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RED-S ou les effets dramatiques d’une trop faible disponibilité énergétique

Publié le 01 octobre 2023 par Santelog @santelog
Dans l’univers du sport, sa prévalence est estimée de 15 % à 80 %. Le « RED-S » pour déficit énergétique relatif dans le sport (ou DERS) est caractérisé par un décalage entre les apports et les dépenses caloriques (Visuel Adobe Stock 603916095)Dans l’univers du sport, sa prévalence est estimée de 15 % à 80 %. Le « RED-S » pour déficit énergétique relatif dans le sport (ou DERS) est caractérisé par un décalage entre les apports et les dépenses caloriques (Visuel Adobe Stock 603916095)

Dans l’univers du sport, sa prévalence est estimée de 15 % à 80 %. Le « RED-S » pour déficit énergétique relatif dans le sport (ou DERS) est caractérisé par un décalage entre les apports et les dépenses caloriques. Ce déficit qui expose de nombreux sportifs à de nombreux risques pour la santé, avec un ensemble de symptômes connus, mais rarement regroupés sous un même syndrome.

Ce déséquilibre entre l’énergie consommée et dépensée ne touche pas que les athlètes, les dépenses énergétiques pouvant être induites non seulement par les entraînements, mais aussi des activités de la vie quotidienne ou …par la croissance. Ce déséquilibre amène le corps à puiser dans ses réserves, le métabolisme se met alors en mode « économie d’énergie » et modifie son fonctionnement habituel via un dérèglement hormonal. Le syndrome affecte alors plusieurs systèmes et fonctions du corps- au-delà des performances sportives.

Un syndrome fréquent et pourtant largement négligé

En effet, le syndrome reste souvent méconnu des athlètes ou sportifs eux-mêmes, de leurs entraîneurs et des membres de l’équipe, et peut involontairement être exacerbé par la poursuite d’objectifs de performance. Reconnu pour la première fois comme une condition spécifique par le Comité international des Jeux Olympiques (CIO) dans une déclaration de consensus de 2014, ce consensus fait aujourd’hui l’objet d’une actualisation, basée sur une meilleure connaissance et reconnaissance du syndrome et dans le but d’optimiser la santé, le bien-être psychologique et la performance des athlètes et plus largement des sportifs.

De nouvelles preuves ont été publiées, sur différentes thématiques :

  • le rôle émergent d’un apport insuffisant en glucides ;
  • le chevauchement entre les RED-S et le syndrome de surentraînement ;
  • l’évolution ou développement des RED-S ;
  • l’interaction entre santé mentale et RED-S ;
  • compréhension du syndrome chez les athlètes masculins et para-athlètes.

La recherche propose des directives cliniques pratiques à la fois pour évaluer le déficit calorique persistant et pour évaluer, de manière précise la composition corporelle. Elle redéfinit le déficit dans la quantité d’énergie disponible nécessaire pour maintenir une santé et des performances sportives optimales ou

« faible disponibilité énergétique » (LEA).

Quelle capacité d’adaptation ? À court terme, le corps est capable de s’adapter à un déficit énergétique mais il n’est pas capable de faire face à un déficit important, prolongé et fréquent qui conduit aux RED-S. L’âge (croissance), le sexe, les gènes, certains facteurs environnementaux et comportements peuvent en aggraver ou atténuer les effets : le corps peut être contraint de détourner l’énergie des processus impliqués dans la croissance, la reproduction et l’entretien cellulaire.

Quels effets sur la santé ?

  • troubles hormonaux, arrêt des règles, dysfonction érectile, baisse de libido ;
  • perte de densité osseuse, susceptibilité aux fractures de stress ;
  • douleurs abdominales, crampes, ballonnements ;
  • métabolisme énergétique altéré ;
  • faible teneur en fer, anémie, capacité insuffisante des globules rouges à transporter l’oxygène (hémoglobine) ;
  • incontinence urinaire ;
  • altération du métabolisme du glucose et des lipides sanguins ;
  • dépression, dépendance à l’exercice, troubles de l’alimentation ;
  • performances cognitives altérées, notamment la mémoire, la prise de décision, la conscience spatiale ;
  • troubles du sommeil ;
  • anomalies du rythme cardiaque et du flux sanguin ;
  • baisse de la fonction musculaire ;
  • troubles de la croissance et du développement chez les plus jeunes ;
  • baisse et altération de l’immunité.
  • Les performances sont également affectées par :
  • une disponibilité réduite pour l’entraînement et la compétition en raison d’une blessure/symptôme ou maladie ;
  • un temps de récupération plus long ;    
  • un temps de réaction ralenti ;
  • une baisse de motivation réduite, des troubles de l’humeur ;
  • une baisse globale de la force musculaire, de la capacité d’endurance, et finalement de la performance.

