie est le genre d'hommes d'affaires français qui mérite un biopic à l'écran. C'est maintenant chose faite avec cette mini-série en sept épisodes sur Netflix. Avec tout ce que l'homme d'affaires a vécu, il était facile de remplir sept épisodes (et encore, certaines parties de sa vie ont clairement été occultées) mais au delà de tout ça, Tapie est clairement un hommage. Les images finales de la mini-série le démontrent. Elles sont là pour rappeler que malgré toutes les affaires dans lesquelles il a plongé, cet homme beau parleur a souvent voulu faire rayonner la France (même s'il était aussi beaucoup trop le pognon). Tristan Séguéla (Un homme heureux, Docteur?) et Olivier Demangel (Baron Noir) nous plongent donc rapidement dans la vie de Tapie. La construction, parfois un brin étrange, nous permet de suivre au fil des années comment Bernard est devenu Tapie, cette icône de la réussite à la française (sans oublier tous les pots cassés au passage qui ont au fil du temps égratigné son image).

De chanteur à businessman, de ministre à prisonnier, Bernard Tapie a tout connu. À travers ses réussites comme ses échecs, la série retrace le destin romanesque d'une personnalité publique hors du commun.

Que cela soit son 45 tours (Bernard Tapy), les débuts avec Grand Dépôt (et la chute inévitable suite à sa relation avec Dominique), le rachat de Diguey Denis puis de Wonder, puis son passage en tant que ministre, sa présidence à l'OM après le rachat du club et la chute inévitable de l'Homme à cause d'un match truqué contre Valenciennes (qui lui vaudra 8 mois de prison ferme !). Laurent Lafitte rêvait d'incarner l'homme d'affaires et c'est chose faite. Je dois avouer que j'ai eu un peu de mal à voir Tapie avec Laurent Lafitte. Non pas que l'acteur est mauvais, juste qu'il manque à l'acteur un semblant de voix rauque et quelque chose à son visage qui ne laisse pas entrevoir constamment cette moumoute sur la tête. La mini-série se raconte jusqu'à la terrible année 1997 pour le personnage qui est l'année de sa première condamnation. Les histoires se racontent de façon rapide. Si cela peut être un atout pour donner un véritable rythme au récit, cela peut s'avérer dommage à certains moments. Je pense qu'il fallait plus d'épisodes pour prendre le pouls de certaines intrigues comme celle de Wonder qui est expédiée (ou presque) en un épisode, celle de l'OM qui prend tout un épisode.

Tapie se concentre sur certains détails de l'histoire plutôt que tout ce qui s'est passé. C'est dommage mais d'un autre côté avec le peu de temps donné, il fallait bien faire des choix. Très librement inspirée de la vie de Tapie par moment, ces petites anecdotes que l'on connait tous sont toutes présentes. J'ai tout de même découvert que Coeur Assistance a réellement existé (et la pub avec Tapie aussi). Tapie a eu une sacrée vite pleine de hauts et de bas que la série a parfois du mal à mettre en scène. La faute notamment au grimage de Laurent Lafitte qui ne permet pas toujours de voir Tapie mais nous laisse avec un acteur qui l'imite. Les personnages secondaires sont là, certains plus que d'autres, mais après trois épisodes assez bien ficelés, la série commence à perdre pied par la suite. Le dernier épisode est en soi assez intéressant. Il prend le parti pris de se concentrer sur l'entretien entre Tapie et le procureur qui l'a condamné. C'est une longue scène, filmée comme un interrogatoire qui visuellement a quelque chose de prenant.

Il n'y a pas d'artifices, juste deux personnages qui échangent l'un avec l'autre. C'est dans ce genre de moments plus intimistes que la série fonctionne le mieux dans sa seconde partie. Notamment dans la relation entre Tapie et son père qui s'avère complexe mais attachante. La vie de Tapie a été excessive, complexe, spectaculaire mais Tapie ne lui rend pas forcément hommage. Je suis donc un peu septique quant au résultat final. C'est sympathique par moment, assez efficace à d'autres mais cela manque d'un ingrédient quelque part qui aurait pu faire de cette mini-série quelque chose de véritablement fou.

Note : 5/10. En bref, c'est pas aussi fulgurant que la personnalité de Tapie et la seconde partie de la mini-série laisse le récit s'étioler.

Disponible sur Netflix