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Industrie : la clé c’est l’énergie !

Publié le 25 septembre 2023 par Toulouseweb
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Industrie : la clé c’est l’énergie ! nous dit le DG de SAFRAN

23 septembre 2023

Pendant quelques siècles, les dirigeants éclairés des nations qui en avaient les moyens et la capacité ont développé des sources d’énergie qui ont permis en cascade de développer les industries. C’est ainsi qu’est né le monde moderne. Passant de la bougie au charbon et au gaz, on a éclairé les villes et le Petit Prince de Saint Exupéry a pu deviser avec l’allumeur de réverbères. La sidérurgie a changé d’échelle, l’électricité a succédé au gaz pour la lumière, les barrages ont autorisé la production d’électricité en plus grande quantité, et le monde électrique a façonné les vies de nos grands parents, puis les nôtres, autorisant le téléphone, le cinéma, la télévision, le train électrique, les machines, la conquête des Airs et de l’Espace, le numérique, et toute une industrie et une vie que l’on n’avait jamais osé imaginer.

Tout progrès a ses revers, certes, mais toutes les sciences ont amélioré la vie des hommes qui pouvaient profiter des progrès, et si l’on critique le monde moderne, qui, rêve d’une fin du Monde qui nous mènerait à l’âge de pierre? Pourtant, des signes de déclin apparaissent ça et là dans le monde occidental riche et moderne. Les déséquilibres politiques, les guerres et les combats écologiques à marche forcée créent des blocages dont les conséquences commencent à se faire douloureusement sentir.

Vendredi 22 septembre, un grand patron d’industrie, le Directeur Général du Groupe SAFRAN,l’un des quatre grands motoristes mondiaux, affirmait devant les journalistes de l’AJPAE, l’association de la Presse Aéronautique et de l’Espace, qu’il renonce à développer en France (et en Europe) une nouvelle usine de disques de freins carbone pour l’aviation (SAFRAN est leader mondial) car « l’énergie, soit l’électricité, y est désormais trop rare, trop chère et pas assez verte ! » Ainsi l’usine envisagée à Feyzin, près de Lyon ne verra pas le jour.

Terrible renoncement. Trois sites industriels de SAFRAN produisent et entretiennent actuellement les disques de frein carbone aviation : une à Villeurbanne, une aux USA à Twinsburg dans l’Ohio, et une à Sendayan, près de Kuala Lumpur en Malaisie. Ce sont ces deux dernières qui devraient assurer après 2025 la montée en puissance de la production. « La clé c’est l’énergie » a déclaré Olivier Andries. « Elle représente 40% de notre coût de production ! L’explosion du prix de l’énergie en Europe, multipliée par 5 (cinq) en France entre 2019 et 2023, (guerre en Ukraine et mesures liées à l’environnement), nous interdit, en plus, de parvenir à réduire notre empreinte carbone de 50%, comme nous nous y sommes engagés. Aux USA, au Canada, en Asie, les prix sont restés stables, et nous pourrons nous procurer de l’électricité décarbonée selon nos besoins ». Et il a ajouté, « notre besoin est dans la durée. Pour investir des centaines de millions nous devons être assurés pendant au moins 10 ans de disposer à prix stables de l’énergie dont nous avons besoin ». Dix ans ! (En Europe, les prix ont fluctué de 300€ à 1300/€ le MW/h, pour de l’électricité non verte, contre 45€ actuellement aux USA et au Canada, avec des contrats long terme !). Et il fustige « l’indexation du prix de l’électricité sur celui du gaz, selon les règles européennes, non contestées par la France à ce jour, et qui amène le prix de l’électricité nucléaire et verte française, au prix du gaz fossile » acheté à prix d’or », (y compris aux USA) !

Dans le contexte industriel d’aujourd’hui, comment ne pas comprendre le désarroi des chefs d’entreprise. C’est la reprise. Le trafic aérien mondial a quasiment retrouvé son niveau de 2019 et 2024 sera à coup sûr une authentique année de croissance, n’en déplaise aux détracteurs de l’aviation. Les passagers sont là, plus que jamais, et l’aviation fait, comme promis, des efforts magnifiques pour se décarboner et tenir ses promesses pour 2050. Alors on remplace les avions anciens par de nouveaux, plus propres et moins bruyants. Aussi et même plus sûrs. Les avionneurs font grimper les cadences, handicapés par le manque d’employés et de matière premières. On développe à grand frais des unités de production de SAF*, le carburant non fossile que les moteurs d’aviation acceptent. Avec eux, forte réduction des rejets, plus d’usage de carburants fossiles, déjà à 50% et bientôt à 100% dans  les réservoirs des avions. On améliore les procédures, le contrôle du ciel, etc.….. Le monde aéronautique, qui garde la sécurité en priorité,  est mobilisé pour tenir ses objectifs environnementaux. Mais, il doit faire feu de tout bois. Choisir les meilleures voies pour y parvenir, sans que l’économie vitale de cette industrie du transport aérien mondial s’effondre dans l’effort. Elle doit réussir.

Et les aides d’état à certains secteurs ne compensent pas, de très loin les dégâts provoqués par les multiples contraintes et taxes qui sont imposées sans cesse à l’aviation. Ainsi, des usines risquent de ne pas voir le jour ou de s’en aller, et il n’y a pas, et de loin, que le seul secteur aérospatial qui est concerné. Il faudrait s’en préoccuper pendant qu’il est peut-être encore temps ! C’est trop triste d’entendre certaines vérités ! Michel Polacco pour AeroMorning

*SAF : Sustainable Aviation Fuel. Carburant de substitution..

Liens :

https://mesinfos.fr/69320-feyzin/a-feyzin-un-village-eco-circulaire-remplacera-le-projet-dinstallation-de-safran-183948.html

https://aviation.totalenergies.com/fr/carburants-et-services-aviation/carburant-aviation-durable

https://www.icao.int/Newsroom/Pages/FR/Air-traffic-recovery-is-fastapproaching-prepandemic-levels.aspx


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