Des avancées scientifiques ?

  • Sur les apports en glucides : de récentes recherches montrent qu’une faible disponibilité en glucides accélère le développement des RED-S car elle est associée à une mauvaise santé osseuse, à une immunité réduite et à un appauvrissement en fer ;
  • sur le chevauchement avec le syndrome de surentraînement : Il existe un chevauchement considérable entre les symptômes des RED-S et le syndrome de surentraînement. Le sportif ne récupère plus après un entraînement intense et répétitif, et éprouve des symptômes comme la fatigue, une baisse de performance et une susceptibilité plus élevée aux blessures. Ce chevauchement souligne l’importance de corriger ce déficit énergétique et/ou une faible disponibilité en glucides avant de diagnostiquer le syndrome de surentraînement ;
  • sur le développement des RED-S : les preuves continuent d’émerger, avec des études plus nombreuses. Cependant des recherches plus approfondies restent nécessaires, l’évolution des RED-S dans le temps pouvant différer considérablement entre les sexes ainsi qu’en fonction de la gravité et de la durée de la LEA.
  • sur la santé mentale : les LEA, intentionnelles ou non, à court terme peuvent améliorer les performances, avec dans de nombreux cas « l’approbation de l’entraîneur » cependant ces résultats « positifs » à court terme rendent ensuite plus difficile la reconnaissance et le diagnostic des RED-S ;
  • les troubles du comportement alimentaire (TCA) apparaissent relativement courants chez certains athlètes, notamment en raison des pressions des réseaux sociaux, de l’entourage parfois, et de la croyance qu’un physique/poids/apparence spécifique permettront d’améliorer les performances…Cependant, les mécanismes liés au RED-S et sous-jacents aux troubles de la santé mentale et aux TCA restent à préciser par de prochaines recherches.

Les sportifs masculins plus fortement touchés

Si seulement 20 % des recherches sur le sujet ont inclus des sportifs masculins, il semble que le seuil d’énergie disponible avant l’apparition des symptômes des RED-S soit inférieur à celui proposé pour les athlètes féminines. Avec également

des signes cliniques spécifiques aux hommes, dont une baisse de libido et une dysfonction érectile,

2 symptômes identifiés comme des conséquences physiologiques possible d’une LEA problématique.

Quelle prévention possible ? Il n’existe tout simplement pas suffisamment de preuves solides sur les moyens les plus efficaces de sensibiliser et d’éduquer (ETP) les athlètes, les entraîneurs, les parents et les équipes de professionnels de santé. Mais une fois le diagnostic posé, les recherches existantes sur la restauration de la disponibilité énergétique suggèrent que les interventions diététiques sont les plus efficaces. Les experts recommandent en particulier une approche pluridisciplinaire pour un rétablissement réussi, incluant le médecin du sport, un nutritionniste, un psychologue, voire un kinésithérapeute…ainsi que l’entraîneur et la famille. Enfin, l’identification précoce du RED-S et des interventions rapides sont prioritaires.

De nouvelles recherches devront être lancées sur la relation extrêmement complexe entre la complexité de la relation entre la faible disponibilité énergétique (LEA) et le RED-S.

L’auteur principal et membre du groupe des Jeux du CIO, le professeur Margo Mountjoy, conclut ainsi :  » Les RED-S sont courants chez les athlètes masculins et féminins dans de nombreux sports, et bien que notre compréhension progresse, la conscience du syndrome et de ses conséquences sur la santé et la performance reste encore modeste chez les sportifs, et a fortiori au sein du grand public « .

Source: British Journal of Sports Medicine 26 Sept, 2023 DOI: 10.1136/bjsports-2023-106994 2023 International Olympic Committee’s (IOC) consensus statement on Relative Energy Deficiency in Sport (REDs)

Équipe de rédaction SantélogOct 1, 2023Équipe de rédaction Santélog

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